A 80 ans, il vend la production de ses abeilles noires sur le plus grand marché de l’Orne

A 80 ans, il vend la production de ses abeilles noires sur le plus grand marché de l’Orne
A 80 ans, il vend la production de ses abeilles noires sur le plus grand marché de l’Orne

Par

Jeanne MORCELLET

Publié le

12 novembre 2024 à 8h46

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Georges Clary est grand, élégant, alerte. On pourrait le prendre pour un de ces comédiens américains des années 60, une sorte de James Stewart ou Gary Cooper.

Un homme avec une certaine allure et une grande stature, une forme de classe et de nonchalance.

Depuis une dizaine d’années il vient vendre ses produits au marché de L’Aigle (Orne).

Maintenant installé dans la rue René Vivien à côté du stand de son ami, entouré de vêtements et de sacs, il porte un petit stand vendant du miel.

“J’en avais peur quand j’étais enfant”

« Je fabrique deux sortes de miel, le miel de printemps et le miel de mai », explique l’apiculteur amateur. Il a toujours rencontré les abeilles quand il était petit.

«Mes parents possédaient des ruches, une bonne cinquantaine, ah oui, presque 70 je crois.»

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Mais les abeilles ne l’attirent pas du tout, car elles… piquent !

J’en avais peur quand j’étais enfant. Je ne m’en suis pas approché. Je ne sais pas ce que mes parents faisaient avec le miel, ça ne m’intéressait pas, ils l’ont probablement vendu, je ne m’en souviens pas

Georges

Lait et céréales

Ses parents ont élevé vaches laitières, moutons, porcs Aussi. C’est une vraie ferme et Georges adore ça. Devenu adulte, il devient agriculteur, il produit du lait et des céréales, en partie pour nourrir ses animaux, en partie pour les vendre.

Les abeilles vivent leur vie et lui la sienne. Ils ne se rencontrent pas.

Un beau jour, il y a une bonne dizaine d’années, il dut déloger un essaim qui venait de s’installer dans un perchoir.

“Je devais le récupérer, je n’avais pas le choix.” Il emprunte à un voisin une tenue d’apiculteur et une ruche pour rucher les grappes.

Un essaim tombant du ciel

Il ne le sait pas encore, mais une nouvelle vie commence. Bientôt, il devint fier de l’apiculture.

Cela commence par cet essaim tombant du ciel et il multiplie ses ruches.

Comme ses parents, comme beaucoup d’amateurs, il possède des abeilles noires, abeilles locales.

« Ils disent qu’ils sont plus agressifs que d’autres, ceux que les professionnels utilisent et qui viennent de l’étranger, mais en fait, ça dépend, je n’en suis pas sûr. Tout dépend de la manière dont on s’y prend, à quelle période de l’année et du jour » défend M. Apis mellifera mellifera.

La perle noire

L’abeille noire, cette perle noire, plus rustique, robuste et résistante que l’Apis mellifera comme l’abeille Buckfast par exemple, assure une pollinisation plus constante, plus régulière et plus variée.

Elle bénéficie d’une longue durée de vie et nécessite moins d’entretien que l’abeille conçue par les éleveurs d’Allemagne, d’Irlande, du Royaume-Uni, de et d’ailleurs.

Il résiste bien aux maladies et s’adapte à son biotope.

Il fait partie du paysage normand

Mais elle produit moins de miel que la Buckfast, souvent appelée l’abeille des apiculteurs, autrement dit des professionnels. Car pour être apiculteur professionnel, il faut avoir au minimum 200 ruchés.

Et Georges ne s’en occupe qu’une quinzaine.

En tout cas, il ne voit qu’à travers l’abeille noire, l’abeille locale, celle qu’il faut protéger et qui fait depuis très longtemps partie intégrante du paysage normand. Son rucher ne bouge pas.

Je peux voir mes abeilles depuis chez moi

Georges

Comme tout le monde, il craint les vols qui se multiplient, alors savoir qu’ils sont sous sa protection et son contrôle le rassure évidemment.

“Je ne peux récolter que deux miels”

Georges ne transhume pas ses ruches. Il ne veut pas faire des miels d’exception, juste du vrai, du bon miel de chez lui, des environs.

Vous savez, une abeille vole et ramasse des fleurs de miel à 3 km de chez elle, donc chez moi, je ne peux récolter que deux sortes de miel

Georges

Le premier, chérie colza, pissenlit et pommiertrès blanc et crémeux au possible.

Et le deuxième, chérie fleurs sauvages, prairies, mûres, châtaigniers, trèfles et un peu d’acaciaun miel plus foncé avec des nuances toujours différentes chaque année en fonction des fleurs récoltées.

Six à sept essaims artificiels

En tout cas, il exerce ce hobby-travail-passion pour le plaisir.

Chaque année, « je crée six à sept essaims artificiels pour renouveler mon cheptel en cas de pertes.

Bien sûr, il s’assure alimentation de ses abeilles dès qu’elles ont faim.

Il dit qu’il sait le faire parce qu’il l’a toujours vu faire, sans y prêter attention, mais il a adopté les gestes familiers sans même s’en apercevoir.

Les coquelicots et les bleuets sont finis

Même s’il admet que « c’est beaucoup plus difficile aujourd’hui que par le passé. Avant, il n’y avait rien à faire. Mais aujourd’hui, nous devons être beaucoup plus impliqués et attentionnés. Les champs ne sont plus remplis de coquelicots et de bleuets comme avant. »

Autrefois, ça se passait bien, il y avait des prairies permanentes. Désormais, les abeilles survolent les champs de blé sans rien à manger, pas une seule fleur sauvage.

Georges Clary

Le citoyen de Beaufai (Orne) est un homme actif et courageux, à l’image de ses abeilles.

« Dans la vie, il faut rester occupé et ne pas rester assis à ne rien faire. »

Alors à 80 ans, Georges Clarys a encore un avenir et des promesses de printemps et de miel.

Sans compter que le marché lui permet de voir le monde, déjà à partir d’un seul. Je vis seule et isolée, donc les abeilles sont désormais mes seuls animaux.

Le marché lui offre l’opportunité de proposer aux vacanciers et aux clients réguliers les bienfaits et les saveurs du vrai miel, 100% produit par les abeilles.

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