« Les gens ont eu peur, Darmanin a gagné »

« Les gens ont eu peur, Darmanin a gagné »
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Sur le camp des opposants au projet d’autoroute A69 reliant Toulouse à Castres, près de Puylaurens (Tarn), le 8 juin 2024. ED JONES / AFP

Interdit avant même le dépôt d’une demande d’autorisation, le troisième grand rassemblement d’opposition à l’A69, baptisé « Roue libre », a rassemblé moins de personnes que les précédents, samedi 8 juin à Puylaurens (Tarn). : 6 000 personnes selon les organisateurs ; « 2 500 à 3 000 » au camp de base à midi, selon les préfectures, dont “1 600” ont participé aux processions de l’après-midi. Ils étaient entre 5 000 et 10 000 en octobre 2023 pour « Ramdam sur le macadam », et entre 4 500 et 8 200 en avril 2023 pour « Sortie de route », première mobilisation d’ampleur contre le projet d’autoroute reliant Castres à Toulouse, prévu pour 2025.

Difficile de ne pas faire le lien entre cette mobilisation en baisse et la stratégie du gouvernement : mardi, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé devant l’Assemblée nationale avoir demandé au préfet du Tarn d’interdire “cette nouvelle manifestation qui s’annonce extrêmement violente”.

Le préfet, Michel Vilbois, avait largement communiqué sur le nombre de personnes contrôlées (1 523, “dont dix fichiers S”), des véhicules inspectés (1 049), ou des objets mis de côté avant l’assemblage (148, dont « planches à clous, couteaux de toutes tailles, haches, sécateurs, frondes, catapultes »). Depuis le début de la semaine, la police était déployée autour du camp, et dans les dix-sept communes situées le long du tracé du projet d’autoroute contesté. Des amendes de 135 euros avaient été promises à quiconque défierait l’interdiction. Samedi, 1 600 gendarmes et policiers étaient mobilisés.

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« Les gens avaient peur, Darmanin a gagnéa regretté Camille (le prénom a été modifié), une journaliste trentenaire venue manifester samedi. Le préfet a dit aux bonnes gens de rester chez eux, les bonnes gens sont restés chez eux. » « Avec le battage médiatique de notre ministre de l’Intérieur, la peur régnait sur cette manifestation »a constaté Aline, membre de l’association La Voie est libre, organisatrice avec d’autres de ce rassemblement, qui n’a pourtant pas été totalement parasité par la question sécuritaire.

Avant le « démonstration d’action » Dans l’après-midi, la matinée du samedi s’est déroulée au rythme des prises de parole de nombreux opposants à l’A69 représentant notamment La Voie est Libre, Les Soulèvements de la Terre, Extinction Rebellion et la Confédération Paysanne.

«Pas de tarmac!» »

« L’heure n’est pas à l’artificialisation des terres, mais à l’installation de plus d’agriculteurs, alors que le gouvernement nous parle de souveraineté agricole et que nous importons 60% des fruits et légumes que nous consommons »dit l’un d’eux. « Les travaux n’avancent pas comme Atosca [le concessionnaire de l’A69] l’affirme. Quand ils disent « le travail est trop avancé, on ne peut pas revenir en arrière », c’est faux »continua un autre. « Aujourd’hui, nous sommes au bord de l’effondrement parce que personne ne nous écoute », a déclaré un troisième. Un quatrième: « Si nous devons passer à l’illégalité, nous le ferons volontiers parce que nous sommes légitimes, nous sommes du bon côté de l’histoire. Tant que nous serons là, l’A69 ne passera pas. Pas de tarmac ! »

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