EEn entrant dans le cimetière de Nieul-sur-Mer, il se dresse au milieu des tombes. Le visiteur ne peut manquer le cénotaphe érigé en l’honneur de Clément Alexis Barbarin, mort pour la France le 27 avril 1915, même si le passage du temps efface peu à peu les inscriptions et les souvenirs. Ce monument funéraire a été érigé par le père du jeune homme de 23 ans qui a péri en mer comme 683 de ses camarades. Inconsolable, cet habitant de Nieul-sur-Mer, peintre de métier, montre à travers le soin apporté à l’édifice, toute la douleur que lui cause la disparition de son fils.
Ce cénotaphe, que l’on pourrait comparer à un monument aux morts avec sa forme classique d’obélisque, présente un détail exceptionnel : la reproduction sculptée dans la pierre, dans les moindres détails, du cuirassé « Léon Gambetta » en train de couler. C’est sur ce navire de guerre que Clément Alexis Barbarin a perdu la vie sur un front un peu oublié de la Première Guerre mondiale, en mer Adriatique. Christophe Bertaud, adjoint au maire de La Rochelle et passionné d’histoire, s’y est intéressé.
Front Adriatique oublié
« C’est un monument unique. La réplique est fidèle, on voit le canon, le drapeau français flotter… » L’épitaphe retint son attention : « En mémoire d’une victime de corruption, Clément Alexis Barbarin, quartier-maître canonnier, est mort au champ d’honneur dans le torpillage du cuirassé. croiseur « Léon-Gambetta » le 26 avril 1915 (il y a une erreur sur la date, NDLR) à minuit trente (mer Adriatique), 1892-1915. » « Pourquoi la corruption ? Peut-être parce que beaucoup pensaient que la guerre était menée entre de grandes puissances pour des raisons économiques. »
L’élu s’est ensuite penché sur l’histoire du “Léon-Gambetta” où ont péri une dizaine de Charentais-Maritimes. « La Première Guerre mondiale n’était pas seulement une guerre de tranchées. Les soldats français ne sont pas que des poilus. Il existe également de nombreux marins qui ont combattu en mer dans les eaux de l’Atlantique et de la Méditerranée. Au printemps 1915, la France subit ses deux premières catastrophes maritimes en mer avec la perte en l’espace d’un mois de deux de ses navires militaires : « Le Bouvet » coulé dans les Dardanelles, et le « Léon-Gambetta » torpillé par un Sous-marin allemand à l’entrée du canal d’Otrante laissant 684 disparus et 137 survivants. »
Un monument « remarquable »
Clément Alexis Barbarin s’est engagé volontairement pour cinq ans à Rochefort. Ce n’était pas un marin qualifié. Le destin le conduit au « Léon-Gambetta ». « Ces événements furent très vite oubliés car dès le 7 mai 1915, toute l’attention se tourna vers le paquebot transatlantique britannique « Lusitania » coulé par un sous-marin allemand au large de l’Irlande avec plus de 1 200 passagers (dont 200 Américains), ce qui va changer la position de neutralité des Américains. »
Le corps de Clément Alexis Barbarin n’a jamais été retrouvé. Le cénotaphe était alors utilisé par la famille Barbarin pour enterrer leurs morts. « C’est un monument remarquable qui doit être préservé. »