Il était une fois, il y a 15 000 ans, dans une région du nord-est du Maroc, des hommes et des femmes qui savaient pimenter leurs rituels funéraires. Et non, il ne s’agissait pas uniquement de musique d’ambiance ou de guirlandes de plumes d’autruche.
L’éphédra (en arabe عنب البحر), cette plante aux vertus stimulantes et à la réputation très controversée, était l’invitée d’honneur des funérailles préhistoriques. De 2005 à 2015, des archéologues en quête de sensations fortes ont exhumé des squelettes dans la grotte de Taforalt, au nord-est du Maroc. Des corps d’adultes et d’enfants gisaient là, figés dans le temps, prêts à se battre contre l’éternité.
Mais le point culminant du spectacle, cela dépend, résidait dans les restes carbonisés de plantes, dont l’éphédra. Une plante qui était alors utilisée non pas pour ses dons en rhumatologie, mais pour ses propriétés énergisantes, histoire de démarrer l’au-delà du bon pied. À cette époque, l’éphédra était le Red Bull des chasseurs-cueilleurs – sans canette ni publicité flashy.
Ses cônes charnus, qui ne guérissaient pas seulement l’asthme et le rhume, constituaient la cerise sur le gâteau funéraire. « Vasoconstricteur » éprouvé, il aurait contribué à contrôler les saignements lors des réparations humaines préhistoriques (traduction : chirurgie de fortune). Une plante miraculeuse qui, ironiquement, a failli envoyer prématurément certains contemporains sous terre.
Les revers modernes de l’éphédra
De nos jours, l’éphédra a perdu de son prestige. Passée de potion divine à substance interdite, elle est interdite dans plusieurs pays. Les Nord-Américains, qui l’avaient adopté dans leurs cocktails minceur, ont dû en déchanter. Ajoutez une pincée de caféine et vous obtenez le mélange explosif que les accros du gym adorent. Jusqu’à ce qu’un malheureux incident – en l’occurrence la mort d’un jeune footballeur en 2023 – rappelle à tous que les plantes miracles peuvent avoir un épilogue désastreux.
De ses heures de gloire rituelles à ses batailles juridiques contemporaines, l’éphédra a traversé les époques, préservant son aura mystérieuse. Autrefois, elle accompagnait les défunts sur le chemin du repos éternel. Aujourd’hui, il symbolise une guerre perdue contre les excès modernes. Cruelle ironie pour une plante qui ouvrait autrefois la porte du ciel, et qui aujourd’hui frappe prématurément à cette même porte.