De la place Cassanyes à la place du Puig, ce dimanche après-midi de novembre, la communauté gitane catalane endeuillée de Perpignan s’est rassemblée pour accompagner la famille de Samuel, 22 ans, abattu par un tireur en fuite dans la nuit de vendredi à samedi. Une enquête pour meurtre a été confiée à la police de Perpignan.
Deux jours après le drame qui a frappé la communauté gitane catalane de Perpignan, Saint-Jacques oscille entre émotion, chagrin et colère. Rue d’en Calce, perpendiculaire à la place du Puig, ce dimanche 10 novembre 2024, une barrière en fer empêche les personnes indésirables d’accéder à la ruelle. C’est ici qu’habitait Samuel, 22 ans, abattu hier soir, de vendredi à samedi, après un concert de flamenco donné dans un bar de nuit du Polygone Nord, à Perpignan.
Samuel, qui aurait dû fêter ses 23 ans dans quelques jours, vivait au cœur de Saint-Jacques où il est né, avec sa compagne et leur fille de 3 ans. Fils de Gloria et Vicente, il avait deux autres frères, un aîné, un cadet et une sœur cadette. Ainsi que de nombreux neveux, cousins, oncles, tantes et amis unis dans le chagrin. Tous pétrifiés par la mort brutale du jeune père. « Un garçon gentil, timide et réservé, aimé de tout le quartier. Il était grand, mince, il n’aurait jamais fait de mal à personne. »témoigne Philippe, son oncle.
Un bon garçon, timide, passionné de combats de coqs
Samedi matin, c’est un cousin qui a annoncé la triste nouvelle à la communauté. Sortant vendredi soir avec Samuel et un ami pour écouter des chansons de flamenco, il a été témoin du meurtre, impuissant. Dès le matin, des chaises, prêtées par les églises Saint-Jacques, bordaient déjà la rue d’En Calce pour permettre aux anciens de méditer jour et nuit. Autour d’eux, des jeunes, tout de noir vêtus, accompagnent de leur présence affectueuse la famille endeuillée. Alors que Philippe n’a pas encore trouvé le courage d’annoncer à son frère prosterné que le corps de son fils Samuel avait été transféré à Montpellier pour y être autopsié. “Je lui ai dit qu’il était décédé et qu’il était à l’hôpital de Perpignan. J’ai du mal à y croire moi-même.il désespère. « Ce n’est pas comme s’il était malade ete la science n’a rien pu faire, non Samuel a été tué comme un chien”pleure un autre proche. « Il a été assassiné gratuitement, pour rien » ajoute Nick Gimenez, le médiateur de la communauté gitane catalane. Un sage qui a connu Samuel bébé, l’a vu grandir, s’épanouir en père et garde de lui l’image d’un “bon garçon”.
Passionné de coq aussi. « Il les a achetés en Espagne et a participé à des combats. C’était son plaisir »poursuit Philippe, dévasté, accueillant familiers et inconnus arrivés par dizaines ce dimanche de toute l’Occitanie pour apporter leur soutien. Et implorer la justice, comme Nick Gimenez s’apprête à le faire officiellement, de ne pas restituer à sa famille un cercueil scellé et fermé une fois l’autopsie pratiquée. “Il est essentiel pour nous de récupérer le corps de Samuel, si possible rapidement, et surtout de pouvoir regarder sa dépouille pour lui dire au revoir. En attendant, chaque jour, les curés de Saint-Jacques appellent la communauté au rassemblement «pour prier Samuel et le ressusciter.»