Laila Benali rattrape les erreurs de ses prédécesseurs

Laila Benali rattrape les erreurs de ses prédécesseurs
Laila Benali rattrape les erreurs de ses prédécesseurs

Depuis que le régime algérien a cessé d’approvisionner le Maroc en gaz naturel, en vue de le mettre à genoux économiquement, la décision de construire un terminal GNL marocain, à l’image de celle prise par la ministre Laila Benali, était très attendue. Une garantie de sécurité énergétique !

Enfin ! Le Maroc envisage de lancer un appel d’offres au cours de l’été 2024 pour la construction d’un terminal flottant de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le port de Nador West Med. C’est ce qu’a déclaré Abdelghafour El Hadjaoui, chef du service de gestion des conventions et permis pétroliers et gaziers au ministère de la Transition énergétique et du Développement durable, vendredi 31 mai 2024, rapporte Reuters.

Le bouclage financier de ce mégaprojet est prévu pour 2025. Les travaux de construction, la mise en service et le démarrage des opérations commerciales sont prévus pour 2026, apprend-on de même Source. Le futur terminal méthanier sera connecté au gazoduc Maghreb-Europe qui permet au Maroc d’importer chaque année 0,5 milliard de mètres cubes de GNL depuis les terminaux espagnols, de quoi alimenter les deux centrales électriques de Tahaddart et d’Ain Béni Mathar pour la production d’électricité. Ce qui signifie que le gaz regazéifié actuellement traité dans les terminaux méthaniers espagnols sera traité, dans deux ans, dans le premier terminal méthanier marocain à Nador.

Une décision hautement stratégique et bénéfique à plus d’un titre, à mettre au crédit de la ministre Laila Benali. Mais, à vrai dire, cette décision a été considérablement retardée suite aux décisions irréfléchies de ses prédécesseurs à la tête de ce département ministériel. Depuis plusieurs années, le Maroc avait des projets liés à l’importation et au traitement du gaz naturel liquéfié, mais leur mise en œuvre a été, à chaque fois, suspendue. Les anciens ministres en charge du dossier ont dû reporter la décision à 2028 alors qu’il était prévu que la construction d’un terminal GNL se concrétise déjà en 2020. Une mauvaise décision, certes, car elle ne reposait pas sur la realpolitik. Bien avant la fin de l’année 2021, le régime algérien a régulièrement évoqué la menace d’une rupture du contrat le liant au Maroc et d’un arrêt de son approvisionnement en gaz naturel via le gazoduc Maghreb-Europe.

Alternatives d’approvisionnement
Jusqu’au 31 octobre 2021, le Maroc achetait à un prix préférentiel le gaz algérien transporté par ce gazoduc. Ce gaz alimentait les deux centrales électriques de Tahaddart et d’Ain Béni Mathar. Par ailleurs, le Royaume bénéficiait de droits de transit liés au passage sur son territoire du gaz algérien à destination de la péninsule ibérique, de l’Espagne et du Portugal. Suite à la décision algérienne d’arrêter définitivement l’activité du gazoduc Maghreb-Europe pour mettre son voisin de l’Est à genoux économiquement, les autorités marocaines ont dû rechercher des alternatives à court, moyen et long terme.

À court et moyen terme, la solution était incarnée par l’importation de gaz d’Espagne et par l’exploration gazière. Début décembre 2021, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) a signé une convention de 10 ans avec Sound Energy relative au rachat de la production de gaz extraite du bassin de Tendara à Figuif. L’excellence des relations politiques entre les deux royaumes, l’Espagne et le Maroc, a permis de sortir du piège.

Le 28 juin 2022, sept mois après la mise en pause de leurs activités, les centrales de Tahaddart et d’Ain Béni Mathar ont été remises en service après leur raccordement au GME fonctionnant en mode flux inversé. Le Royaume a ainsi pu assurer son approvisionnement en gaz naturel en concluant des contrats d’achat de gaz naturel liquéfié (GNL) sur le marché international et en utilisant les infrastructures gazières des opérateurs espagnols et le gazoduc Maghreb-Europe. Les premières livraisons de GNL, achetées par le Maroc et transportées par l’Espagne, provenaient des États-Unis.

Le Maroc ne s’est pas contenté de ce petit exploit pour se reposer sur ses lauriers. Il a multiplié les partenariats pour l’exploration de nouveaux gisements de gaz. Les premiers fruits de cette action commencent à mûrir. Ce n’est pas tout. Il a fallu rattraper la décision catastrophique de reporter sine die la construction des terminaux méthaniers marocains. D’où l’intérêt et l’importance de l’appel d’offres qui sera lancé à l’été 2024 par le département de Laila Benali pour la construction d’un terminal flottant de gaz naturel liquéfié (GNL) au port de Nador West Med.

Vers l’indépendance énergétique
Tout gaz importé par pipeline est sous forme gazeuse. Ce gaz naturel peut être transformé en un liquide, appelé gaz naturel liquéfié (GNL), dont l’avantage incontestable est de pouvoir être transporté et livré à destination dans des bateaux ou navires appelés « méthaniers ». Tout bien considéré, une décision comme celle de construire un terminal méthanier ne suffit pas à garantir une certaine indépendance. Un seul terminal ne peut garantir cette indépendance énergétique. Il va falloir désormais réfléchir à un ou deux autres terminaux pour constituer la réserve stratégique du pays.

Le Maroc se prépare à accueillir des investisseurs internationaux et des événements sportifs de haut niveau. Cela implique que le pays a d’impressionnants projets d’infrastructures et de superstructures en cours, soit en cours, soit à l’étude. Ces projets augmenteront la demande d’électricité et, par conséquent, de gaz naturel. Par ailleurs, compte tenu des perturbations géopolitiques actuelles, le pays devra se doter de ses propres méthaniers. Cela signifie qu’il est grand temps d’avoir une stratégie globale et une planification à moyen et long terme si nous voulons réussir le défi du développement.

 
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