Une liste de réalisations et de records. A 65 ans, Jean Le Cam est de retour pour une sixième participation au Vendée Globe, un record, qui s’élancera dimanche 10 novembre des Sables d’Olonne. Vingt ans après son premier tour Mondial de la voile, en solitaire, sans escale ni assistance, Jean Le Cam s’est fait plus qu’un nom dans le monde de la course au large avec quatre Vendée Globes réalisés sur cinq, et toujours dans le top 10. Ses meilleures dates de performance Retour à l’édition 2004-2005, où il avait terminé deuxième après 87 jours de course, derrière Vincent Riou, avec seulement sept heures d’écart. Un CV connu de tous, à tel point qu’aux Sables d’Olonne, le skipper ne peut pas parcourir 10 mètres sans être stoppé par la foule.
Il n’en retire cependant aucune satisfaction : “ça ne fait pas grand chose, il répond humblement quelques jours avant le départ. C’est une édition de plus», sourit le skipper de l’Imoca. Tout commence dans le Finistère-Armor-Lux. Pour sa sixième titularisation consécutive, le premier objectif de Jean Le Cam est de “pour finir” cette course au large avant de penser au classement. Dans cette optique, il a donc choisi de se concentrer sur un bateau à dérives, et non à foils (qui vont plus vite), conçu par ses soins. Un choix fort, alors que plus de la moitié de la flotte a opté pour le foil.
Mais surtout, cette décision reste fidèle aux valeurs du skipper. Alors que la recherche de performance va toujours plus loin, grâce aux avancées technologiques qui permettent d’augmenter la vitesse des bateaux, Jean Le Cam prône l’aventure humaine, essence même du Vendée Globe, avant la compétition. « Ce qui intéresse avant tout les gens, ce sont les histoires qu’on raconte, cette chose un peu inaccessible du skipper tout seul autour du monde. Que les bateaux fassent 35 ou 25 nœuds, le public s’en fiche», tranche « King Jean », fier de sa quatrième place il y a quatre ans avec son monocoque déjà à dérives, Yes We Cam.
“En plus, il continue, le record du Vendée Globe date de l’avant-dernière édition [Armel Le Cléac’h détenteur du record de l’épreuve en 74 jours en 2017]avec un delta de six jours. Nous pouvons l’expliquer de différentes manières, mais quand je dis : “est-ce un progrès ?”, cela ne plaît pas à tout le monde.» il rit. L’évolution des bateaux portée par la recherche de vitesse met de plus en plus en danger les skippers, selon lui. Les chocs sont “au carré de la vitesse, ce qui fait qu’à un moment donné, c’est l’être humain qui sera le fusible”, expose le navigateur.
« L’évolution est énorme, en technologie et en maîtrise du bateau. Nous allons vers un élitisme complet », explore plus en détail Jean Le Cam, qui voit la grande révolution technologique s’opérer pour la prochaine édition en 2028. « Sur les 40 places au départ, il y a déjà huit bateaux en construction. On peut estimer qu’il y aura dix bateaux neufs, il ne restera donc plus que 30 places. Entrer dans le système Vendée Globe n’est pas une option facile si l’on n’y est pas déjà, trouver un financement, construire un bateau, se qualifier, toutes ces étapes deviendront presque impossibles. il regrette.
Lui-même a déjà failli rater le départ de 2024 pour ces raisons. Sans l’aide du skipper Eric Bellion, qui disposait des fonds nécessaires pour entamer les études d’un nouveau bateau, Jean Le Cam serait resté à quai. Bien engagé dans cette dixième édition, le doyen de la course ne sait pas encore si cette participation sera sa dernière. En attendant, il souhaite savourer ce sixième départ avec le goût de l’aventure.