Ottawa dit ne pas disposer d’une liste « fiable » de députés qui ont aidé des États étrangers

Combien de députés collaborent avec des États étrangers ? Qui sont-ils? Quels partis représentent-ils ? Le ministre fédéral de la Sécurité publique et des Institutions démocratiques, Dominic LeBlanc, a balayé ces questions des députés conservateurs devant un comité parlementaire jeudi.

Il a insisté sur le fait que le gouvernement n’était pas en possession d’un liste de noms entièrement fiable des parlementaires qui auraient collaboré avec des acteurs étatiques étrangers.

L’idée selon laquelle il existerait une liste parfaite et totalement fiable de noms qui devraient être rendues publiques est tout simplement irresponsable.

Une citation de Dominic LeBlanc, ministre de la Sécurité publique et des Institutions démocratiques du Canada

Les députés conservateurs Frank Caputo et Michael Cooper ont suivi le ministre lors de son témoignage devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale (SECU), qui étudie le projet de loi C-70, proposé par le gouvernement libéral pour lutter contre l’ingérence étrangère.

Le projet de loi en question

Le texte législatif en question, présenté par le ministre LeBlanc au début du mois, vise notamment à créer de nouvelles infractions pour dissuader les acteurs de mener des activités d’ingérence au profit d’entités étrangères comme la Chine, la Russie ou l’Inde.

Le projet de loi permettrait également au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) de divulguer des informations sensibles au-delà des coulisses du gouvernement, ainsi que de créer un registre d’agents étrangers réclamé depuis longtemps par beaucoup, y compris les conservateurs.

Le projet de loi permettrait au Service canadien du renseignement de sécurité, dont on voit le directeur, David Vigneault, de créer un registre d’agents étrangers. (Photo d’archives)

Photo : - Canadienne / Sean Kilpatrick

L’audition de jeudi intervient trois jours après la publication d’un rapport d’une autre commission parlementaire, celle sur la sécurité nationale et le renseignement (CPSNR), qui affirme que certains députés ont commencé à aider sciemment acteurs étatiques étrangers peu de temps après leur élection, notamment en envoyant des informations confidentielles aux responsables indiens.

Le rapport classifié s’appuie notamment sur un corpus d’informations produites par les agences d’espionnage canadiennes montrant que des acteurs étrangers entretiennent des relations avec des députés et des sénateurs.

Il est important que les Canadiens comprennent que ces noms apparaissent dans les rapports des services de renseignement et que, dans certains cas, il s’agit d’informations non corroborées et non vérifiées.a précisé le ministre LeBlanc.

Il a également déclaré que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) dispose des moyens nécessaires pour enquêter sur ces cas d’ingérence étrangère et de porter plainte si cela est justifié.

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Les conservateurs ont déjà indiqué qu’ils voulaient travailler avec les libéraux pour adopter rapidement le projet de loi C-70. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada

Notre système est basé sur la démocratie et non sur la diffamation en prétendant qu’il existe une liste que le gouvernement refuse de divulguer.

Une citation de Dominic LeBlanc, ministre de la Sécurité publique et des Institutions démocratiques

Il est important de ne pas laisser l’impression qu’il y a parmi nous des députés qui ne sont pas soumis à l’application de la loi. Tout le monde est soumis aux forces de l’ordredit encore le ministre.

M. LeBlanc a également rappelé que le gouvernement fédéral avait invité les chefs des partis d’opposition à acquérir ce qu’on appelle l’habilitation de sécurité. très secret d’accéder à des documents d’information confidentiels, y compris le rapport du CPSNR.

Chefs de parti et habilitation de sécurité

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a déjà obtenu une habilitation de sécurité, mais pas le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, ni le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

Ces deux derniers ont justifié leur refus en affirmant que cela limiterait leur droit de s’exprimer et qu’ils seraient ainsi tenus de garder secret ce qu’ils avaient appris.

Interrogé sur cette question lors de son témoignage jeudi, le ministre Leblanc a affirmé qu’un tel accès privilégié permettrait aux chefs de partis politiques d’être mieux informés sur leur propre caucus et prendre les décisions nécessaires.

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Le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet a refusé d’obtenir une habilitation de sécurité, affirmant que cela limiterait son droit de s’exprimer. (Photo d’archives)

Photo : - Canadienne / Adrian Wyld

Dans un message publié sur la plateforme X, M. Blanchet a indiqué qu’il envisageait obtenir une accréditation de sécurité à des fins préventives pour s’assurer qu’aucun député du Bloc n’a collaboré avec des agents étrangers. Je suis convaincu qu’il n’y en a pas au Bloc, mais je peux nous l’assureril ajouta.

Marion Ringuette, porte-parole de M. Poilievre, a déclaré qu’il C’est au gouvernement d’agir, et cela commence par le Premier ministre [Justin Trudeau]. Les Canadiens méritent la vérité.

Pour une « adoption rapide » du projet de loi

Les conservateurs ont déjà déclaré qu’ils voulaient travailler avec les libéraux pour permettre adoption rapide du projet de loi C-70. Jeudi, le ministre LeBlanc et le ministre de la Justice Arif Virani ont tous deux déclaré qu’ils tout ce qui est dedans [leur] pouvoir adopter la nouvelle loi avant les prochaines élections fédérales, prévues en 2025.

Si le projet de loi est adopté, un fonctionnaire pourrait avoir le droit de divulguer des informations confidentiel si c’est dans l’intérêt public et si cet intérêt l’emporte clairement sur toute atteinte à la vie privée qui pourrait résulter de la divulgationa indiqué Sarah Estabrooks, directrice générale du département des politiques et des relations étrangères à SCRS.

Il s’agit d’une nouvelle disposition […] ce qui permettrait la divulgation d’informations pour renforcer la résilience face aux menaces à la sécurité du Canadaelle a ajouté. Cela n’existe pas actuellement, c’est dans ce projet de loi.

Craintes de la société civile

Les membres de la commission parlementaire devraient présenter des propositions d’amendements au projet de loi d’ici vendredi après-midi, en vue d’un examen article par article en début de semaine prochaine.

Dans une lettre envoyée jeudi à la commission, 14 organisations de la société civile, dont la Ligue des droits et libertés et Amnesty International, ont exprimé leur profondes inquiétudes quant au fait que les députés terminent leurs audiences sur le projet de loi après seulement environ une semaine.

Les organisations ont prévenu que l’étude parlementaire inhabituellement rapide du projet de loi C-70 pourrait aboutir à des lois boiteuses qui violeraient les droits fondamentaux des Canadiens.

Le ministre LeBlanc a également laissé entendre qu’il était ouvert à améliorer ce projet de loi ou en déposer d’autres l’hiver prochain.

Avec les informations de - Canadienne

 
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