«À la croisée des chemins sur la perception des infractions commises»

«À la croisée des chemins sur la perception des infractions commises»
«À la croisée des chemins sur la perception des infractions commises»

Engagé dans un théâtre d’opérations inédit pour lui, à savoir un procès public devant les juges du tribunal judiciaire de Dax, Patrick Vilhem est resté « droit dans le mille ». [ses] bottes”, ce jeudi 7 novembre 2024. Maire de Pouillon, l’ancien militaire et entrepreneur de 63 ans a marché sur un terrain miné pendant plus de quatorze heures d’audience, sans chercher à éviter le combat, ni à déserter le moindre instant. : « Je ne suis pas un méchant. Je suis en retard sur mon temps. »

« J’ai fait une erreur, je l’avoue. Mais, entre le phénomène de psychose que nous avons constaté et le processus médiatique qui s’est enclenché, nous sommes dans une tentative d’effacement de ma personne”, estime Patrick Vilhem. Restée silencieuse depuis sa mise en examen pour « deux baisers volés » à une femme qui avait dénoncé cette agression sexuelle il y a trois ans, puis mise en examen pour « 16 faits de harcèlement dont neuf retenus par la justice », cette stratégie de retrait s’est sûrement installée. en amont et de concert avec ses conseils, Me Jean Gonthier.

Ainsi, à entendre l’avocat de ce maire réélu en 2020, après avoir été investi en 2014 grâce au retrait de sa tête de liste, c’est l’opposition municipale du Pouillonnais qui aurait fomenté « un complot ». L’offensive aurait même bénéficié de renforts de la gauche socialiste landaise pour nommer « un DGS qui était une taupe envoyée en mission » et mener la révolte avec les agents de ce village du Pays d’Orthe et d’Arrigans, l’objectif final étant que « l’inéligibilité de Patrick Vilhem soit prononcée ».

Essai en rivière

Cette sanction pourrait en effet être prononcée jeudi 12 décembre prochain, à l’occasion du rendu du délibéré prononcé par Laure Vuitton, la présidente du tribunal judiciaire ayant instruit ce procès entre 9 heures et minuit passé. Cela deviendrait nécessaire lorsqu’un élu serait reconnu coupable d’agression sexuelle, comme l’expliquait Anne Kayanakis dans l’épilogue de ses réquisitions. L’« exécution provisoire » demandée serait alors appliquée, même dans le cas où Patrick Vilhem souhaiterait faire appel de sa condamnation.

Une peine de deux ans de prison assortie d’un sursis probatoire de deux ans a également été requise par le magistrat du parquet. « Nous sommes face à quelqu’un qui se comporte mal, commet des délits et nie le comportement offensant qu’il peut avoir envers ses victimes. » Aujourd’hui, il lui est interdit d’avoir des contacts avec ces neuf personnes, s’il est reconnu coupable il devra les indemniser. Dans ce cas, Patrick Vilhem devra également bénéficier d’une prise en charge psychologique.

Les « traits narcissiques » du personnage sont notamment apparus dès le début du procès, avec une matinée entière consacrée à l’étude de la personnalité de « cet ancien militaire, presque jusqu’à la caricature ». Laure Vuitton a de son côté critiqué sa « tendance à la victimisation ».

Audiard or Bigard?

« C’est un caduque mais pas un harceleur », plaide son avocat bordelais. Patrick Vilhem a la figure d’un aventurier digne de figurer dans un long métrage Audiard. Ses propos se rapprochent cependant plus souvent de ceux de Jean-Marie Bigard, comme le suggère M.e Frédéric Lonné, chargé de représenter les victimes du maire de Pouillon.

« Ce que vous appelez la libération de la parole s’est réalisé grâce à l’émulation entre ces femmes »

La trentaine de personnes interrogées lors de l’enquête ont permis à Anne Kayanakis de lire un florilège de propos libidineux tenus par le prévenu. Pour Patrick Vilhem, les femmes sont « baisables, pas baisables ou mal baisées ». Prêt à s’en prendre à l’avocat des parties civiles lorsqu’il évoque « l’humour de hussard et de corps de garde », l’ancien militaire qui a notamment participé à l’opération Daguet en Irak en a même ajouté quelques-uns à son palmarès lors de ses prises de parole.

« Ce que vous appelez la libération de la parole s’est réalisé grâce à l’émulation entre ces femmes », juge-t-il au début de l’affaire. Il est de l’école du “coq qui ne rentre pas dans le poulailler voisin”, mais rappelle que “le virus est passé sous la porte pour contaminer toute la basse-cour”.

Crime de l’époque

M.e Jean Gonthier lui-même a lancé une salve soutenue contre cette « pseudo-évolution des mœurs qui fracture la société ». Dans ce contexte, rappeler qu’« un baiser volé peut valoir jusqu’à sept ans de prison » est pour lui une aubaine.

“Nous sommes à la croisée des chemins concernant la perception des infractions commises”, analyse M.e Frédéric Lonné. Après avoir donné la parole aux victimes qui le souhaitaient, l’ancien bâtonnier a souligné l’importance de la première plainte déposée contre le maire de Pouillon. « Tout le monde le savait, tout le monde souffrait. Mais chacun dans son coin, sans oser en parler. »

Face au baroud d’honneur contre le wokisme mené par le prévenu et son avocat, Me Lonne a également ramené l’attention des magistrats sur Pouillon. « Il faut savoir si nous sommes dans le procès d’une époque, dans un débat entre anciens et modernes, ou dans le procès d’un crime. Les commentaires humiliants, dégradants, souvent à connotation sexuelle, sont au rendez-vous. »

 
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