Après des mois de pluie, de nuages bas et de brouillard. Si une grande partie du sud de la France connaît un ensoleillement et des températures bien supérieures aux normales, le nord reste dans la grisaille. Une situation qui devrait perdurer encore plusieurs jours.
Depuis de nombreux jours, une moitié nord de la France se réveille dans le brouillard, plongeant les habitants dans un voile de brume humide qui persiste même en journée. La ville de Nantes n’a plus connu une seule minute de soleil depuis le 28 octobre et se rapproche du record de 1956 qui avait enregistré 12 jours consécutifs sans soleil.
Si cette situation météorologique est plutôt classique en automne, plusieurs conditions doivent être réunies pour avoir un brouillard aussi persistant et des nuages bas.
Conditions anticycloniques
Tout d’abord, la bonne nouvelle avec ce brouillard actuel, c’est qu’il ne pleut quasiment pas. En effet, la longue période de pluie qu’a connue la France a pris fin fin octobre grâce à des conditions anticycloniques qui ont bloqué l’arrivée de nouvelles précipitations.
L’anticyclone, contrairement à la dépression, est une zone où la pression atmosphérique est supérieure à la pression atmosphérique moyenne au niveau de la mer. Si de telles conditions sont associées à un temps calme, sec et ensoleillé en été, en hiver, la situation peut être très différente, comme nous l’observons actuellement.
“Le sol se refroidit lors des nuits anticycloniques, en l’absence de couverture nuageuse, l’air froid, pressé au sol par les hautes pressions sous l’air plus chaud au dessus de lui, peut provoquer de la condensation”, explique Météo-France. .
Un couvercle qui bloque les nuages bas
Avec les nuits plus longues en automne, l’air près du sol se refroidit rapidement. Le brouillard se forme lorsque la vapeur d’eau se condense dans la couche d’air proche du sol. Plus l’air est froid, moins il peut retenir de vapeur d’eau. Ainsi, lorsque cet air se refroidit, il se sature en vapeur d’eau et cette dernière se condense pour former des gouttelettes et donc du brouillard.
« Physiquement, les brouillards ne se distinguent pas des stratus ou des nuages. Ils sont constitués de minuscules gouttelettes d’eau qui flottent dans l’air et réduisent la visibilité. Plus le nombre de gouttelettes est élevé, plus la visibilité est réduite», explique le service météorologique suisse.
Le brouillard est donc un nuage collé au sol. Avec l’anticyclone au-dessus de nous, il y a beaucoup d’air doux en altitude qui pousse l’air froid vers le sol, l’air chaud étant moins lourd et donc ascendant, contrairement aux masses froides. Celui-ci agit comme un couvercle qui emprisonne l’humidité ambiante proche du sol et empêche la matière grise de se dissiper.
On parle de brouillard lorsqu’il est présent au niveau du sol et que la visibilité est inférieure à 1 kilomètre. Selon Météo-France, on parle de brume lorsque la visibilité est comprise entre 1 et 5 kilomètres.
Pas assez de soleil ni de vent
Généralement, le brouillard peut se dissiper le matin sous l’action du rayonnement solaire. À mesure que la température de l’air augmente, cet air peut soudainement contenir plus de vapeur d’eau et les gouttelettes commencent à s’évaporer.
Cependant, en automne, le soleil est bas dans le ciel et brille moins longtemps. Cela l’empêche de réchauffer suffisamment l’air pour éliminer l’humidité. Le soleil n’a en effet pas assez d’énergie pour assécher l’air et le ciel reste couvert.
Le vent peut mélanger la masse d’air et dissiper le brouillard mais il n’est actuellement pas assez fort pour dissiper la grisaille.
Pour trouver le soleil, il faut aller à des altitudes plus élevées
En ville, le brouillard peut se dissiper plus rapidement le matin car il y fait généralement plus chaud : la chaleur emmagasinée est plus importante qu’à la campagne du fait des bâtiments et des activités humaines. Ainsi, l’air se réchauffe et sèche plus rapidement et les nuages bas ne persistent pas comme ailleurs.
Autre exception dans cette moitié nord de la France plongée dans la grisaille : les reliefs. En effet, les chanceux qui peuvent s’échapper en altitude retrouvent un temps ensoleillé et un mercure plus doux en passant au-dessus des nuages, qui restent bas en raison des fortes pressions qui poussent l’air froid vers les plaines.
Ce jeudi, une partie de la Bretagne a bénéficié d’une cassure des stratus, ces nuages bas. Celle-ci était très visible depuis l’espace et a été capturée par les satellites de la NASA ou d’Eumetsat.
De telles exceptions locales peuvent s’expliquer par un vent plus fort qu’ailleurs mais aussi par la présence de relief, comme expliqué ci-dessus. Dans le Finistère, la proximité des Monts d’Arrée laisse passer le soleil.
Si les sommets sont ensoleillés, cela réchauffe l’air ambiant et permet aux nuages ”de se dissiper progressivement vers le sud sous l’action d’un léger flux asséchant de nord-est”, explique notamment le Télégramme. Ainsi, nous avons mesuré seulement 10°C à Rennes quand il faisait près de 20°C à Brest.
Détérioration de la qualité de l’air
Si cette situation météorologique emprisonne donc l’air froid dans les basses couches de l’atmosphère. Elle peut ainsi, à la fois, piéger les polluants en faisant office de couverture, et conduire à une dégradation de la qualité de l’air. Actuellement, nous observons un niveau de qualité de l’air fortement dégradé, notamment dans les Hauts-de-France.
De plus, si le brouillard peut parfois peser sur le moral, il est aussi dangereux car la mauvaise visibilité qu’il apporte constitue un risque pour la circulation sur les routes mais aussi pour les trains ou encore les avions. Il est donc important de réduire votre vitesse et de vérifier l’état de vos phares pour voir et être vu.
Jusqu’à quand ?
Selon les prévisions météorologiques, ces nuages bas persisteront encore quelques jours sur le nord de la France. Au cours de la semaine prochaine, la France passera dans un flux de Nord-Est et une nouvelle goutte froide se positionnera sur l’Allemagne.
On devrait ainsi se débarrasser du brouillard mais gagner en instabilité avec des averses possibles, davantage de vent et surtout une baisse notable du mercure, “en raison d’une descente perturbée du nord”, explique Météo-France.
Toutefois, selon l’institut météorologique, “les perspectives pour la première partie du mois de novembre ne semblent pas propices à un retour rapide des perturbations d’ouest”. “Sur l’ensemble du pays, on pourrait donc avoir une période sèche de plusieurs semaines dans la plupart des régions, ce qui n’était pas arrivé depuis le début de l’automne 2023”, prédit-il.