L’association Amaeva, qui représente les victimes de l’Androcur et d’autres traitements hormonaux, a déposé plainte ce mardi contre la cellule d’enquête de Radio France, confirmant une information de la newspaper Le Monde. Selon la plainte obtenue par la cellule, les victimes accusent le laboratoire Bayer qui commercialise Androcur de tarder à mettre en œuvre les mesures d’information et de prévention, alors que la dangerosité d’Androcur et les risques de méningiomes sont connus depuis plusieurs années.
Androcur est un médicament dérivé de la progestérone, qui peut provoquer chez certains patients des méningiomes (tumeurs cérébrales), des tumeurs non cancéreuses, mais qui peut provoquer des paralysies, des problèmes de vision ou d’élocution. Il était commercialisé massivement depuis les années 1980 pour traiter la pilosité excessive, l’endométriose et l’acné, ou comme moyen de contraception.
Plus de 2 500 femmes opérées d’un méningiome
En tout, 2 578 femmes ont été opérées d’un méningiome dû à la prise d’un médicament progestatif entre 2009 et 2018, selon les données officielles des études de pharmacoépidémiologie menées par EPI-PHARE, structure créée fin 2018 par l’Agence nationale de sécurité du médicament. produits de santé (ANSM) et la Caisse Nationale d’Assurance Maladie. “Dès 2004, le neurochirurgien Sébastien Froelich rapportait cinq cas de méningiomes.affirme à la cellule d’enquête de Radio France Me Charles Joseph-Oudin, qui représente les victimes, « c’est à partir de cette date que la responsabilité des laboratoires et des pouvoirs publics est engagée. Le laboratoire aurait dû informer des risques d’effets indésirables et les autorités sanitaires auraient également dû informer.
“Pendant 15 ans, les femmes ont continué à être exposées à des produits toxiques et potentiellement mortels”
Mais il faudra attendre 2018 pour qu’une étude de la CNAM et de l’ANSM établisse “une augmentation du risque de méningiome avec la durée d’utilisation”. En 2019, l’ANSM a recommandé aux médecins « informer les patients du risque de méningiome »d’« évaluer le rapport bénéfice/risque pour chaque patient en tenant compte du risque de méningiome »*, voire de le prescrire uniquement « dans le respect des indications de l’AMM et aux doses les plus faibles possibles, et sur une courte période ». “Pendant 15 ans, malgré l’existence de ce signal, les femmes ont continué à être exposées à des produits toxiques et potentiellement mortels, sans être informées des risques”continues Charles Joseph-Oudin.
Me Charles Joseph-Oudin gère 250 dossiers pour Androcur. Il estime que « le“La gravité des situations médicales et le nombre de victimes justifient que le parquet du tribunal judiciaire de Paris ouvre une information judiciaire et organise un grand procès pour les victimes d’Androcur.” Une dizaine d’autres plaintes de victimes seront déposées au pénal dans les prochains jours, victimes qui ont pris Androcur sans avoir été alertées par leur gynécologue ou endocrinologue qui leur avait prescrit le médicament.