Forte de son expérience en 2020, Isabelle Joschke sait que le parcours est très exigeant et les points sur lesquels elle devra être encore plus attentive. Golfe de Gascogne, Pot au Noir, Equateur, Cap de Bonne-Espérance, Cap des Aiguilles, TAAF (Terres australes et antarctiques françaises), Cap Leeuwin, Point Nemo, Cap Horn, autant de noms mythiques et redoutés qui rythmeront l’évolution de MACSF au cours de ce monde. tournée.
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Née à Munich, Isabelle Joschke se lance dans la Mini Transat à l’âge de 27 ans et remporte la première étape lors de sa deuxième participation en 2007. Elle passe ensuite par le Figaro, la Class40, pour ensuite monter son projet Imoca autour de la diversité avec MACSF. Son premier Vendée Globe ne s’est pas bien passé. Elle a dû abandonner après avoir cassé son cylindre de quille. Elle est en réparation à Salvador de Bahia, et reprend la mer pour finir. Toujours soutenue par le MACSF, et avec Alain Gautier comme mentor, elle a participé seule à toutes les courses 2022, terminant dans une bonne 9e place sur la Route du Rhum 2022 et sur le Retour à la Base. Déterminé à terminer ce Vendée Globe, le marin franco-allemand pourrait bien se hisser dans le top 10.
Du Golfe de Gascogne aux tempêtes du Grand Sud
« Le tout premier point d’attention est la sortie du Golfe de Gascogne. Elle intervient dès les premiers jours de course. C’est un endroit météorologique très difficile. La mer peut être très agitée, le vent assez fort, le bateau souffre et tape beaucoup, même si cette année les conditions devraient être plutôt clémentes. A cela s’ajoutent de nombreux pêcheurs et cargos. Donc des choses peuvent arriver et on a vu par le passé qu’il y avait tout un tas d’incidents. Plus au sud, on retrouve le Pot au Noir avec ses violents grains, ses éclairs et ses zones de calme. C’est difficile de dormir, les grains arrivent très vite et parfois on n’a même pas le temps de réduire la toile. On peut perdre ou gagner des places, ce n’est pas du tout relaxant. »
Cette zone de convergence intertropicale, située au nord de l’équateur, plus communément appelée Pot au Noir, est redoutable pour les nerfs et les marins s’en méfient, car, en l’espace de quelques minutes, le vent peut passer de 0 à 35 nœuds. . Une situation qui nécessite une surveillance constante afin d’adapter au plus vite ses voiles et de ne pas se laisser surprendre. En fonction de différents paramètres (chaleur de la mer et force des alizés), l’étendue du Pot au Noir peut varier en ampleur et en activité.
40 jours pour apprivoiser le vent fort
Plus au sud, depuis la latitude de la pointe sud-africaine, les choses sérieuses commencent.
« Au Cap de Bonne-Espérance, je suis déjà dans les mers du Sud et au sud de la 40e. En le traversant, j’entre presque dans l’océan Indien, ce qui, je le sais, ne sera pas facile. Nous traversons le courant d’aiguille qui génère une mer difficile. La présence de baleines ajoute beaucoup de risques. Globalement, toutes les mers du Sud peuvent être dangereuses. Le principe de la navigation dans ces mers est de rechercher les dépressions pour aller le plus vite possible. On se retrouve donc dans des endroits où la houle est puissante et le vent très fort. Ainsi, pendant les 40 jours environ que dure la traversée des mers du Sud, la vigilance est quasi continue. »
Le Cap Horn, une véritable délivrance ?
« C’est un passage attendu. Elle marque la sortie du Pacifique. C’est aussi la plus extrême, elle se situe au sud du 50e et touche le 60e. Le vent est comprimé par le continent et il est encore plus fort. C’était un vrai soulagement mais j’ai réalisé qu’il me fallait encore une bonne semaine de navigation pour échapper aux latitudes froides. J’ai vécu ma plus grosse tempête dans la première partie de la montée après le Cap Horn. Il ne faut pas croire qu’en commençant à se diriger vers l’hémisphère Nord, les choses seront plus simples. »
En 2021, à cause d’une tempête très intense, Isabelle Joschke n’a pas pu contempler ce passage symbolique. Elle espère, cette fois, découvrir enfin ce rocher mythique.
« Pour moi, le Cap Horn est assez symbolique. Il y a 4 ans, je l’ai parcouru une centaine de kilomètres au sud et de nuit. Je n’ai réalisé que le lendemain que je l’avais dépassé lorsque j’ai remarqué que le temps avait changé. Du coup, il n’y avait plus de houle, l’atmosphère et la mer avaient complètement changé. Il y a eu un grand changement dans la manière de naviguer, quand on quitte le Pacifique et qu’on retrouve cette zone de l’Atlantique Sud, on entre un peu dans un autre univers.
Ce dont je rêve pour ce Vendée Globe, c’est de le doubler de jour et dans des conditions suffisamment clémentes pour pouvoir passer au plus près de la Terre. J’ai vu pas mal de vidéos de skippers passant le Cap dans la journée et je trouve qu’il y a une émotion vraiment particulière. C’est ce que je veux expérimenter. »
L’Amérique du Sud, un très long voyage en arrière
« Quand on passe le Cap Horn, on est super content, c’est comme si, enfin, on sortait d’un très long tunnel. Mais vous n’êtes pas encore à l’abri des ennuis. Il vous reste encore un continent sur lequel retourner. A partir de là, mes souvenirs sont un peu biaisés, car c’était très long. Il m’a fallu près de trois semaines pour relier le Cap Horn à Salvador. »
En janvier 2021, Isabelle Joschke est contrainte à l’abandon suite à une panne de son système de fixation de quille basculante et fait une escale technique à Salvador de Bahia au Brésil. Elle a tout de même pu reprendre la mer et réaliser ce tour du monde hors course.
« Sur ce retour vers le nord, il y a encore une fois le Pot au Noir et surtout, dans l’Atlantique Nord, le train des dépressions hivernales qu’il faut réussir à rattraper pour revenir vers l’Europe et le Golfe de Gascogne. Je pense que cette dernière traversée du Golfe est un point de vigilance très important. »
Des appréhensions légitimes
Lors du Vendée Globe 2020-2021, Isabelle a souffert du froid et de l’humidité. L’IMOCA MACSF a donc été adapté pour éviter les trop nombreuses entrées de mer et de vent. Malgré tout, il est certain que la navigation dans le Grand Sud apportera son lot de désagréments. En plus de ces conditions, Isabelle craint deux choses : être obligée de plonger sous la coque et devoir monter sur le mât. Des exercices qu’elle a déjà expérimentés afin de se familiariser avec les techniques, mais qu’elle redoute néanmoins.
« En 2020, j’ai eu beaucoup d’avaries, mais j’ai échappé à de gros problèmes, comme être obligé de monter sur le mât ou de plonger sous le bateau. S’il y a deux choses que je crains, c’est bien celle-là. Malgré quelques entraînements, je ne suis pas très à l’aise dans aucun des deux. » confie Isabelle.
Ces dernières journées aux Sables-d’Olonne seront axées sur l’analyse des conditions météo attendues au départ et lors des premiers jours de course. Il est trop tôt pour pouvoir tirer des enseignements des premiers dossiers mais il est certain que la météo sera au centre des discussions.
Isabelle quittera le ponton de Port Olona le dimanche 10 novembre vers 8h50 pour revivre la légendaire descente du canal des Sables-d’Olonne. Coup d’envoi de cette 10ème édition du Vendée Globe, la deuxième à laquelle Isabelle participe, à 13h02