Ancien freestyleur de sombrero et 13ème au classement mondial. Le voilà qui porte désormais la casquette d’entraîneur, pour encadrer une vingtaine de gamins pleins d’avenir. Avec son association La Compagnie, Quentin Ladame a construit une structure sportive donnant accès au haut niveau… les JO 2030 en ligne de mire, évidemment.
Il n’existe que trois clubs de freestyle (Vars, Puy-Saint-Vincent, Briançon/Serre Chevalier) dans les Hautes-Alpes, est-ce suffisant pour avoir une chance de briller chez soi en 2030 (les épreuves auront lieu à Serre Chevalier et Montgenèvre ) ?
« Tout est possible tant que les planètes s’alignent. Mettre un Haut-Alpin aux JO n’est pas du tout un rêve fou. Mais si on veut y arriver, il va falloir se professionnaliser au niveau des clubs et au niveau des stations pour avoir un encadrement et un matériel à la hauteur de nos ambitions. Je ne dis pas que nous gagnerons une médaille olympique, mais nous avons aujourd’hui des enfants suffisamment talentueux pour susciter de l’espoir. »
Que devrions-nous construire exactement ?
« J’ai installé mon association à Vars car les conditions d’entraînement y sont très bonnes avec, selon moi, le meilleur snowpark de France. D’autres stations devraient disposer d’infrastructures de ce type. En France, nous sommes en retard en freestyle. À cet égard, les Jeux olympiques de 2030 représentent une extraordinaire opportunité de développement, mais nous devons encore changer les mentalités et nous avons également besoin d’une réelle volonté de la Fédération. »
En effet, comment amener les adolescents de votre équipe au sommet en seulement six ans ?
« Dans le cas précis de La Compagnie, il nous faudrait des coachs, un préparateur physique, un préparateur mental, un kiné. Il faudrait aussi pouvoir organiser davantage de stages, pas forcément sur les glaciers car ce n’est pas l’avenir mais en Laponie avant la saison par exemple. Et puis il faut un airbag pour pouvoir s’entraîner toute l’année : cet équipement a révolutionné notre sport mais il n’y en a pas dans les Hautes-Alpes, c’est un gros manque. »
Tout cela coûte cher…
« Si nous nous lançons collectivement dans l’aventure des JO 2030, il ne faut pas le faire à moitié. Il faut tout mettre en œuvre, sinon ça ne sert à rien. Il faut donc avoir le budget et avoir la liberté de l’utiliser à bon escient. Un projet olympique doit être construit : des moyens financiers, techniques, logistiques et humains sont nécessaires. »
Avons-nous un bassin d’athlètes suffisant pour que cela vaille la peine de parier autant d’argent sur eux ?
« Localement, nous avons les talents, nous avons l’énergie, nous avons les compétences. Mais briller aux Jeux olympiques ne se décrète pas. En même temps, nous devons construire une culture de haut niveau en accord avec les familles. Il faut maintenant trouver des jeunes totalement engagés dans la voie du sport professionnel, prêts à rester concentrés sur cet objectif. Le très haut niveau, c’est d’abord une compétition avec soi-même, un défi constant pour repousser ses limites, gérer ses émotions. »
La Région a annoncé un plan JO 2030, cela vous séduit ?
« C’est génial car il y a des budgets en jeu. Mais j’ai peur que cela passe à côté de moi car je ne sais pas trop quoi faire pour récupérer ces subventions. Quels seront les critères d’attribution ? Qui décidera des attributions ? Je fais du sport et seulement du sport, donc toute cette partie des coulisses politiques m’est étrangère. J’espère juste que ce ne sera pas de la poudre aux yeux. »
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