“C’est moi qui apporte la cerise sur le gâteau”, déclare Alain Leboeuf, patron du Vendée Globe

“C’est moi qui apporte la cerise sur le gâteau”, déclare Alain Leboeuf, patron du Vendée Globe
“C’est moi qui apporte la cerise sur le gâteau”, déclare Alain Leboeuf, patron du Vendée Globe
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Alain Leboeuf is everywhere: we see him here with Patricia Brochard who runs the Sodebo company, Bruno Retailleau and Fabrice Amedéo, Imoca skipper. (Le Télégramme/Philippe Eliès)

On entend dire que le Vendée Globe appartient aux Vendéens : combien ça leur coûte, combien ça leur rapporte ?

Tout ne peut pas être mesuré en euros. C’est l’image, c’est avant tout l’image. Il existe également des avantages économiques directs. L’impact économique direct, dans l’immédiat, se situe sur la restauration, l’hôtellerie, tout ce qui tourne autour de l’hôtellerie en général. Ce sont ces milliers de visiteurs qui viennent le voir, c’est l’impact direct. Après, il y a les répercussions à moyen et long terme. Il s’agit de cette communication autour d’une Vendée qui fait rêver. Deuxièmement, l’impact sur le reste de l’économie vendéenne. Désormais, Vendée devient une sorte de marque.

Le Puy du Fou et le Vendée Globe sont-ils vos deux plus belles vitrines ?

Ce sont des vitrines exceptionnelles et c’est désormais associé à la qualité des choses. Il est associé à un produit respectable et précieux. Aujourd’hui, la Vendée a gagné ses lettres de noblesse à travers l’ensemble de son économie, quelle qu’elle soit. Et encore une fois, ce sont des impacts bien plus difficiles à mesurer en termes d’euros directs. Si nous avons autant d’entreprises qui viennent sponsoriser des bateaux, c’est parce qu’elles ont contrôlé les retombées.

Le département Vendée met 4,5 millions d’euros, ça rapporte quoi ?

Il est important que nous continuions à investir un peu plus de 4 millions d’euros. Mais je ne reçois pas directement 4,5 millions de revenus de cette course. C’est bien en termes d’impact. Nous allons parler de cette Vendée qui nous fait rêver pendant trois ou quatre mois avec ce village. Si aujourd’hui nous sommes autant remarqués, c’est parce qu’il existe un dynamisme diffus sur l’ensemble du territoire. Il y a Les Sables d’Olonne bien sûr, mais il n’y a pas que les Sables d’Olonne qui en profitent.

L’objectif est de gagner des points de notoriété ?

C’est globalement payant en termes de notoriété, d’efficacité, de reconnaissance, en termes de sérieux de nos entreprises. Quand j’investis un petit peu d’euros dans le Vendée Globe avec des répercussions à la fin, ça tombe sur les Vendéens. C’est-à-dire « c’est tonton qui a trouvé un travail, c’est mon fils qui a trouvé un travail, c’est ma fille, ma voisine, etc. » C’est donc de l’argent investi par les Vendéens qui revient directement aux Vendéens.

Vous êtes président du département de Vendée et donc automatiquement président de la SAEM Vendée qui organise la course : est-ce normal que ce soit un homme politique qui prenne les commandes d’un événement sportif ? Est-ce un avantage ?

C’est un très bel avantage. J’ai déjà eu ce type de question. Nous sommes les seuls à maîtriser un événement sportif de cette envergure. C’est le modèle vendéen qui est génial. Il n’y a pas que le département, même si bien sûr le département est actionnaire majoritaire à 56% de cette entreprise d’économie mixte avec d’autres actionnaires publics.

Cela vous donne beaucoup de pouvoir…

Oui, bien sûr, cela vous donne certains pouvoirs pour être actionnaire majoritaire. Simplement, là où j’insiste c’est sur le modèle, nous sommes sur un modèle public privé, c’est à dire qu’il y a 56% pour le département, 16% pour la ville et 12% pour la Région. Le reste, ce sont nos entreprises. C’est là qu’il y a quelque chose d’assez extraordinaire en Vendée. C’est cette confiance d’emblée entre l’économie et la sphère publique. Il y a une confiance entre l’élu et le chef d’entreprise. Trop souvent dans ce pays, on soupçonne l’élu d’être quelqu’un qui n’y comprend rien à l’économie. Dans notre pays, des ponts se construisent, la confiance se construit, des choses qui facilitent l’économie.

Vos décisions impactent la classe Imoca, les skippers, donc les sponsors…

Tous les autres événements sportifs majeurs sont gérés par des entreprises privées. N’est-il pas dangereux d’avoir des entreprises privées qui ne rendent compte qu’à leurs actionnaires ou à elles-mêmes ? En tant que président de cette scène, je dois rendre compte à 700 000 Vendéens. En même temps que je préside cette course, je préside le département. Le jour où je ferai quelque chose, je serai aussi jugé et sanctionné à juste titre par 700 000 Vendéens. Je dois donc, dans les décisions que je prends, avoir aussi des positions respectables.

Cela ne va-t-il pas trop loin quand on est le seul à décider du nombre de participants, des invitations, etc.

Je l’entends. Le jour où je prendrai des directions qui n’ont pas de sens, je comprendrai qu’on me le reproche. Aujourd’hui, j’ai envie de continuer à donner du sens à cette course. Et je tire ce sens d’une histoire qui est la mienne. C’est une histoire à la fois personnelle en tant que biologiste soucieux du changement climatique. Je le tire aussi d’une histoire politique. Je ne parle pas de politique politique, je parle de politique en termes d’investissement pour la ville. Je pense que je suis mieux équipé que beaucoup d’autres pour penser d’abord en tant que collectif avant de penser en tant que classe. Ensuite, je peux frapper. Mais quand je demande à la classe puissance, demain, d’embarquer des capteurs sur tous les bateaux pour pouvoir remonter des informations à la communauté scientifique internationale et que ce soit obligatoire à partir de 2028, c’est une décision forte. Quand je dis ça et que j’offense, je le comprends.

Sans skippers et sans classe, il n’y a pas de course….

Absolument et sans organisateur du Vendée Globe non plus. Je crois intimement à la force de notre complémentarité. J’en ai besoin. Ils ont besoin de nous. Les décisions ou orientations que je souhaite ne doivent pas être contradictoires avec ce que souhaite la classe. Je ne supporte pas non plus que la classe ne nous voie qu’à travers des intérêts qui répondent aux skippers et aux sponsors. Ils ont des intérêts à défendre et c’est normal, je respecte ça. Cela ne me pose pas de problème, mais il faut leur donner la cerise sur le gâteau et c’est moi qui apporte la cerise.

Vous n’avez pas peur parfois d’aller un peu trop loin et de vous retrouver avec un accrochage. Un jour, la classe peut dire « on va faire le tour du monde ailleurs » ?

C’est pourquoi je discute beaucoup avec Antoine Mermod (président de la classe Imoca). Je discute beaucoup avec la classe pour trouver la bonne limite. La limite entre des courses merveilleuses, des courses qui s’observent aussi et des courses dans lesquelles on commence à répandre ce petit poison environnemental. Par exemple, les évaluations carbone, telle évaluation, telle évaluation. Je pense que je serai utile.

Dans le village, on a vu des files d’attente interminables : n’êtes-vous pas à l’étroit aux Sables d’Olonne ?

C’est toute cette réflexion que je dois continuer à mener avec mes équipes. Nous devons continuer à améliorer cela. Quant aux deux heures d’attente, à Disneyland, nous attendons plus que cela même si nous avons payé cinq minutes. Ici, il faut continuer à respecter le visiteur.

Nous avons déjà annoncé huit bateaux en construction pour l’édition 2028 : combien y aura-t-il d’engagés dans quatre ans, 40, 45, plus ?

J’ai dit que nous nous arrêtions à 40 bateaux. Je ne suis pas particulièrement inquiet pour la prochaine édition mais je souhaite lutter contre le gigantisme.

Le retour de Philippe Jeantot aux Sables d’Olonne, 20 ans après son dernier passage, qu’est-ce qui vous inspire ?

Cela fait partie de l’histoire de la course. C’est très bien qu’il soit là.

Il a été invité par le maire des Sables d’Olonne, pas par les organisateurs : son image évoque-t-elle encore de mauvais souvenirs ?

Je n’ai pas de mauvaise image. Ce n’est pas à moi de juger quoi que ce soit là-dessus. Je suis content qu’il soit là.

Il aurait aimé donner le départ…

Je sais, il me l’a demandé mais j’ai tellement de demandes pour faire démarrer les choses….

Qui va donner le coup d’envoi ?

Il n’en reste qu’un qui peut le donner, celui qui a tous les pouvoirs puisque tu m’as dit que j’avais tous les pouvoirs (rires)… Allez, je vais te dire un autre secret : un des conseillers d’Emmanuel Macron m’a appelé pour me demander à quelle heure les bateaux sont partis ? J’ai répondu « dites au Président de la République que s’il veut venir, il doit venir la veille, samedi, pas le jour du départ ».

Avez-vous au moins le pouvoir de dire non au président de la République ?

Non, non, non, non ! S’il décide de venir, il viendra et je ne l’arrêterai certainement pas. S’il a envie de venir, autant rencontrer un peu les skippers. Samedi sera génial, le ponton est fermé au public. Le Président de la République pourra rencontrer ici ou là un skipper et lui serrer la main. Dimanche, ils partiront, la tête sera ailleurs.

Puisqu’il s’agit d’hommes politiques, citons Philippe de Villiers, Bruno Retailleau, aujourd’hui ministre, vos prédécesseurs : le Vendée Globe est-il un outil politique ?

Venez dimanche matin, dimanche matin pour la sortie du canal et vous prendrez une photo magique entre Alain Leboeuf, Philippe de Villiers et Bruno Retailleau.

Reformulons la question : avez-vous des ambitions derrière cela ou pas ?

 
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