La production de noisettes se développe dans la Creuse et ses environs. Pour la première fois cette année, le célèbre gâteau de Creuse sera approvisionné en noisettes locales. Jusqu’à présent, ils proviennent d’une coopérative du Lot-et-Garonne qui s’approvisionne dans toute la France. Mais l’association des pâtissiers creusois a signé un contrat avec un agriculteur du sud de l’Indre, à la frontière de la Creuse.
Ce producteur, Laurent Bretaud, cultive 55 hectares de noisettes à Crevant, une partie en bio et l’autre en conventionnel. Éleveur de charolais et de volailles, il s’est lancé dans la noisette en 2018 pour se diversifier : « Un de mes voisins faisait de l’huile de noisette, il l’achetait ailleurs. Je me suis demandé pourquoi nous n’en produisions pas alors que nous en avions beaucoup dans nos haies, et l’idée est venue comme ça. Il vient de récolter, et va en vendre sept à huit tonnes d’amandes (noisettes décortiquées) aux pâtissiers de Creuse fin 2024. Cela représente 80 % des besoins de l’association, qui continue d’acheter les 20 % restants auprès de la coopérative Lot-et-Garonne.
La noisette, du producteur au gâteau
Les premiers gâteaux de Creuse aux noisettes du Berry devraient sortie du four début 2025rejoices Philippe Vacheyroux, president of the Le Creusois association: « Il a fallu beaucoup de temps pour démarrer, mais notre rêve est en train de devenir réalité. Nous avons hâte de travailler cette noisette, nous l’avons goûtée et c’est un très bon produit. Il achète ces noisettes locales un peu plus chères, “mais c’est pour la bonne cause”. Chef pâtissier à Boussac, il ne compte pas augmenter le prix de ses gâteaux.
Laurent Bretaud est également ravi d’avoir signé ce contrat : « Nous avons des marchés en croissance comme le gâteau de Creuse et l’entreprise Jean Hervé. Pour l’instant ce n’est pas rentable, il faut attendre sept ou huit ans, mais j’espère que ce sera un pari réussi. Il a investi dans plusieurs machines : il dispose désormais de tout le matériel pour casser les noisettes et doit recevoir en décembre un trieur optique afin de trier finement les fruits décortiqués.
Les agriculteurs de Creuse sont également incités à se lancer. Jean-Baptiste Giraud, par exemple, plantera 25 hectares à Trois-Fonds sur la ferme de son père qui était céréalier : « Cet hiver, je vais planter 10 000 arbres, c’est beaucoup mais j’y crois beaucoup. Les opportunités sont nombreuses, d’autres porteurs de projets doivent s’impliquer pour couvrir l’ensemble des besoins. À l’échelle nationale, nous importons encore beaucoup de noisettes d’Italie ou de Turquie donc il y a de la place. »
De plus en plus de noisetiers en Creuse
Actuellement, il n’y a qu’une trentaine d’hectares de noisetiers plantés en Creuse à Sainte-Feyre, Saint-Fiel, Bonnat et Bourganeuf, explique Maud Briens, chef de projet au Syndicat Est Creuse. Ces vergers ne produisent pas encore car il faut attendre en moyenne cinq ans pour la première récolte après la plantation. Le projet de 25 ha de Jean-Baptiste Giraud est le premier grand projet de plantation du département. En 2025-2026, une deuxième vague de plantation d’une trentaine d’hectares (dont 25 nouveaux hectares à Trois-Fonds) permettra d’augmenter la production future du département.
Selon Maud Briens, le marché de la noisette se porte bien en France : « Il y a une demande, car nous consommons quatre fois plus de noisettes que nous n’en produisons. Les noisettes locales ne sont pas forcément plus chères car elles sont en circuit court.» En Creuse, elle estime qu’il faudrait environ 200 hectares pour répondre aux demandes. L’entreprise Jean Hervé, fabricant de purées et pâtes à tartiner de fruits secs à Boussac, a besoin de 200 tonnes de noisettes bio par an, qu’elle achète actuellement en Sicile. L’association du Creuseois demande 10 tonnes.
Le noisetier est “assez facile à cultiver”explique-t-elle. Sa seule difficulté est son rapport à l’eau : il faut un terrain drainé ou en pente pour éviter que vos pieds ne se mouillent, et inversement en cas de sécheresse il a besoin d’une irrigation. Pour Jean-Baptiste Giraud, c’est une plante bien adaptée à la Creuse : « Il est assez rustique et pousse naturellement dans les haies. Pour avoir une production stable, mieux vaut investir dans un système d’irrigation à partir d’un étang ou d’un forage, avec autorisation.
Verser tester précisément les variétés qui résistent le mieux au changement climatiquele lycée agricole d’Ahun va lancer une expérimentation. Les étudiants planteront un hectare de noisetiers, certains irrigués et d’autres non pour comparer leur croissance et leur production.