Pluvieux, le printemps ne jette pas à la poubelle la réalité aride – et dure – : la région Bourgogne Franche-Comté est frappée depuis plusieurs années par de graves épisodes de sécheresse dont les impacts se font sentir sur l’agriculture, les ressources en eau, la santé des sols, etc. Une étude récente de l’INSEE le confirme.
En mai 2024, l’Insee a réalisé une synthèse des statistiques calculées pour les impacts du changement climatique pour la région Bourgogne Franche-Comté, et plus particulièrement pour le critère « sécheresse ».
Fin septembre 2023, la moitié de la population était concernée par d’importantes mesures de restriction d’eau, décidées par les préfectures. En effet, depuis plusieurs années, de plus en plus d’arrêtés préfectoraux sont pris en Bourgogne-Franche-Comté pour restreindre l’usage de l’eau.
Si, pour l’instant, le volume des précipitations reste relativement stable, il varie néanmoins fortement d’une année à l’autre. Lors de nos différentes publications, nous avons pu démontrer que ces épisodes de sécheresse répétés et prolongés affectaient particulièrement les rendements agricoles comme les forêts, certaines espèces d’arbres (les hêtres par exemple) étant plus vulnérables.
Par ailleurs, les dommages aux biens et équipements sont tout aussi préoccupants, qu’il s’agisse des infrastructures ou du retrait-gonflement de l’argile, qui provoque des fissures dans les maisons et les immeubles.
La Nièvre agit pour le climat !
Les températures dans la région, comme en France métropolitaine, augmentent de 1,2°C en moyenne entre les normales 1961-1990 et 1991-2020. Cette augmentation s’est accélérée au cours des trois dernières décennies.
Pour rappel, en juin 2023, une étude de l’INSEE sur notre région établissait ceci : « Les simulations climatiques les plus récentes confirment que lors des étés des trois prochaines décennies, le nombre de jours et de nuits anormalement chauds augmentera significativement en Bourgogne-Franche- Comté. Les zones de basse et moyenne montagne situées entre 300 et 1 000 mètres d’altitude seront les plus touchées. Près d’un demi-million d’habitants de logements ordinaires seront touchés par des températures supérieures aux normales saisonnières d’au moins 5°C pendant plus de 20 jours et plus de 11 nuits. »
Les conséquences en agriculture
En 2022, année la plus chaude jamais enregistrée en France depuis un siècle, les rendements ont été globalement inférieurs à la moyenne quinquennale 2017-2021, notamment pour le blé tendre (-9%), première culture en termes de superficie de la région. Les sols secs menacent également les cultures de maïs-grain, qui ont des besoins en eau importants. La qualité et la disponibilité du fourrage pour le bétail sont également fortement affectées par les sécheresses.
Les conséquences sur les eaux souterraines
Les années 2018, 2020, 2022 et 2023 ont été les plus chaudes depuis 1959 en Bourgogne Franche-Comté.
Ce réchauffement entraîne une augmentation de l’évapotranspiration ; la quantité d’eau qui s’évapore à travers le sol ou les plans d’eau et par la transpiration des plantes augmente.
Les épisodes de sécheresse affectent les eaux souterraines. Début octobre 2023, leur état restait inférieur à la normale mensuelle (moyenne des 15 derniers mois d’octobre), dans la quasi-totalité de la région.
Et les voies navigables ?
L’accumulation des épisodes de sécheresse ces dernières années a affecté le débit des ruisseaux, rivières et ruisseaux. Près de 4 % des rivières de la région étaient à sec en septembre 2015 ; cette proportion s’élève à 20 % en septembre 2023.
C’est en 2019 et 2020 que la part des rivières asséchées à la fin de l’été a été la plus élevée : l’eau ne coulait plus dans un tiers d’entre elles. Cette proportion atteint même 60 % en Côte-d’Or et 70 % dans la Nièvre.
Mais le manque d’eau affecte également sa qualité et affaiblit encore davantage la biodiversité.
