Les Américains boivent du vin à l’apéritif, ils adorent ça «blanc légèrement sucré» ou « sec mais pas trop ». Une cible privilégiée pour les producteurs de Vouvray. En 2023, ils ont exporté 1,6 million de bouteilles de vin vers les États-Unis, principalement vers la côte Est, mais aussi vers la côte Ouest ou vers l’État du Colorado.
« Les Américains boivent plus que nous ensemble »
« Des chiffres similaires sont attendus en 2024 »estime Alain Le Capitaine, vigneron et président de l’appellation Vouvray qui regroupe 150 producteurs. Tous expriment la même inquiétude, celle de voir Donald Trump réélu après la présidentielle, mardi 5 novembre 2024.
Tout le monde se souvient de la taxe Trump, à 25 %, que l’ancien président avait imposée sur les vins non pétillants, les moûts de raisin et le cognac, entre octobre 2019 et mars 2021. Elle pourrait à nouveau frapper durement l’économie. industrie du vin.
« Nous sommes très inquiets. À l’époque, nous étions déjà perdants, mais la taxe a été appliquée pour une courte période en plein Covid. Plusieurs facteurs ont joué un rôle. L’exportateur et nous avions fait un effort sur les prix pour préserver ce marché historique »explains Alain Le Capitaine.
Pas sûr que les vignerons puissent faire de même avec la situation actuelle et les aléas climatiques, qui s’ajoutent à une consommation française atone. « Malheureusement, nous ne pouvons qu’observer l’économie mondiale sans jamais pouvoir agir en conséquence »il se résigne.
Une mesure « hautement symbolique »
Au-delà des considérations commerciales, le vigneron s’alarme de la symbolique véhiculée par l’instauration d’une telle taxe : « Le message envoyé n’est pas le bon. » Et Vouvrillon ne pourrait pas être la seule victime collatérale en cas de virage isolationniste aux Etats-Unis.
Chaque année, près de 500 000 bouteilles de Chinon rouge y sont également exportées. « Cela représente un tiers de nos exportations », précise Jean-Martin Dutour, le vigneron et négociant à la tête de l’appellation d’origine contrôlée Chinon.
« Dans le domaine du vin, les États-Unis sont le plus grand marché au monde en termes de population, et le premier pour nous en termes d’exportations. Ensemble, les Américains boivent plus que nous. Nous espérons tous que Trump ne passera pas pour éviter une nouvelle impasse commerciale. »
Comme son collègue, Jean-Martin Dutour ne peut s’empêcher d’y voir une mesure » hautement symbolique ». « Le vin n’est pas comme une voiture ou une batterie. Le taxer, c’est s’attaquer à quelque chose qui représente la France. »commente-t-il. Et pour mettre les choses en perspective : «Donald Trump est une menace pour la démocratie avant de menacer le vin. »
en chiffres
> 8,2 millions de bouteilles, soit 38 millions d’euros (M€), de vins de Loire exportés vers les États-Unis en 2023, premier marché après l’Allemagne (1).
> 3,6 millions de bouteilles de vins de Touraine exportées en 2023. Soit un tiers des volumes exportés. Ce qui fait des États-Unis le premier marché en termes de volume et de valeur.
> En 2023, la Touraine exporte également des boissons (2) pour 13 millions d’euros, divers produits alimentaires (5,8 millions d’euros), de l’électroménager (912 000 €), des produits pharmaceutiques (765 000 €) ou encore du matériel ferroviaire (408 000 €).
(1) D’après les données d’InterLoire, l’interprofession des vins du Val de Loire.
(2) D’après les données de la Direction générale des douanes.