Alors que l’issue de l’élection présidentielle américaine reste totalement indécise, une chose est sûre : que ce soit dans l’opinion publique ou dans la classe politique française, le candidat républicain compte peu de partisans.
Publié le 11/05/2024 07:48
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Si le vote avait lieu en France, Donald Trump serait sans doute largement battu car le candidat républicain n’a pratiquement aucun soutien en France, selon les sondages, et plus aucun soutien parmi les dirigeants politiques. Tout le monde veut sa défaite. Tous ou presque, car il conserve encore une admiratrice en la personne de Marine Le Pen.
Pour le RN, Donald Trump reste un modèle. Mais “chut !”, il ne faut plus le dire. En 2016, Marine Le Pen avait haut et fort clamé son soutien au milliardaire new-yorkais. Elle se tenait même dans le hall de la Trump Tower dans l’espoir d’être reçue par son héros. En vain, Trump l’avait snobé, elle n’avait pas dépassé le rez-de-chaussée. Huit ans plus tard, Marine Le Pen interdit à ses troupes de soutenir ouvertement la tribune populiste américaine. Jordan Bardella est l’un des rares à avoir mangé les consignes en l’avouant «aimer le patriotisme» par Donald Trump ici “défend une forme de fierté américaine”. Tout le monde se tait.
Pourquoi cette discrétion ? Car la radicalisation de Trump, ses dérives, ses insultes, sont à l’image des tactiques de dissimulation du RN. Le cousin de l’Amérique est devenu une nuisance. Une inquiétude apparue en 2018 lorsque Marine Le Pen a fait du sulfureux conseiller trumpiste Steeve Bannon l’invité d’honneur du congrès du RN. Depuis la tribune, ce porte-drapeau des milieux suprémacistes blancs avait interpellé les journalistes “chiens” et lancé aux dirigeants du RN : « Qu’on vous traite de raciste, xénophobe, islamophobe… Portez-le comme un insigne d’honneur ! » Un véritable saccage de toute la stratégie de notoriété de Marine Le Pen.
Mais sur le fond, Marine Le Pen n’a aucun désaccord avec Donald Trump, hormis la question de l’avortement. Et encore, l’année dernière, le groupe RN était le seul dont la majorité des députés refusaient d’approuver la constitutionnalisation de l’avortement. Mais sur tout le reste, le soutien à Poutine, l’abandon de l’Ukraine, l’affaiblissement de l’OTAN et de l’Union européenne, l’instauration de taxes douanières aux frontières, le soutien aux énergies fossiles, et bien sûr le rejet de l’immigration, sur tout le reste, donc , les projets de Donald Trump et de Marine Le Pen sont siamois. Toutefois, en cas de victoire des Républicains, le leader de l’extrême droite française pourrait, cette fois, connaître un triomphe assez modeste. On dit que les grandes douleurs sont silencieuses. Il y a des idylles qui le sont aussi. Et des connexions dangereuses qu’il vaut mieux cacher.
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