En 1864, lors de la conception de la halle de Villeneuve-sur-Lot, elle se devait d’être emblématique de la bastide. Alliant fer et fonte, on y accédait par deux portes monumentales en pierre, chacune ornée d’un fronton sur lequel étaient gravés les armoiries de la ville. C’est l’une d’elles qui, depuis quarante ans, est tombée entre les mains de la famille de Jean-François Garnier. Ce dernier, bien connu des Villeneuvois pour avoir fondé la Société Archéologique de Villeneuve-sur-Lot et avoir fouillé le site d’Eysses aujourd’hui objet de musée, en a hérité de son père : « Dans les années 1960, alors qu’il était adjoint au maire , il l’a récupéré alors qu’il était stocké par les services communaux depuis le démontage des portes en pierre. Elle allait être mise en vente, comme l’étaient de nombreuses pierres historiques de la bastide, récupérées par des artisans pour être rénovées. Mon père ne voulait pas lâcher ce vestige symbolique. »
Un endroit parfait
Déjà à l’époque, le sauveur du fronton avait l’intention de lui trouver une place accessible au grand public, mais vu son poids, il était difficile de lui trouver une place dans le musée, alors situé à la Villa Rapin : «En conséquence, il l’a récupéré à son domicile. Et j’ai fini par en hériter», raconte Jean-François Garnier.
Depuis, il le chouchoute, le protégeant l’hiver avec une bâche « même si le calcaire dans lequel il est sculpté est de bonne qualité puisqu’il est destiné à résister aux intempéries. Il vient de Pujols. » Pourtant, Jean-François Garnier, amoureux du patrimoine villeneuvois, souhaite que ce vestige historique trouve une place d’honneur. « Il est non seulement le témoin de ce qu’était à l’origine le marché, mais aussi du pont de Cieutat construit à la fin du XIIIe siècle.e siècle », explique l’archéologue. Car les armoiries qui y sont sculptées représentent ces dernières avec trois tours fortifiées : « A l’époque, elles faisaient la fierté des Villeneuvois. » Inondations successives du Lot au XVIIe sièclee siècle a endommagé la structure et les tours se sont effondrées. Le pont fut alors reconstruit sans ses éléments défensifs.
En 2019, alors que la salle subit une nouvelle restructuration, Jean-François Garnier s’exprime, souhaitant que le fronton qu’il possède retrouve sa place d’origine « en haut de la porte d’entrée… J’en ai parlé à l’architecte, au maire de le temps, sans succès. » Depuis la rénovation, l’homme garde l’idée en tête, avec une idée précise d’emplacement : « En entrant, à gauche, il y a un espace libre, à côté de la stèle d’inauguration, sur le mur… Tout le monde Je pouvais le voir quand ils passaient la porte. » Si Jean-François Garnier n’a jamais pensé à autre chose que d’en faire don à la Ville, il a posé une condition, qu’elle ne atterrisse pas dans le hangar des services « et disparaisse comme bon nombre d’autres pierres restantes.