il y a un an, la Manche subissait les foudres d’une « bombe météorologique »

il y a un an, la Manche subissait les foudres d’une « bombe météorologique »
il y a un an, la Manche subissait les foudres d’une « bombe météorologique »

Par

Sébastien Lucot

Publié le

2 novembre 2024 à 8h20

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Cela a ramené le spectre de « tempêtes du siècle » Lothar et Martin qui ont balayé la à la fin du siècle dernier. Dans la Manche, le Finistère et les Côtes-d’Armor, ce phénomène météorologique majeur a ravivé de sombres souvenirs de la tempête de la nuit du 15 et 16 octobre 1987, rebaptisée « ouragan » par les médias.

Près d’une semaine avant cet événement qui a provoqué la décès de trois personnes en France et rafales dépassant 200 km/h sur la pointe bretonne, la tempête Ciaran était déjà prévue par les modèles météo. Bonne prévisibilité qui a permis le déclenchement du alerte rouge « vent violent » par les prévisionnistes de Météo-France dans ces trois départements et ainsi préparer au mieux les moyens qui seront déployés par les services de l’Etat pour alerter les populations et les autorités.

Si les conséquences ont été un peu moins virulentes qu’en 1987 dans la Manche, le dommages causés par les rafales de vent ont été nombreuses dans la soirée du 1est Novembre, jusqu’en fin de matinée du 2 novembre.

Dépassant les 170 km/h sur le littoral de la Manche et parfois plus de 150 km/h à l’intérieur des terres, ces valeurs sont la parfaite signature d’un « bombe météo », terme utilisé dans le jargon météorologique pour désigner l’approfondissement brutal d’une dépression, faisant plonger la pression atmosphérique en son centre et resserrant ainsi le gradient de pression, vecteur de violents grains.

Rafales

Quelques
171 km/h à la Pointe du Roc à Granville ;
167 km/h depuis Gouville-sur-Mer ;
166 km/h à Chausey ;
159 km/h at Barfleur – Gatteville-le-Phare;
157 km/h à Carteret (perte des données à partir de 4 heures du matin) ;
153 km/h à Saint-Vaast-la-Hougue ;
140 km/h at Cerisy-la-Salle;
139 km/h à Longueville ;
133 km/h in Sainte-Marie-du-Mont;
131 km/h au Cap.

Bretagne
207 km/h à la Pointe du Raz ;
195 km/h à l’Île de Batz ;
193 km/h at Pointe de Saint-Mathieu.

Le phasage « optimal » de cette dépression, prise au cœur d’un courant de haute altitude, appelé jet-stream et soufflant à plus de 330 km/h à 9 000 mètres d’altitude, a amplifié cette chute brutale. Un vent moyen de force 12 (118 km/h sur 10 minutes, début du classement, en mer, d’un ouragan) a été enregistré au large des côtes bretonnes.

Dans la Manche, la colère de Ciarán s’est déroulée en deux temps. Le premier, le soir, à l’approche de son oeil pointé à 956,1 hectopascals par la station météorologique du Cap de la Hague.

Qu’en est-il du changement climatique ?

Cette première salve a causé d’importants dégâts dans le centre du département avec un vent de secteur sud dépassant les 140 km/h à Cerisy-la-Salle. Au lever du jour, les cicatrices de cette nuit agitée étaient visibles à Saint-Lois et en Coutançais. Arbres au sol, fils électriques éparpillés sur les routes, toits emportés par le vent…Chaque mouvement était un défi.

Renforcer le réseau électrique

Les milliers d’arbres tombés sous la puissance des rafales ont endommagé une grande partie du réseau électrique du département. Au matin du 2 novembre, jusqu’à 125 000 foyers dans la Manche étaient privés d’électricité, 300 000 en Normandie et 1,2 million en France. Près de 600 incidents ont été enregistrés sur le réseau haute tension (20 000 volts) en Normandie (220 dans la Manche) et 850 incidents sur le réseau basse tension (295 dans la Manche).
Cet événement climatique, bien anticipé par Météo-France, a permis au principal distributeur français d’électricité, Enedis, de “pré-mobiliser nos équipes”, rapporte Fabrice Douillet, directeur des affaires territoriales de Normandie. En déployant sa Force d’intervention rapide en électricité (FIRE), Enedis a pu mobiliser en Normandie, dès le 1er novembre, 1 000 techniciens d’une dizaine d’unités venues d’autres régions. “Dans notre région, 95 % de nos clients ont eu l’électricité rétablie le 5 novembre. La dernière fois, c’était 11 jours après Ciarán.”
Pour réduire les risques de coupures de courant lors d’aléas climatiques, Enedis compte actionner plusieurs leviers dans les années à venir. Continuer à enterrer les réseaux électriques, moderniser ses lignes et changer les fils nus, des câbles qui peuvent entrer en collision et sont plus exposés. « D’habitude, tous les cinq ans, nous renforçons 3 500 kilomètres de lignes en Normandie. Nous en ferons 2 000 de plus sur cette même période », assure Fabrice Douillet. Des investissements qui pourraient avoir des conséquences sur le prix de l’électricité, Enedis demandant d’augmenter le Tarif d’utilisation du réseau public d’électricité (Turpe), visible sur chaque facture d’électricité française.

Au même moment, le basculement des vents d’ouest balayait un axe allant de Saint-Sauveur-le-Vicomte à Coutances entre 5h et 9h.

Ce moment en signant leparoxysmede cette tempête extraordinaire, a partiellement rasé certaines forêts du département. Lande de Lessay, forêt de Saint-Sauveur-le-Vicomte… Près de Périers, « sur les 72 hectares appartenant à la commune, 80 % des arbres ont été détruits. On n’avait jamais vu ça, même en 1999», constatait quelques jours plus tard Jean-Luc Launey, maire de Saint-Patrice-de-Claids.

Des vagues impressionnantes ont secoué la côte ouest, comme ici à Port Diélette. ©Archives/Jean-Paul BARBIER

Ce phénomène météorologique extrême, même pour un territoire habitué aux tempêtes, est-il imputable àchangement climatique?

Si la hausse des températures mondiales et océaniques accroît les risques de précipitations intenses et de sécheresse en Europe, « il n’existe pas de consensus scientifique clair sur l’effet du changement climatique sur l’évolution de la fréquence ou de l’intensité des tempêtes en France. Nous n’avons pas observé de tendance significative dans les évolutions passées depuis plus de 40 ans », explique Météo-France.

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