Alors que l’île connaît un déficit pluviométrique important et que certains secteurs sont en tension, habitants et agriculteurs tentent d’adapter leurs usages à la situation. Exemple à Saint-André, déjà touché par des coupures cette année.
Dans ce marché de Saint-André, la question du manque d’eau revient constamment dans les discussions entre maraîchers en ce début de mois de novembre très sec.
“Quand on voit les rivières, les ravins, si ça continue comme ça, il ne sera plus alimenté en eau” déplore ce producteur-marchand. « On évite le gaspillage, on arrose à la main, on n’utilise pas d’arrosage automatique. »
“Nous sommes cinq à six mois sans eau”observe cette fête foraine,“Les plantes vont se dessécher, il faut être très prudent.”
Alors que la préfecture lance une nouvelle fois ce jeudi 31 octobre un « appel à une consommation responsable », les Réunionnais s’organisent.
« On se débrouille avec ce qu’on a. Quand il pleut, nous arrosons un peu les plantes et les fleurs. » explique ce Saint-André.
« Nous utilisons l’eau de pluie, donc quand il n’y en a pas, nous ne l’utilisons pas. Nous mettons du paillis de bois »ajoute cet agriculteur.
“Il y a beaucoup de plantes qui ne tiennent pas”
Un producteur semi-biologique sur le marché Saint-André
« Il y a beaucoup de plants qui ne tiennent pas et qu’on ne peut pas récolter »se désole ce maraîcher. “Chou chinois, salade, chou frisé, il faut beaucoup d’eau…”
« Nous faisons du semi-bio, sans engrais ni pesticides, juste du fumier de poule, mais ensuite nous ne récoltons rien. Il faut prendre l’eau courante, ou bien on s’approvisionne en poubelles. Mais une cuve de 1000 L, ça ne dure pas un an.
Malgré tout, les Saint-Andréens tentent de faire preuve de sobriété dans leur quotidien.
« Dans ces périodes, où il fait chaud avant les pluies, on essaie d’être prudent, on essaie de récupérer l’eau de pluie avec un récupérateur d’eau. A 100 euros il y en a des bons. Lorsque l’eau a été coupée, nous n’avons pas été surpris. » explique Sandrina.
Julie est également prête : « Je n’arroserai pas mes plantes ni ne laverai ma voiture. Nous avons une bouteille qui filtre l’eau, nous l’utilisons pour économiser de l’argent. Il va finir par pleuvoir. »elle espère.
“Nous utilisons beaucoup d’eau mais nous n’avons pas le choix, c’est notre métier.”
Camilla, coiffeuse à Saint-André
Car Camilla, coiffeuse de profession, fait des efforts dans son quotidien. « Nous avons entendu dire que nous pensions que les restrictions d’eau étaient terminées. Mais apparemment non. À la maison, nous n’utilisons pas trop d’eau, nous ne lavons plus les voitures, le jardin est sec car nous arrosons rarement.
Au travail, en revanche, c’est plus difficile. « Au salon, ce n’est pas possible, on utilise beaucoup d’eau mais on n’a pas le choix, c’est le métier. Nous avons besoin d’eau chaude. Nous sommes peut-être le métier qui consomme le plus, à part les agriculteurs”elle admet.
La directrice de cabinet du préfet, Parvine Lacombe, résume cette situation préoccupante. « Janvier 2024 a été excédentaire, mais les mois suivants ont été déficitaires et les prévisions pluviométriques ne sont pas favorables »souligne-t-elle. “Il y a des secteurs en tension, du Port à la Plaine-des-Palmistes, des hauteurs de l’Ouest aux hauteurs de l’Est, avec un déséquilibre entre ressources et besoins.”
À tel point que certaines municipalités ont déjà pris des arrêtés limitant les usages ou ont même connu des coupures comme à Saint-Paul, Sainte-Marie, Cilaos ou Trois-Bassins.
Cependant, à ce stade, « la situation n’exige pas de prendre des mesures générales ou départementales, mais il faut inciter les Réunionnais à la sobriété et à réduire les consommations d’eau non essentielles, par exemple laver sa voiture, sa cour ou arroser son jardin. son jardinrappelle le directeur de cabinet du préfet.
En août déjà, un premier appel à une consommation responsable avait été diffusé, dans l’espoir de tenir jusqu’à l’arrivée de la saison des pluies.