« On se moque de nous, ça devient n’importe quoi ! » Pour Bérangère (1), salariée d’une crèche People & Baby en Indre-et-Loire depuis plusieurs années, l’émotion est encore vive, un peu plus de vingt-quatre heures après l’annonce d’un retard de paiement de son salaire du mois de Octobre 2024.
Dans un message adressé aux salariés, l’entreprise, qui compte des centaines de crèches en France, dont plusieurs en Indre-et-Loire (Tours, Montbazon, Veigné, Monts…), et des milliers de salariés, invoque « un problème de trésorerie lié aux nombreuses manœuvres et actions en justice de Christophe Durieux qui pénalisent lourdement People & Baby ».
«Dès qu’une place se libère ailleurs, je pars aussi»
Christophe Durieux est le fondateur de People & Baby en 2004. Il a été débarqué par ses créanciers en avril 2024, après que sa gestion ait été mise en cause par plusieurs enquêtes journalistiques et alors que sa société avait accumulé des centaines de millions de dollars. euros de dette. Pour faire face à cette situation, l’entreprise explique à ses salariés qu’ils recevront leur paie en deux fois : « Une caution de 350 € pour travail à temps plein sera versée sur vos comptes le 31 octobre et le solde sera crédité en début de semaine prochaine. »
« On va se retrouver avec une carte bancaire bloquée et il va falloir payer des fraisindique Bérangère, exaspérée par la situation. Ils ne réalisent pas ce que nous, les salariés au salaire minimum, vivons. »
Dans sa crèche, toutes ses collègues n’ont pas reçu le même montant, même si elles sont toutes à temps plein. « Certains ont reçu 350 €, d’autres seulement 250 €. »
Prévenu au dernier moment
La nouvelle a été d’autant plus difficile à accepter que les salariés ont été alertés au dernier moment. Bérangère a reçu un message le 29 octobre, vers 17 heures, après sa journée de travail. « Aujourd’hui, nous ne savons pas si nous serons payés, ni combienelle soupire. Nous ne savons pas si nous devons continuer à aller travailler, nous n’avons absolument aucune information de la direction. En fait, on n’en sait rien et les parents peuvent se retrouver du jour au lendemain sans crèche. »
La situation n’est cependant pas nouvelle, constate la professionnelle de la petite enfance. « Je vois le groupe couler de jour en jour. Lorsque nous passons des commandes de couches ou de matériel pédagogique, elles mettent une éternité à arriver. On nous dit que tout va bien, que tout est réglé, mais on voit bien que les choses empirent. »
« Nous avons du mal à recruter »
Il met également en évidence « des heures supplémentaires qui ne sont pas payées, puisque l’entreprise n’a plus d’argent, et qui sont très difficiles à rattraper, puisqu’on n’a pas de volant d’inertie (des professionnels qui viennent en renfort dans certaines crèches). Nous avons du mal à recruter car personne ne veut venir dans les crèches privées, et je les comprends. Dès qu’une place se libère ailleurs, je compte partir aussi. »
Mais l’herbe ne semble guère plus verte ailleurs, explique Bérangère. « C’est pareil partout. L’État s’occupe des écoles maternelles, mais pas de ce qui précède. Depuis quelques temps, les crèches sont les lieux oubliés de la petite enfance. »
(1) Le prénom a été modifié.