P.arlons Climat s’est donné pour mission de comprendre les publics réfractaires à la transition écologique. Cette structure d’expertise s’est ainsi intéressée au psychisme des agriculteurs comme des chrétiens face aux bouleversements climatiques. Dans une enquête publiée le 31 octobre, l’ONG s’intéresse à un phénomène plus transversal : le climatoscepticisme et ses cohortes d’adeptes en France, en rupture avec le consensus scientifique sur la réalité du réchauffement et ses causes – les activités humaines. Pour ce faire, Parlons Climat a croisé des enquêtes d’opinion récentes et des entretiens approfondis auprès de vingt-quatre climato-sceptiques.
Dans ses différentes variantes, le climatoscepticisme rassemblerait entre 25 % et 40 % de la population et serait en hausse. L’étude conclut qu’il existe une part marginale de « négationnistes » purs et durs, ceux qui prétendent qu’aucun changement climatique n’est perceptible. Le profil type du sceptique n’est pas si simple à identifier. On le retrouve dans toutes les tranches d’âge, zones de résidence (urbaines et rurales), niveaux d’éducation et catégories de revenus. Toutefois, les plus de 65 ans sont surreprésentés (33% se considèrent comme climato-sceptiques), tout comme les personnes aux revenus modestes qui n’ont pas fait d’études supérieures.
Les « durs » très à droite
Le climato-scepticisme n’est pas réparti uniformément sur l’ensemble du spectre politique. « 30 % des individus se déclarant de droite sont climato-sceptiques, 42 % de ceux se déclarant très à droite. Contre 13,5% chez les individus se positionnant à gauche. Avec un tiers de climatosceptiques parmi les individus se sentant proches des Républicains et du Rassemblement national », précise Parlons Climat. La croyance négationniste du climat se retrouve majoritairement parmi ceux qui n’ont aucun intérêt à défendre l’environnement et parmi ceux qui rejettent « les écologistes ».
« Une posture défensive face à une transition écologique qui menace les modes de vie »
Selon l’étude, le club climato-sceptique est tout sauf homogène. Les « softies » ne diffèrent guère de la population française moyenne par leurs réticences envers les politiques climatiques : taxation des véhicules polluants, développement des énergies renouvelables ou encore isolation des logements. Les « durs » refusent en revanche toute mesure correctrice. Le segment « concentre davantage d’individus de sexe masculin, âgés de 50 à 64 ans, vivant en milieu rural. Mais il se caractérise avant tout par son positionnement politique, très fort à l’extrême droite et chez ceux qui ne se positionnent pas sur l’axe gauche-droite. On constate une forte antipathie à l’égard des mouvements écologistes », résume Parlons Climat, qui l’estime à 10 % de la population.
Au final, les propos des scientifiques ne sont pas forcément dénigrés par tous les climato-sceptiques. Les auteurs de l’étude voient plutôt ce courant de pensée comme « une posture défensive face à une transition écologique qui menace les modes de vie, les valeurs, les croyances, l’identité et les convictions politiques de certains individus ». Assez proche, là encore, des préoccupations de la société dans son ensemble.