EMMANUEL DUNAND / AFP
Mathilde Panot et Manuel Bompard à l’Assemblée nationale.
POLITIQUE – Jusqu’où peut-on pousser l’insubordination ? La question taraude les députés proches de Jean-Luc Mélenchon depuis leur irruption à l’Assemblée en 2017. Parfois accusés de parler fort, de chahuter leurs opposants, ou encore de manquer de respect aux institutions, ils semblent avoir répondu présent depuis la rentrée. année avec un changement de ton et d’attitude. Dans l’hémicycle, les Insoumis se font remarquer davantage par leurs victoires de fond (adoption d’amendements, élection de deux vice-présidents, etc.) que par leurs coups d’éclat.
«Ils semblent avoir compris qu’on peut s’opposer durement et frontalement au gouvernement sans tout bouleverser. C’est encore plus efficace »confirme un socialiste élu cet été au HuffPostsurpris par ce changement de vitesse. Une stratégie bien rodée, qui doit autant aux circonstances qu’à un plan élaboré en coulisses. D’abord les circonstances. Désormais au nombre de 71, les Insoumis n’ont plus besoin de prouver qu’ils existent, comme en 2017 où ils étaient 17. » C’est le contexte qui a changédit le député LFI Éric Coquerel dans Libération. En 2017 et 2022, nous étions la plupart du temps en minorité, notre rôle était donc d’incarner la résistance à un projet. Ce n’est pas la même chose quand on peut gagner et qu’il faut chercher des voix pour élargir sa majorité. » « Je n’ai aucun regret sur ce que nous avons fait, mais nous entrons dans une autre période »concède aussi la présidente du groupe Mathilde Panot en le monde.
Éric Coquerel lui-même a été réélu président de la puissante Commission des Finances, au centre de toutes les attentions lors de l’examen du budget ; ses collègues Clémence Guetté et Nadège Abomangoli ont accédé au Perchoir ; l’ancienne porte-parole d’Attac Aurélie Trouvé s’est retrouvée propulsée présidente de la commission des affaires économiques… Une série d’heureux événements pour le mouvement mélenchoniste, qui confirme son gain en solennité. En cours d’institutionnalisation, les Insoumis ? «Nous avons une haute idée de l’Assemblée nationale»a soutenu Clémence Guetté sur franceinfo. Les photos prises le jour de sa première session présidentielle ont été largement diffusées dans les milieux militants. Comme ceux de Nadège Abomangoli, dont l’arrivée dans la Salle des Pas Perdus, au son de “la garde républicaine” OMS « bat le général avec les tambours » a été accueilli par… Jean-Luc Mélenchon.
« À ne pas réduire à des caricatures »
“C’est une manière de démontrer que les Insoumis ne peuvent se réduire aux caricatures qu’on en fait”concedes Clémence Guetté. Near the HuffPostun éco-conseiller se réjouit de cette entrée dans une nouvelle ère : « Les Insoumis n’ont pas compris que la plupart des attaques de nos adversaires étaient centrées là-dessus. Ils pourront désormais se concentrer sur le fond et mettre les macronistes face à leurs responsabilités. On va les laisser partir sur la petite phrase de Louis Boyard ou la polémique de Thomas Portes”. Un cadre rebelle avoue dans Libé : « Il y a un équilibre à trouver, certains comportements individuels salissent le collectif. Nous pouvons garder le radicalisme dans le fond mais l’incarner d’une manière différente. Adoucir notre comportement à l’Assemblée ».
Des règles fixées en partie par Jean-Luc Mélenchon lors des journées parlementaires du mouvement à la fin de l’été. Selon plusieurs sources, le tribun aurait transmis des instructions à ses troupes, leur conseillant d’être radicales dans le fond plutôt que dans la forme. Reste que pour Clémence Guetté, parler d’un changement d’attitude serait abusif. Selon elle, cela est plutôt dû à une évolution de « l’appréciation du regard journalistique et des observateurs ». La preuve, promet-elle : les Insoumis ne le feront pas » ne cessez pas d’utiliser tous les registres à votre disposition [eux] alerter sur [leurs] propositions ». C’est la forme qui sert la substance, et non l’inverse.
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