Les inquiétudes concernant l’immigration augmentent au Canada depuis deux ans. Mais ce phénomène est moins marqué au Québec, révèle un nouveau sondage Environics. Quelles que soient les questions – sur le nombre d’immigrants, sur le lien entre immigration et criminalité, sur le statut de réfugié – les répondants québécois font preuve de plus d’ouverture que ceux du reste du Canada.
Une nette majorité des Canadiens des autres provinces, 62 %, soit près des deux tiers, estiment qu’il y a trop d’immigrants. Mais ce n’est pas le cas au Québec, où cette perception, beaucoup moins répandue, n’est pas majoritaire, partagée par 46 % des répondants à un sondage Environics, publié le 17 octobre.
Les résultats de ce sondage vont dans le même sens qu’un autre sondage d’Angus Reid rendu public il y a un mois et semblent indiquer que les Québécois se montrent moins préoccupés par l’immigration en général et ont moins de perceptions négatives.
«Je ne suis pas surprise», déclare Anait Aleksanian, directrice du Centre de soutien communautaire aux immigrants (CACI) à Montréal. « Le Québec est très accueillant et très ouvert. Cela signifie que l’immigration ne nous dérange pas. »
Jean-Pierre Corbeil, professeur au département de sociologie de l’Université Laval, est du même avis. «Pendant de nombreuses années, le «reste du Canada», ou ROC, se targuait d’être plus accueillant et moins résistant à l’immigration», observe-t-il.
Cependant, au cours des cinq dernières années, la République de Chine a commencé à se rendre compte que la forte poussée de l’immigration commençait à poser problème et à l’inquiéter.
Jean-Pierre Corbeil, professeur au département de sociologie de l’Université Laval
Depuis le début du siècle, la perception selon laquelle il y a trop d’immigrants n’a cessé de diminuer, tant au Canada qu’au Québec. Mais nous avons assisté à un renversement de tendance au cours des deux dernières années.
Dans le reste du Canada, en 2022, 33 % des répondants estimaient qu’il y avait trop d’immigration au Canada. Le bond à 62%, deux ans plus tard, est significatif. Au Québec, le retournement est également présent, mais moins marqué, avec un bond de 25 % à 46 %.
Demandeurs d’asile
Il existe également des points de vue différents sur les demandeurs d’asile.
Lorsqu’on leur a demandé s’ils étaient ou non d’accord avec l’énoncé « De nombreuses personnes qui se disent réfugiés ne sont pas de vrais réfugiés », la proportion de Canadiens des autres provinces qui ont répondu « oui » est passée de 41 % à 45 %. Au Québec, on observe un mouvement inverse. En 2022, cette perception était plus répandue qu’ailleurs au Canada, à 46 %, sans doute à cause du chemin Roxham. Mais ce sentiment négatif est tombé à 38 % en 2024, un écart important avec le reste du Canada.
On note également que, parmi les répondants estimant qu’il y a trop d’immigrants, l’idée selon laquelle « les réfugiés exercent un lourd fardeau sur le système de sécurité sociale » est plus répandue au Canada anglais qu’au Québec – 57 % au ROC, comparativement à 47 %. au Québec.
Les résultats de ce sondage, tout comme celui d’Angus Reid, semblent s’écarter d’une idée largement répandue selon laquelle les Québécois, au Canada, seraient plus intolérants et plus fermés à l’immigration.
«La plus grande «positivité» des Québécois est connue depuis longtemps parmi les aficionados du domaine au Canada», assure l’économiste Pierre Fortin. Mais il convient de le répéter, car nous sommes tellement habitués à croire ce que les autres pensent de nous – que nous sommes une bande de racistes – que le dire une fois ne suffit pas. »
D’un autre côté, malheureusement, la politique fédérale et la négligence québécoise qui ont mené ensemble à la récente explosion migratoire ont amené les Québécois, comme les autres Canadiens, à être beaucoup plus nombreux qu’avant à constater qu’il y a trop d’immigration au Canada.
Pierre Fortin, économiste
Les résultats de ce sondage peuvent également suggérer le fait qu’il existe un décalage entre les perceptions des citoyens et le débat politique, notamment le sentiment d’urgence exprimé par le gouvernement du Québec ou encore le souhait du premier ministre François Legault que les demandeurs d’asile deviennent le bulletin de vote. problème de boîte lors d’une élection fédérale.
À cet égard, en réponse à une question sur quel est le problème le plus important au Canada, les répondants, Canadiens ou Québécois, ont mentionné l’inflation, le logement, l’économie et la santé. Les préoccupations liées à l’immigration ne constituent une priorité que pour 4 % des Canadiens et 3 % des Québécois.
Sur des questions qui permettent de mesurer les préjugés envers les nouveaux arrivants, les Québécois ont également fait preuve de plus d’ouverture. « Le Canada accepte trop d’immigrants appartenant à des groupes raciales minoritaires » : 40 % au ROC, 34 % au Québec. « Il y a trop d’immigrants qui viennent dans ce pays et qui n’adoptent pas les valeurs canadiennes » : 58 % au ROC et 53 % au Québec.
De même, l’idée selon laquelle l’immigration augmenterait le taux de criminalité est nettement moins répandue au Québec, à 23 %, que dans l’ensemble du Canada (35 %), en Ontario (40 %) ou en Alberta (48 %).