«C’était une maison, un cabinet médical et maintenant un restaurant», les différentes vies des villas mexicaines de Barcelonnette

«C’était une maison, un cabinet médical et maintenant un restaurant», les différentes vies des villas mexicaines de Barcelonnette
«C’était une maison, un cabinet médical et maintenant un restaurant», les différentes vies des villas mexicaines de Barcelonnette

C’est la plus mexicaine des villes françaises. Barcelonnette, à bien des égards, est une ville attractive. Mais ce qui attise la curiosité lorsqu’on la visite, ce sont ces imposantes bâtisses colorées, qui se détachent au milieu du style alpin. Ces villas sont celles des colons qui ont fait fortune au Mexique au XIXème siècle. Aujourd’hui, ces maisons retrouvent une nouvelle vie. Visite guidée.

Entreprise

De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui composent la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé ou la famille.

Télévisions utilise votre adresse email pour vous envoyer la newsletter « Société ». Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien présent en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Près de 10 000 kilomètres séparent Barcelonnette, petite ville des Alpes-de-Haute-Provence, et le Mexique. Pourtant, l’histoire de la capitale de la vallée de l’Ubaye est liée à ce pays lointain. Au XIXème siècle, les habitants de Barcelonnette émigrent au Mexique. A leur retour, après avoir fait fortune, ils font construire des villas dites « mexicaines ». Près de 80 sont construits dans la vallée de l’Ubaye. Ces villas sont passées de main en main, suite aux changements de propriétaires, et connaissent actuellement une nouvelle vie.

Construite en 1880, la Villa Puebla a retrouvé une seconde vie, une vie artistique. Elle accueille des résidences d’artistes dans ses splendides combles rénovées. Un vrai plus pour la création. “C’est une maison chargée de 150 ans d’histoire, qui raconte une histoire d’émigration et d’immigration parce que les gens sont revenus», explique Luigi Rignanese, musicien conteur avant d’ajouter « et ça me touche ; parce que j’ai une double culture, française, italienne. Là, je suis à la frontière, donc oui, ça nourrit l’imaginaire ».

Des artistes qui bénéficient également d’un hébergement dans cette villa art déco, mais ils ne sont pas les seuls.

“Alors voilà les chambres d’hôtes qui sont magnifiques”, explique Jean-Marc Massie, conteur québécois, lors de la visite. La décoration, le mobilier, chaque détail comme les interrupteurs ont été soigneusement choisis pour provoquer l’admiration des invités de passage. « Parce que réhabiliter un lieu comme celui-là, lui faire vivre ici et maintenant sans renier tout son passé, c’est une démarchearchitectural, sans nier l’histoire du lieu de Barcelonnette, c’est inattendu pour les artistes et c’est magnifique pour les gens d’ici.

Autre villa, plus modeste, à la reconversion tout aussi réussie, Via Lorenzo, devenue un restaurant bistronomique. Lorsque la jeune chef Clothilde Chapuis, passionnée d’architecture, a décidé de s’installer à Barcelonnette, il était évident de choisir un lieu chargé d’histoire.

«C’était une maison d’habitation. Après, c’était le cabinet médical de la vallée donc là, avec le restaurant, on lui offre même une troisième vie. C’est sympa et après ça continuera comme ça ou ça deviendra une maison d’habitation ou des appartements », says Clothilde Chapuis, current propriétaire de Villa Lorenzo.

Beaucoup de contraintes bien sûr pour réinventer ces villas extraordinaires. Il y en a 81 à Barcelonnette, chacun mérite de continuer à raconter l’histoire et le présent de cette vallée.

Au cœur du XIXème siècle, de nombreux habitants partent vers les Amériques et particulièrement le Mexique, attirés par la promesse d’une vie meilleure. Ils sont 2 500 au fil des décennies à avoir tenté cette aventure. Ces migrants, surnommés les « Mexicains de Barcelonnette », ont marqué l’histoire de ces terres lointaines. Au Mexique, certains ont bâti de véritables empires industriels, d’autres de grands magasins comme ceux qu’on trouve à Paris. D’autres encore, moins chanceux et malheureusement les plus nombreux, ne sont jamais revenus ou ont connu l’échec et la misère. On estime que seulement quelques pour cent de ceux qui sont rentrés au pays se sont enrichis. Les Villas Mexicaines, situées autour de Barcelonnette, apparaissent comme les témoins silencieux de cette aventure transatlantique. Classées monuments historiques pour certaines d’entre elles, ces demeures majestueuses ont été construites par des familles qui ont eu la chance de revenir enrichies dans leur ville natale.

>> VIDÉO. Fêtes latino-mexicaines à Barcelonnette

Aujourd’hui, l’une de ces maisons, la Villa Sapinière, construite en 1878, fait office de musée et de centre culturel, préservant non seulement l’histoire des Mexicains de Barcelonnette, mais favorisant également les échanges culturels entre les deux régions. Des expositions, des événements et des ateliers renforcent le lien entre Barcelonnette et le Mexique, célébrant l’héritage d’une communauté qui a transcendé les frontières. Des efforts continus pour préserver et promouvoir cette histoire unique sont menés à Barcelonnette pour attirer l’attention internationale, sous la forme de partenariats avec des institutions culturelles et de programmes d’échange qui renforcent la position de ce musée comme symbole vivant d’un lien culturel durable.

>>

Article written with Véronique Bouvier.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV le bruit de la Route Bleue en question
NEXT Un conducteur ivre placé sous bracelet électronique après avoir tué toute sa famille