« le gouvernement efface tous les progrès réalisés depuis deux ans »

« le gouvernement efface tous les progrès réalisés depuis deux ans »
« le gouvernement efface tous les progrès réalisés depuis deux ans »

En 2022, le Dr Sébastien Fleury et ses collègues du réseau local de services (RLS) de la Haute-Yamaska, dans le secteur Granby, ont été des pionniers dans l’adoption de l’approche GAP. Une vaste refonte a ainsi été amorcée dans les cliniques des groupes de médecine familiale (GMF) de la région pour faire du projet un succès. La décision du ministre de la Santé, Christian Dubé, de couper l’un des principaux ingrédients de ce succès stupéfie le médecin généraliste.

« Nous travaillons dur pour changer la mentalité des médecins afin de les convaincre de voir davantage de patients orphelins. Et nous avons réussi. Mais avec la fin de l’Accord 368, le gouvernement efface tous les progrès réalisés au cours des deux dernières années.»

— déplore le Dr Sébastien Fleury qui coordonne le GAP

Le Dr Fleury qualifie la situation de « retour à la case départ ». « Si les gens ne peuvent plus consulter un médecin dans les GMF, ils se tourneront vers les urgences. Est-ce vraiment ce que souhaite le ministre de la Santé ?

Financement

En gros, les GMF sont financés en fonction du nombre de patients inscrits. Par exemple, la Polyclinique de quartier de Granby, où exerce le Dr Fleury, compte près de 18 000 patients avec un médecin de famille sur place. Une enveloppe est donc allouée par Québec à l’organisation pour les opérations et le personnel. Cependant, de nouveaux patients vus via le GAP s’ajoutent aux personnes inscrites. « Cela permet de progresser [de financement] avoir plus de ressources pour le GMF », a résumé le Dr Fleury.

La lettre d’entente 368, signée en 2022, stipule que pour chaque patient orphelin inscrit, le groupe de médecins qui participent au GAP reçoit une somme forfaitaire de 120 $, soit 30 $ par trimestre. L’accord prévoit également que les GMF doivent offrir davantage de plages horaires sans rendez-vous aux patients orphelins. Selon le nombre de visites des personnes sans médecin, le montant global alloué par Québec aux omnipraticiens peut alors atteindre un maximum d’environ 14 000 $ par trimestre.

A noter que l’entente-cadre, ratifiée par Québec avec la Fédération des médecins généralistes du Québec (FMOQ), date de 2015. Des négociations sont en cours pour la renouveler. L’accord comprend également la clause 8.4. Dans ce cas précis, un GMF (médecins, infirmières, travailleurs sociaux, pharmaciens, etc.) qui s’engage à voir un nombre déterminé de patients orphelins a droit à un montant forfaitaire annuel (entre 21 000 $ et 137 000 $) réparti selon 12 paliers. Par exemple, un GMF qui reçoit entre 2 400 et 2 999 visites de personnes sans médecin, soit le troisième niveau, reçoit un peu plus de 42 000 $.

«C’est avec ce salaire que les médecins paient les ressources, le personnel qui les entoure», a expliqué le Dr Fleury. Et si les coûts sont trop élevés, les médecins iront travailler dans un autre GMF ou dans le privé.

Disparité

Fait important, il existe une grande disparité dans les montants versés par la Régie de l’assurance santé du Québec (RAMQ) pour la consultation d’un médecin en GMF par un patient inscrit ou orphelin. Par exemple, un médecin reçoit environ 47 $ pour une visite de suivi normale pour un patient enregistré, alors qu’il recevra près de la moitié de ce montant, dans le même contexte, pour un orphelin.

« La somme forfaitaire de 120 $ comble en quelque sorte la différence. C’est ce qui a incité les médecins à inscrire autant de patients», a soutenu le Dr Fleury. Selon ce dernier, les médecins de son GMF voient actuellement en moyenne près de 25 % des clients inscrits.

Résultats

Selon Sébastien Fleury, 3 540 patients sans médecin de famille ont été pris en charge à ce jour collectivement dans quatre GMF du RLS de la Haute-Yamaska ​​via le GAP. La Polyclinique du Quartier a enregistré à elle seule un peu plus de 2 000 visites liées au comptoir d’accès au cours de la dernière année, soit environ 600 de plus que la cible fixée dans l’entente avec Québec.

Dans l’ensemble du RLS, il y a eu près de 6 800 visites de patients orphelins au cours de la même période. «Le GAP est donc une excellente idée», a soutenu la personne qui supervise le projet. Ça marche. Réduire le financement est un grand pas en arrière.

Le surf

Le Dr Fleury anticipe un contrecoup important à partir du 1er juin. « Le problème n’est pas que les médecins soient en colère parce qu’ils reçoivent de l’argent pour ne plus avoir à voir de patients. La fin de l’accord pourrait nous faire perdre du personnel [qu’on ne pourrait plus payer]. Cela signifie que les médecins seront davantage débordés et verront moins de personnes. Surtout des patients orphelins.

Dans les deux plus grandes cliniques de Granby, on estime que la fin de l’entente 368 entraînera une réduction de 50 % du nombre de rendez-vous médicaux, a indiqué le Dr Fleury. « Nous reviendrons probablement à ce dont nous étions capables de faire en 2021. »

Pourquoi le ministre de la Santé, Christian Dubé, refuse-t-il de renouveler l’enveloppe de la clause 368 jusqu’à ce qu’une nouvelle entente-cadre soit conclue avec la FMOQ?, s’interroge l’omnipraticien.

Il n’a pas été possible d’obtenir un entretien avec le ministre de la Santé mercredi. Son bureau a donc réagi succinctement par mail. «GAP est là pour rester. Le financement temporaire de l’accord se termine le 31 mai, comme prévu. Nous sommes actuellement en négociations avec les médecins pour un accord-cadre. Le GAP, comme d’autres lettres d’entente avec différents bonus, en fait partie. Nous voulons avoir une vision globale. Nous devons veiller à ce que l’argent investi favorise un meilleur accès et des soins pour les patients.

 
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