SSur les quais de Rouen, dimanche 20 octobre au matin, le silence pesant n’est rompu que par les foulées des joggeurs et les plaintes des oiseaux. La Seine coule lentement, comme si de rien n’était.
Pourtant, c’est elle qui vient d’engloutir la vie d’Owen, 19 ans, dans la nuit du 5 au 6 octobre 2024, alors qu’il rentrait chez lui à Petit-Quevilly après une soirée passée à la discothèque Le So. Son corps a été repêché dans la rivière mardi 15 octobre, près de Canteleu. L’autopsie pratiquée depuis a conclu à une chute accidentelle.
“Ça pourrait être mon fils”
A quelques encablures du lieu du drame, la famille du jeune homme attend en silence près du hangar 106. Environ 500 personnes vêtues de blanc ont répondu à son appel pour longer les quais pour lui rendre un dernier hommage.
“Cela pourrait être mon filsexplique Laurence, visage sombre et rose blanche à la main. Je ne le connaissais pas, mais je suis là pour soutenir la famille. Si quelque chose comme ça m’arrivait, j’aimerais que quelqu’un soit là pour moi. “Cela n’arrive pas qu’aux autres, fait écho une autre maman venue avec sa fille Éléa, 20 ans, qui a connu Owen de loin. « J’ai un fils qui a deux ans de plus que lui. En tant que mère, cette tragédie me bouleverse. »continue-t-elle en étouffant un sanglot.
« Meurs si jeune »
Le départ de la marche est bientôt donné. Proches et inconnus suivent les derniers pas d’Owen le long de la Seine, de la rive gauche jusqu’au So, où le jeune homme a passé sa dernière soirée.
« Ce n’est pas le premier jeune à mourir dans ces conditions, Monique s’indigne. Il faudrait déplacer Le So et tous les autres bars des quais pour éviter de nouveaux drames ».
Dans le cortège, on échange des souvenirs sur ce gamin à la messe basse. “très drôle” et « toujours souriant ». « On a joué une saison dans la même équipe de football au sein de l’ASPTT, il était toujours là pour les autres, dit Antoine. Mourir si jeune dans un accident, on se dit que c’est injuste ». « Depuis qu’Owen a disparu, je ne rentre plus seul le soir en bus.explique Sofiane, 18 ans, qui a participé aux recherches pour le retrouver en vain. J’appelle ma mère pour qu’elle rentre avec moi. »
En arrivant devant Le So, la promenade s’arrête et le silence retombe. La famille d’Owen s’approche enfin de la rivière pour y jeter des roses et des ballons, en guise d’offrandes finales. Avant de lire un message écrit par sa mère : « En rendant hommage à Owen, je veux faire passer un message : prenez soin de vous et de votre entourage, pour que cela ne se reproduise plus. »