Au nord de Bruxelles, campagne électorale clandestine centrée sur Gaza, Good Move et massacre rituel

Au nord de Bruxelles, campagne électorale clandestine centrée sur Gaza, Good Move et massacre rituel
Au nord de Bruxelles, campagne électorale clandestine centrée sur Gaza, Good Move et massacre rituel

Au MR, on se garde bien d’enterrer trop vite Ahmed Laaouej et son parti. Le PS reste une machine électorale qui peut faire mal, en vitesse de croisière.

»Nous et le MR, c’est effectivement très serré, glisse un ténor du PS, sur la base d’une enquête à usage interne réalisée par le parti, et qui donne le MR et le PS au coude à coude. Dans les quartiers populaires, nous parvenons encore à redresser la situation dans les derniers jours avant les élections. Nous avons toujours une stratégie de dernière minute en réserve. Mais je n’en dirai pas plus… »

« Sujets ultra-communautaires et Good Move »

Pour l’instant, la campagne électorale bruxelloise ne se déroule ni de manière conventionnelle ni sur des thématiques classiques.

» Ça tourne autour de sujets ultra-communautaires, et de Good Move. Et je nous inclut dans l’analyse”résume un libéral.

Gaza, le thème de campagne auquel on ne s’attendait pas : « Pour certains, défendre Israël, c’est défendre l’Occident menacé par un Islam menaçant… »

»Les thématiques dépendent des quartiersnuance Martin Casier (PS), député de Watermael-Boitsfort. Il y a de la mobilité et du Good Move, clairement. Mais aussi, beaucoup, l’éducation, la rénovation énergétique et le coût du logement. Gaza revient également, dans une ou deux réunions sur trois. En revanche, c’est très rarement le cas du massacre (rituel), qui vit davantage dans les groupes WhatsApp (une messagerie numérique, NDLR) ».

« On pourrait faire une thèse de doctorat sur ces fameux groupes WhatsApp, ironise un élu socialiste. C’est devenu LE moyen de communication du PS. Nous avons déjà reçu des dizaines de messages d’Ahmed Laaouej (président du PS bruxellois) via ce canal. Ses premiers messages sont ensuite envoyés à des leaders d’opinion locaux, dans chaque quartier, qui repartagent le message dans leur communauté d’origine. Près d’un message sur deux concerne la situation à Gaza. Il y en a aussi beaucoup sur le PTB et Good Move. Via ces chaînes, il n’y a aucun contrôle de la part du public ni d’aucun journaliste, et les candidats ne font donc pas de langues. C’est une communication à sens unique.

Certains de ces messages, qui Le Librea pu consulter, sont accompagnés d’instructions très pédagogiques visant à les partager sur les différents réseaux sociaux, en les déclinant par canal de diffusion – « Vidéos Tik Tok », « Real » Facebook, « Story » Instagram, etc. – ou en les transférant »par WhatsApp pour ceux qui ont des listes de diffusion ».

Le PS n’est pas le seul parti à pratiquer cela.

»Toxique pour le débat démocratique »

« Il y a l’espace public, officiel, où les gens restent polis. Et puis il y a les groupes de discussion informels, sur WhatsApp par exemple, où tout est permis. Et où certains sont prêts à mettre n’importe quoi dans la bouche d’un concurrent politique sans craindre d’être contredit. C’est apparemment efficace. Mais c’est un poison pour le débat démocratique.» regrette John Pitseys, chef du groupe Ecolo au Parlement bruxellois.

Ce mode de communication associé à une large présence sur le terrain serait, en sont convaincus les socialistes, bien plus efficace qu’une présence dans les médias traditionnels.

»Il ne s’agit pas d’une campagne clandestine. C’est ici que se déroule la véritable campagne, du moins dans le Nordobjecte l’Anderlechtois Amin El Boujdaini, candidat sur les listes régionales du MR. Le PTB a réussi à faire de Gaza un thème de campagne, et le PS surfe sur cela. Le PS et le PTB se concentrent sur les communes d’Anderlecht, Molenbeek, Saint-Gilles, Schaerbeek ou Saint-Josse. Là-bas, les premiers thèmes de campagne sont la Palestine, les massacres rituels et le port de symboles de conviction. C’est problématique car ces sujets ne font que diviser les citoyens. Good Move revient également dans toutes les discussions. En revanche, on ne parle pas beaucoup de sécurité, à part les parents et les grands-parents. Quant au pouvoir d’achat, seuls ceux qui s’intéressent déjà un peu à la politique de base nous en parlent.»

Les libéraux francophones, malgré une stratégie d’ouverture à la diversité sur leurs listes – qui leur a aussi valu des accusations internes de communautarisme – restent largement perçus comme un corps étranger dans certains quartiers. Le PS bruxellois n’hésite pas à enfoncer le clou en les accusant de flirter »avec l’extrême droite ».

“Le MR flirte avec l’extrême droite” : le PS bruxellois réagit aux attaques du MR sur le projet d’examen du permis de conduire traduit en 8 langues

mouette

Sur les réseaux sociaux, les Belges d’origine marocaine du MR sont traités de Khobzistes. Cela signifie une personne prête à vendre sa mère et à tout nier pour un mandat. Nous sommes aussi appelés sionistes, vendus, incroyants, etc.

“Pour un candidat MR, ce n’est pas évident de faire campagne dans certains quartiers, confirme Amin El Boujdaini. Sur les réseaux sociaux, les Belges d’origine marocaine du MR sont qualifiés de « Khobzistes ». Cela signifie une personne prête à vendre sa mère et à tout nier pour un mandat. On nous traite aussi de sionistes, de trafiquants, d’incroyants, etc. Nous passons notre temps à nous justifier sur des sujets qui ne sont pas centraux à Bruxelles.»

Certains candidats prennent des libertés…

Challenge connaît également quelques difficultés.

« Les candidats au défi ont été repoussés sur le terrainacquiesce Joëlle Maison (Défi), députée bruxelloise. On les traite de racistes parce que le parti est contre le voile dans la fonction publique. Dans certains quartiers, notre parole ne passe pas. A Bruxelles, comme en Belgique, il existe malheureusement une fracture nord-sud.»

Sur le terrain, certains élus n’hésitent pas à prendre quelques libertés avec le programme de leur parti. Fin avril, le député Emin Ozkara, candidat du DéfI, affirmait devant un large public que l’abattage rituel était une ligne rouge comprenant «nous ne pouvons pas discuter. Son parti plaide cependant dans son programme pour l’obligation d’assommer et la neutralité totale des services publics.

Mercato au Défi, qui recrute le député Emin Ozkara : « Au PS, il fallait aller dans sa communauté et faire du clientélisme. Mais ce n’est pas moi.

Chez les Engagés, le candidat Hosni Essaouiki, transfuge du MR, a pour sa part occulté la véritable position de son parti, favorable à l’obligation d’étourdissement. « En 2022, les Engagés ont tous voté contre l’interdiction de l’abattage rituel, donc pour le Halal »a-t-il expliqué dans une vidéo sur Instagram fin avril.

Les partis, quant à eux, regardent ailleurs. Pensent-ils alors à cette citation de Machiavel ? “Une bataille que vous gagnez annule toute autre mauvaise action de votre part.

 
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