Par
Inès Cussac
Publié le
20 octobre 2024 à 8h38
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Pousser la porte de ce bar est un saut dans le temps. Depuis plus d’un siècle, Le bar Harry à Paris (2e) accueille les Américains de passage dans la capitale dans une ambiance aussi festive qu’intimiste. La famille, propriétaires des lieux depuis quatre générationsa toujours su préserver la décoration intemporelle de ce lieu. Au fil des années, c’est devenu témoin de l’histoire autant qu’acteur. « Le but est de rester classique, intemporel, tout en vivant dans notre époque », résume Franz-Arthur MacElhone, l’actuel propriétaire des lieux et arrière-petit-fils de Harry MacElhone, le premier gérant.
Serveurs de recherche
Lorsqu’il s’agit d’ancien et de classique, il n’y a qu’à regarder la décoration et le mobilier. Comme le comptoir qui traversa l’Atlantique en 1910. Démantelé à Manhattan puis remonté à Paris, il fit ce voyage pour s’évader. interdiction pointant le bout de son nez vers les États-Unis.
L’ancienneté du lieu se retrouve également sur les fanions portant les noms des universités américaines placardés au fil du temps sur les murs. Le plafond, noirci par la nicotineest marqué par les générations successives. Surtout, l’ancestralité se voit à travers les serveurs avec des vestes blanches sur les épaules. Les mêmes que celles des barmen des années 1920, dont les photos sont encadrées devant le comptoir.
Harvard, Yale, Army et Navy : nous avions au départ quatre fanions qui donnaient sur l’extérieur. Peu à peu, toute cette collection est apparue.
Tels des scientifiques sur leur paillasse de laboratoire, les serveurs du Harry’s Bar mesuraient savamment les cocktails sur leur bar en acajou. Le Side Car, le Bloody Mary, la White Lady, le French 75 ou encore le Blue Lagoon y a été créé. C’est également ici qu’ont été dégustés les premiers hot dogs et Coca-Cola en France.
Les airs de jazz qui résonnent depuis le sous-sol où est installé le piano et la décoration cosy restée dans son état d’origine, assurent l’ambiance. festif et intimiste de ce QG américain. D’innombrables personnalités se sont également rendues dans ce bar pour voter fictivement avant de prendre l’avion – comme Morgan Freeman –, pour déguster un cocktail aux saveurs incomparables – comme Ernest Hemingway – ou encore pour y écrire un monument. d’Hollywood – comme George Gershwin avec la musique deUn Américain à Paris.
Cité par Hemingway
L’histoire n’a pas fini de s’écrire au Harry’s Bar. De 12h à 2h du matinles clients défilent en permanence. « C’est un incontournable pour les Américains », souligne Aaron, qui n’est à Paris que cinq jours mais envisage déjà de revenir. C’est à travers des articles de presse mais surtout grâce à Paris est une fêteque Gina, une Texane en vacances en France, connaissait le bar. «C’était sur ma liste de choses à faire à Paris», dit-elle.
Si les Américains occupent une part importante de la clientèle, les Français ne sont pas en reste. Une fois la journée de travail terminée, le bar devient le temple des afterworks pour tous les cols blancs du quartier.
Depuis cent ans, Harry’s Bar est un bureau de vote
Tous les quatre ans, Harry’s Bar fait office de bureau de vote fictif depuis 1924. Un mois avant chaque élection présidentielle, les Américains sont invités à désigner le prochain occupant du Bureau Ovale. Le 7 octobre, ce bar mythique de Paris a célébré le 100e anniversaire de ce « vote de paille ». « Cela vient de la frustration. Il y a cent ans, le vote par procuration n’existait pas aux États-Unis, les clients américains en étaient frustrés. Mon arrière-grand-père, Harry MacElhone, a donc eu l’idée de faire un ‘vote de paille’ pour créer une ambiance festive autour des élections», se souvient Franz-Arthur MacElhone. En période électorale, un décompte est organisé chaque vendredi pour suivre l’évolution du vote qui, au cours du siècle dernier, ne s’est trompée que trois fois. « Dans les années 1970, la Maison Blanche appelait ici pour savoir quelles étaient les prévisions et ce que pensaient les Américains à Paris », poursuit le propriétaire des lieux.
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