L’État belge poursuit Sudinfo, un « retour de la censure sans précédent » en Belgique

L’État belge poursuit Sudinfo, un « retour de la censure sans précédent » en Belgique
L’État belge poursuit Sudinfo, un « retour de la censure sans précédent » en Belgique

Sudinfo fait donc l’objet d’une plainte conjointe, déposée en référé par l’Etat belge, via le ministre de l’Intérieur, et un fonctionnaire de l’Etat», annonce un communiqué du groupe de presse. « Sans entrer dans le détail des débats, que nous souhaitons laisser entre les mains de la justice, cette plainte ne manque pas de surprendre puisque le ministre de l’Intérieur réclame différentes mesures de la part du groupe Sudinfo : la suppression de cinq publications en ligne, diffusée entre les mois de novembre 2023 et juin 2024, relative à l’enquête du Qatargate. Plus surprenant encore, le ministre de l’Intérieur demande au tribunal d’interdire au groupe Sudinfo « toute publication similaire » à l’avenir. »

Il s’agit d’informations selon lesquelles l’État belge et le responsable en question (un policier) souhaiteraient supprimer les agissements signalés par ce dernier dans le cadre de l’enquête du Qatargate. Son nom et sa photo ayant été publiés, l’agent s’est senti lésé dans sa vie privée.



« Il est envisageable que quelqu’un intente une action en justice pour faire interdire un article qui le concerne », poursuit Sudinfo dans son communiqué. «Mais qu’une ministre fédérale se lance dans une telle procédure dans l’espoir d’obtenir une censure éternelle sur des publications qu’elle estime « similaires » à celles qu’elle conteste, mérite sans doute une sérieuse réflexion. niveau étatique, dans un pays démocratique comme la Belgique, qui a inscrit la liberté de la presse et l’interdiction de la censure dans sa propre Constitution. »

En effet, l’État belge et la police exigent non seulement que le magistrat ordonne la suppression des cinq publications contestées – avec une amende de 1.000 euros par jour de non-exécution – mais aussi qu’il les interdise à l’avenir. toute publication « similaire », sans que la signification de « similaire » soit autrement précisée.

Contacté par Le soirTant le groupe Sudinfo que ses avocats ont souhaité s’en tenir strictement au communiqué, ils n’ont pas souhaité commenter. Quant aux conseils d’Etat belges, ils n’ont pas répondu à nos demandes.

La ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden, a en revanche réagi jeudi, estimant que les critiques formulées à son encontre par Sudinfo – tentant d’instaurer une « censure éternelle » – sont des « accusations très graves et infondées ». Ce ne serait, poursuit-elle, « qu’en tant qu’employeur du policier et représentant de l’État belge que son nom serait cité dans la procédure. En conclure que je porte personnellement atteinte à la liberté de la presse en tant que ministre est non seulement complètement faux, mais c’est aussi une interprétation néfaste et sensationnaliste du droit à la liberté de la presse”, a-t-elle réagi. .

L’audience devant le tribunal de première instance de Namur s’est tenue mardi, l’ordonnance devrait être rendue dans le courant du mois de novembre.

« Mesure inconstitutionnelle »

Rappelant que l’article 25 de la Constitution stipule que « la presse est libre, la censure ne peut jamais être instaurée », Sudinfo dénonce le caractère « anticonstitutionnel » de la demande de l’Etat belge et de son ministre.

Une tentative de censure et donc une atteinte à la liberté d’informer qui passe d’autant moins inaperçue qu’elle a des précédents récents. Il y a une semaine, c’est le président du tribunal de première instance de Liège qui a rendu une ordonnance interdisant Soiréeainsi qu’à tous les autres médias du groupe Rossel, la publication d’un article concernant Maxime Degey (MR), Premier échevin de la Ville de Verviers et tête de liste « Ensemble Verviers » à l’élection municipale du 13 octobre. Sous astreinte d’une amende de 50 000 euros.

Le magistrat a rendu cette décision en moins de 24 heures, suite à une demande unilatérale de l’échevin de Verviers, soit sans Le soir peut faire entendre ses arguments.

Considérant que cet article restait d’intérêt public, Le soir et le groupe Rossel a annoncé qu’il « utiliserait toutes les voies légales pour contester cette censure ». Cette censure a également été dénoncée par le Media Freedom Rapid Response, un mécanisme qui recense les violations de la liberté de la presse au sein de l’Union européenne, dans les pays candidats et en Ukraine.

Le 4 septembre, c’est le tribunal de commerce de Bruxelles qui, répondant à la demande d’un huissier qui voulait faire interdire une enquête de la RTBF le mentionnant, s’est estimé compétent au motif que ce litige pouvait être interprété comme opposant une entreprise (l’huissier ) qui porte plainte pour pratiques commerciales déloyales à l’encontre d’une autre société (la RTBF). Même si le juge a finalement débouté l’huissier – n’ayant pas pris connaissance du rapport avant sa diffusion, il n’a pas pu apporter la preuve du dénigrement – ​​c’est la première fois qu’un magistrat donne la priorité au code économique, issu du droit européen. , contre la loi belge, qui consacre la liberté d’informer et interdit la censure.

Un an plus tôt, en septembre 2023, c’est le président du tribunal de première instance de Termonde qui avait donné raison au président du Vooruit, Conner Rousseau, qui réclamait l’interdiction d’une publication de VTM. et de Les dernières nouvelles à propos d’un reportage détaillant les propos racistes qu’il avait tenus dans un café de Saint-Nicolas. Cette décision a finalement été annulée par la cour d’appel de Gand le 28 mars 2024, qui a rappelé que la censure préventive était interdite.

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