Durant la première quinzaine d’octobre, une délégation guyanaise s’est rendue en Chine. Dirigée par Monique Blérald, présidente de l’Observatoire régional du carnaval guyanais, elle a participé au Festival international d’art français Gannat à Qingxu. Sa mission : promouvoir la Guyane à travers certaines de ses danses, sa musique, ses tenues, avec un coup de projecteur spécifique sur son touloulou emblématique. Styliste, couturier, président de l’association Mo, Auguste Horth revient sur ce voyage.
Touloulous défilant dans les rues. La scène peut paraître surprenante en plein mois d’octobre. C’est encore plus incongru quand on sait que ce qui pourrait être un carnaval hors-saison se déroule dans l’Empire du Milieu. A l’origine, il y avait une invitation faite à Monique Blérald. En sa qualité de présidente de l’Observatoire régional du carnaval guyanais, elle a été invitée au Festival international d’art français Gannat, un événement qui fait la part belle aux cultures du monde à Qingxu, district administratif de la province du Shanxi en Chine. “J’ai ensuite invité plusieurs autres groupes”indique le professeur des universités, docteur en littérature française, francophone et comparée. Participent au voyage : une partie du groupe folklorique Châtaigne d’Émilie Sébéloué, l’Association Mo avec Auguste Horth, les Divas paré maské de Paris de Katia Sébéloué, six musiciens de l’association To ké mo, dirigée par Emile Cibrélus. « J’ai également invité une doctorante du laboratoire de recherche Minea de l’Université de Guyane, Aurélia Chang Roque Ling, dont le père est chinois et dont la mère est créole » adds Monique Blérald.
Sur place, chacun s’est attaché à mettre en valeur une partie des cultures guyanaises et notamment le Touloulou. Quelques jours après le retour du groupe en Guyane, Auguste Horth est encore submergé d’émotion.
« Nous avons eu un succès incroyable. Quand j’en parle, j’ai encore la chair de poule. Quand les gens voyaient les danses du touloulou, ils se demandaient ce que c’était. Dès notre descente du podium, nous étions très entourés. Tout le monde nous a posé des questions en découvrant les danses, les robes, les têtes attachées… L’interprète nous a transmis les questions, Madame Blérald a été interrogée par un journaliste. Quand les gens ont découvert que c’était moi qui créais les tenues, ils m’ont dit que j’étais un grand créateur. ! »
Outre les robes touloulou, Auguste Horth a confectionné certaines des robes portées par les danseuses du groupe Châtaigne. Comme pour les tenues touloulou, la créatrice a souhaité un maximum de « belles robes, jolies, voyantes. »
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Je suis repartie de chez moi avec la tête pleine d’idées pour mes futures créations !
Si le public chinois a apprécié notre carnaval, nos costumes et nos danses, il n’est pas le seul. Preuve en est, ce groupe de musiciens auvergnats qui reprennent avec enthousiasme l’un des classiques du carnaval de rue guyanais. De leur côté, les Guyanais ont pu découvrir les arts d’autres pays du monde ou régions de France.
Auguste Horth devint lui aussi riche au cours de ce voyage. « Je ne vais pas vous dévoiler mes prochaines créations, mais je peux déjà dire que j’ai fait des achats, notamment du tissu, pour la prochaine période de carnaval. Je suis repartie de chez moi la tête pleine d’idées pour mes futurs projets. ! »
Face à l’accueil enthousiaste réservé à la délégation guyanaise, le créateur ne cache pas sa joie : « Quand j’ai vu à quel point les gens appréciaient les costumes et les danses, je me suis dit que la Guyane réussissait très bien dans les festivals. Le Touloulou a fait son chemin et je crois qu’il continuera à le faire pour que nous puissions accéder à l’UNESCO. » Ce classement au patrimoine mondial de l’UNESCO est en effet l’une des missions de Monique Blérald et de l’Observatoire du Carnaval. « A travers cette délégation composée de plusieurs groupes, explique Monique Blérald, nous avons voulu faire preuve de cohésion, d’unité autour du touloulou, comme le stipule la convention de l’UNESCO de 2003. Car le touloulou, déjà inscrit en octobre 2017 sur la liste de l’inventaire national, est toujours en course pour figurer sur la liste représentative de l’humanité à l’UNESCO. »