Sur les douze derniers mois, le Cantal a reçu beaucoup de pluie, plus de 3 700 mm sur les hauteurs du département où la moyenne annuelle tourne autour de 2 000 mm. Simon Mittelberger, climatologue à Météo France, revient sur ce phénomène.
Le Cantal connaît-il une situation particulière où toute la France a reçu plus d’eau cette année ?
Le Cantal n’est pas une situation particulière. Ceci est cohérent avec ce que l’on peut observer sur l’ensemble du territoire. En moyenne sur l’ensemble de la France, le printemps 2024 a été le plus humide depuis 2008. Le mois de septembre a été le plus pluvieux depuis 25 ans. Et l’automne 2023 a également été exceptionnel. Le Cantal ne fait pas exception.
Comment s’expliquent ces pluies ?
Ceci est principalement lié à la position des anticyclones et des dépressions, et donc à la circulation météorologique en général. Nous avons eu un peu plus de perturbations venant de l’ouest.
Des sécheresses aux fortes pluies
Ces dernières années, les alertes à la sécheresse se sont multipliées, comment passer de l’une à l’autre ?
Nous sommes confrontés à la variabilité naturelle du temps. Il y a eu une grosse sécheresse en 2022, une année un peu intermédiaire en 2023 puis en 2024 on passe de l’autre côté avec un temps plus humide.
Est-ce caractéristique du changement climatique d’avoir des phénomènes très intenses d’un côté ou de l’autre ?
Oui et non. Non dans le sens où, cette année, nous avons vraiment affaire à une variabilité naturelle. A l’échelle de la France, nous sommes dans une année particulièrement pluvieuse mais nous ne sommes pas de l’ordre de l’exceptionnelle, du moins pas encore. Mais, dans un contexte de changement climatique, on sait que les situations sèches vont devenir de plus en plus sèches et, à l’inverse, on voit venir des situations beaucoup plus pluvieuses.
Un massif exposé
Le Cantal et le massif central sont souvent considérés comme le château d’eau de la France, y pleut-il réellement plus qu’ailleurs ?
Oui, en général et oui cette année. Le Cantal possède un territoire très exposé. Lorsque les précipitations rencontrent le relief, les nuages les bloquent. Très souvent, ils ne peuvent pas passer de l’autre côté et doivent libérer toute l’eau qu’ils contiennent. Le Cantal présente un relief particulièrement exposé aux précipitations venant de l’ouest et de l’Atlantique.
Peut-on s’attendre à ce que la pluie continue dans les mois à venir ?
A Météo-France, nous faisons des tendances d’évolution au moins pour les trois prochains mois. Malheureusement, sur les dernières tendances, nous ne disposons pas de signaux clairs sur les précipitations. Nous n’avons donc pas de scénario fiable pour les trois prochains mois.
Mathieu Brosseau
France
