Robert, prénom d’emprunt, est un travailleur acharné de 57 ans. Depuis près de 37 ans, il travaille comme chauffeur d’autobus scolaire. Un travail à responsabilités mais dont le salaire est bien en deçà de ce qu’il estime suffisant. A titre de comparaison, nous vous parlions récemment de José, un habitant de Jurbise au chômage depuis près de 14 ans et qui perçoit 1 400 euros d’allocations par mois. Une différence ridicule quand on compare les carrières des deux Belges. Pourtant tous deux sont mécontents de leurs montants respectifs…
Aucune comparaison possible entre ces deux hommes. Robert gagne à peine 1 966 euros net par mois et doit même être au chômage l’été. Cette situation ne lui convient pas. Stijn Baert, économiste à l’UGent, est entièrement d’accord : « Un travail avec des responsabilités, 37 ans d’expérience et même pas 2.000 euros sur votre compte ? C’est vraiment lamentable. »
José, chômeur depuis 14 ans : « Avec 1 400 euros par mois d’allocations, ce n’est pas suffisant » (vidéo)
Le père de deux enfants se confie à HLN : « Cela fait maintenant 37 ans que je fais ce métier. Jusqu’en 2001, je travaillais pour une entreprise de transport dans le secteur du tourisme, aujourd’hui mon employeur est un groupe scolaire qui regroupe une vingtaine d’écoles. Quatre-vingt pour cent de mon travail consiste à conduire le bus scolaire, le reste du temps je travaille comme bricoleur. J’effectue des petites réparations et entretiens le matériel. » Tout cela pour 2519 euros brut par mois, soit 1966 euros net.
Son salaire est donc vraiment très, très bas pour quelqu’un dans sa situation. Un métier à responsabilités, 37 ans d’expérience et même pas 2 000 euros ?
« Si on regarde le travail qu’on doit faire et les responsabilités qu’on a, je trouve ce salaire très insuffisant. D’autant qu’en juillet et août, nous sommes mis à l’écart. Dans ce cas, je dois pointer et je ne reçois qu’environ 1 500 euros. » Robert ne bénéficie d’aucun avantage extra-légal. « Nous ne recevons même pas de titres-repas. Le seul avantage c’est que j’ai 28 jours de congé. Si en plus il y a quelque chose à faire en dehors des heures de travail, par exemple une fête scolaire, nous sommes également censés y participer, même le week-end. Nous ne sommes pas payés pour cela. »
A 81 ans, Albert conduit toujours le bus scolaire et ramasse les déchets à Anthisnes : “Tout ça me maintient en forme”
Une situation que dénonce Stijn Baert : « Le salaire moyen pour quelqu’un sans diplôme d’études supérieures et avec plus de trente ans d’expérience est de 4.149 euros brut. Robert est donc bien en dessous de ce seuil. En effet, son salaire brut est inférieur au salaire moyen de départ de 2 656 euros pour une personne sans diplôme de l’enseignement supérieur », explique-t-il. « Son salaire est donc vraiment très, très bas pour quelqu’un dans sa situation. Un métier à responsabilités, 37 ans d’expérience et même pas 2 000 euros ? C’est tragique… »
Cependant, le métier de chauffeur de bus est en pénurie. On pouvait donc s’attendre à des contrats attractifs. Mais non… parce que c’est aussi un métier qui n’offre pas de « bonnes conditions de travail ». »
Bart recommande fortement à Robert de négocier son salaire à la hausse. “Je ne sais pas dans quelle mesure les salaires des chauffeurs de bus au sein de son groupe scolaire sont fixes et sa retraite n’est pas très loin, car en principe il devrait pouvoir partir à 61 ans, mais si j’étais à sa place , je négocierais. Robert est en position de force car il exerce un métier en pénurie. Il pourrait demander à son employeur de faire un choix : soit un meilleur salaire, soit un CDI. »
A 20 ans, Sorenza Ferraris (Durbuy) devient conductrice de bus : « Après quelques minutes au volant de mon bus, j’ai tout de suite été convaincue que j’étais faite pour ce métier »