Rami Abou Jamous, témoin de l’enfer de Gaza, triple lauréat du Prix Bayeux des correspondants de guerre

Rami Abou Jamous, témoin de l’enfer de Gaza, triple lauréat du Prix Bayeux des correspondants de guerre
Rami Abou Jamous, témoin de l’enfer de Gaza, triple lauréat du Prix Bayeux des correspondants de guerre
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Le journaliste gazaoui Rami Abou Jamous lors de la cérémonie de remise des prix à Bayeux depuis sa tente à Gaza, le 12 octobre 2024. CAPTURER PBCN2024

C’est devenu un rituel. Chaque matin, quand le réseau Internet n’est pas coupé et quand il n’est pas contraint de fuir avec sa famille face aux avancées de l’armée israélienne, Rami Abou Jamous poste deux messages sur « Gaza ». Vie”, le groupe WhatsApp qu’il partage avec plus de 150 journalistes et humanitaires francophones : “Bonjour les amis” et “Toujours en vie”. Quand le journaliste gazaoui tarde à signaler, à répondre « Bonjour le rami » des abonnés à cette précieuse chaîne d’information, l’inquiétude monte en flèche. Et quand, après quelques heures d’un silence insupportable, les deux messages favoris s’illuminent sur les écrans des smartphones, l’application résonne d’un immense « ouf » de relief numérique.

Samedi 12 octobre, un tonnerre d’applaudissements a retenti dans le groupe. Le 31e édition du prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre récompensé Rami Abou Jamous pas moins de trois récompenses : le prix de la presse écrite pour le site Orienter 21le prix de la télévision grand format pour BFM-, et le prix Ouest de la -Jean Marin. Un « grand chelem », du jamais vu dans l’histoire de cet événement, qui distingue le travail acharné accompli par ce Palestinien de 46 ans, malgré la guerre qui dévore la bande de Gaza : son journal de bord, publié par Orienter 21un magazine en ligne consacré à l’actualité du monde arabe, et à ses reportages télévisés, diffusés sur plusieurs chaînes françaises.

En honorant Rami Abou Jamous, le Prix Bayeux salue également le courage et la résilience de tous les professionnels des médias à Gaza, une profession exsangue. En un an, plus de 130 journalistes ont été tués par les forces israéliennes à Gaza, dont plus de 30 alors qu’ils faisaient leur travail, selon l’ONG Reporters sans frontières.

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« L’information, c’est moi aussi »

Sur le groupe WhatsApp, après le rituel matinal, Rami Abou Jamous enchaîne les nouvelles de la nuit. Un récit invariablement déprimant, tissé de bombardements, de vidéos d’enfants mutilés et de déplacements forcés. À intervalles réguliers dans la journée, il poste des communiqués du Hamas ou de l’armée israélienne, répond aux questions de ses partisans, partage des informations ou des analyses sous forme de message vocal. Un travail de surveillance et de décryptage, réalisé avec une précision sans faille et sur un ton miraculeusement affable. C’est sa marque de fabrique. S’il a donné à son groupe WhatsApp, créé en 2018, le nom « Gaza ». La vie », à contre-courant des images traditionnellement associées à ce territoire, c’est témoigner de l’endurance de ses habitants, de leur force d’âme.

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