Les appels à la débaptisation se multiplient en Belgique après les propos polémiques du pape lors de sa visite

Les appels à la débaptisation se multiplient en Belgique après les propos polémiques du pape lors de sa visite
Les appels à la débaptisation se multiplient en Belgique après les propos polémiques du pape lors de sa visite

Quelque 200 Belges comptent demander à être rebaptisés. C’est la conséquence de la visite du pape François qui a soufflé de bout en bout le vent de la polémique. Plus précisément, même dans l’avion qui ramenait le souverain pontife à Rome. Lors d’une rencontre avec des journalistes, il a qualifié les médecins qui pratiquent des avortements de « tueurs à gages ».

L’appel à la débaptisation a commencé par un message sur les réseaux sociaux de Bernard De Vos, l’ancien délégué général aux droits de l’enfant. De Vos parle d’en avoir « marre » et souhaite que sa défection « soit constatée dans le registre des baptêmes ». Il ne veut plus être attaché à l’Église « sous quelque forme que ce soit ».

Son initiative a rapidement rassemblé 200 personnes. “Le but de cette défection collective est donc de s’éloigner d’une approche individuelle et de faire connaître un désaccord profond, partagé par de nombreux citoyens”, explique-t-il dans les colonnes du Soirée.

Bernard De Vos se dit choqué par les positions du pape sur la communauté LGBTQIA+ et le rôle des femmes, mais les propos sur l’avortement ont été « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ». Il espère que son geste enverra « un signal » incitant l’Église belge à se remettre en question, même s’il sait que cela « ne servira probablement à rien ». Il se dit agnostique, mais ne nie pas les valeurs reçues de ses parents croyants. « Ceux qui ont signé la demande de débaptisation sont libres de conserver leur foi religieuse s’ils en ont une… »

« La femme est la bienvenue fertile »

Si le pape entendait réconcilier l’Église catholique romaine avec ceux qui ont choisi la voie de la sécularisation, c’est un échec. Son discours à Louvain-la-Neuve, où il affirmait de manière générale que la valeur d’une femme passe d’abord par son utérus, a indigné une partie de l’opinion publique. « La femme est un accueil fertile, un soin, un dévouement vital », a-t-il déclaré. La rectrice Françoise Smets a immédiatement exprimé son désaccord avec son prestigieux invité. Dans un communiqué, elle a souligné « son incompréhension et sa désapprobation à l’égard de la position exprimée par le pape François concernant la place des femmes dans l’Église et dans la société. Une position déterministe et réductrice avec laquelle l’UCLouvain ne peut qu’être en désaccord.

Cette passe d’armes, ajoutée à l’hommage rendu par le pape à Baudouin, le roi belge qui s’est opposé en 1990 à la loi sur la dépénalisation (partielle) de l’avortement, mais aussi aux propos tenus par François dans l’avion du retour a laissé un goût amer. . Comme si le souverain pontife avait cédé d’une main en déclarant la guerre aux prêtres pédophiles, tout en reprenant de l’autre via la condamnation de l’avortement.

La question est désormais de savoir si les demandes de changement de nom vont recommencer à augmenter. Ils avaient fortement diminué, passant de 5 200 en 2021 à 1 270 en 2022, soit une baisse de 75 %. La forte augmentation en 2021 serait due à la confirmation par la Congrégation pour la doctrine de la foi de sa position sur l’homosexualité, qu’elle considère comme un péché.

Entreprise en cascade

Depuis, plusieurs affaires ont une nouvelle fois terni l’image de l’Église en Belgique. En 2023, la série de rapports La bonne cause diffusée par la chaîne publique flamande VRT a révélé toute la souffrance des victimes de prêtres abusifs. Les diocèses de Hasselt et d’Anvers ont constaté une brusque augmentation des demandes de radiation du registre des baptêmes. Ensuite, ce fut le cas des bébés arrachés dans l’après-guerre par des religieuses à des mères célibataires, pour être vendus à des familles en quête d’adoption. Le 29 septembre dernier, dans l’avion du retour à Rome, François remettait la table en s’en prenant de front aux partisans de l’avortement : « Un avortement est un homicide, les médecins qui font ça sont, si vous me permettez l’expression, des tueurs à gages. » Et ce faisant, il a réglé ses comptes avec Françoise Smets, la rectrice de l’UCLouvain, estimant que son communiqué “a été fait pendant que je parlais, elle l’avait préparé et ce n’est pas moral !” . Finalement, il refuse d’accepter les thèses de ce qu’il qualifie de féminisme dangereux.

Depuis, chaque camp a pris position. L’ancien ministre socialiste Rudy Demotte appelle également à la débaptisation, qualifiant les propos du pape dans une publication sur Facebook de « absolument infâmes et profondément réactionnaires ». « Rester sans agir, écrit-il, reviendrait à endosser une attitude qui ne correspond plus à mes valeurs. C’est pour cette raison que j’ai décidé de demander officiellement mon débaptême. Rudy Demotte invite ses compatriotes à faire de même.

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Sur la rive opposée, les évêques de Belgique resserrent les rangs autour du pape. Leur porte-parole Tommy Scholtes explique que le souverain pontife « a le droit d’avoir une opinion ». Il ajoute que « dans l’Église catholique, l’opinion est que l’avortement et l’euthanasie soulèvent de sérieuses questions » et que « l’opinion (du pape) est connue depuis des années sur le sujet ». Quant aux termes « tueurs à gages » utilisés par François, il s’agirait d’une « expression italienne » qui aurait un sens un peu différent qu’en français. “Ce qui ne veut pas dire que derrière cela il y a une qualification stricte des personnes qui pratiquent des avortements.”

Adieu à l’apostasie volontaire

Reste une question : comment se « rebaptiser » ? Ce n’est pas si simple. L’Église juge en effet que le baptême est un geste sacré et irréversible. Dans le passé, la seule alternative était « l’apostasie volontaire » selon une règle appelée « actus formalis defectionis ab Ecclesia catholica ». Mais en 2009, Benoît XVI l’a fait retirer du droit canonique. Il est cependant possible d’être radié des listes de baptême. L’acte est administratif et perd son symbolisme. Mais la contestation est là.

Le voyage papal en Belgique laisse derrière lui une odeur de soufre. Rappelons qu’il a été organisé dans le cadre des 600 ans des universités de Louvain, francophone et flamande.

 
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