Par
Maxime Berthelot
Publié le
8 octobre 2024 à 21h00
Voir mon actualité
Suivre La République de Seine et Marne
» Nous avons écrit au nouveau Ministre de la Justice pour prendre rendez-vous avec lui, nous ferons la même chose avec le Ministre de l’Agricultureannonce le maire de Crisenoy (Seine-et-Marne). Le prison n’est pas encore sorti de terre et nous continuerons à nous battre pour obtenir retrait du projet. «
Disons-le d’emblée, les chances sont minces, voire quasi inexistantes. Mais Hervé Jeannin ne se bat pas depuis trois ans pour laisser passer une telle opportunité.
La construction de la prison de Crisenoy menace 30 ha de terres agricoles
Le 20 avril 2021, Jean Castex, alors Premier ministre, lance le « plan 15 000 places » pour les prisons qui formalise le projet de construction d’un centre pénitentiaire de 1 000 places d’ici 2027 à Crisenoy, sur un terrain agricole du hameau de Bordes, en bordure de l’autoroute A5.
Après plusieurs manifestations devant la préfecture de Seine-et-Marne, une réunion publique houleuse organisée à mars 2023 en présence de représentants de l’Agence Publique de Justice Immobilier (Apij), responsable du projet immobilier, après une enquête publique menée du 2 avril au 7 mai 2024, la municipalité ne baisse pas les bras pour tenter de sauvegarder le caractère rural du village de 600 âmes.
« D’après les derniers chiffres qui nous ont été présentés, la prison aurait une superficie de 30 ha pour une surface utile de 19 ha, précise l’élu. C’est autant terres céréalières sacrifiéesalors même qu’on nous parle du maintien de la ruralité et de la souveraineté alimentaire. Nous voulons que le nouveau gouvernement comprenne que ce projet est un non-sens écologique et environnemental au regard du Plan zéro artificialisation nette (Zan) d’ici 2050 lancé par l’État. »
Le préfet de Seine-et-Marne n’ayant toujours pas prononcé un Déclaration d’utilité publique (DUP)qui avaliserait définitivement le projet, la municipalité veut donc toujours croire en ses chances, aussi petites soient-elles. « Les études de sols sont toujours en cours, c’est pourquoi la DUP n’est pas encore tombée », précise Hervé Jeannin, lucide.
Avant d’ajouter : « Elle devrait avoir lieu à la fin de l’année (lire encadré ci-dessous), mais compte tenu des état du budget de la France, on peut penser que la question financière pourrait peser aujourd’hui dans la balance. »
Pour le ministère de la Justice, le projet de prison de Crisenoy « reste d’actualité »
Le centre pénitentiaire de Crisenoy devrait ouvrir ses portes en 2027. Où en sont les démarches administratives ?
L’enquête publique relative à la procédure d’obtention de la Déclaration d’utilité publique (DUP) s’est terminée le 7 mai 2024. A son issue, la commission d’enquête a rendu un avis favorable. Au-delà du décret DUP, les prochaines grandes étapes administratives sont le dépôt de la demande de permis de construire d’une part, et la demande d’autorisation environnementale d’autre part, qui doit intervenir en 2025.
Le préfet de Seine-et-Marne devait reprendre la DUP avant l’été dernier. Pourquoi ce retard ?
Il a fallu ajuster au plus près la procédure DUP avec les méthodes d’enquête dont le champ d’application a été étendu à la commune de Fouju. Toutes les études préliminaires nécessaires à la constitution du dossier soumis à enquête publique ont été réalisées. Des études complémentaires seront réalisées suite à la sélection du groupement de conception-construction, afin d’affiner la conception du projet, comme prévu dans le cours normal d’une opération immobilière.
Quand le DUP sera-t-il passé ?
Le DUP est attendu avant fin 2024.
Dès le début, le maire de Crisenoy a milité pour que la prison soit construite sur la friche industrielle du Clos Saint-Louis, à Dammarie-les-Lys, ce qui éviterait de supprimer des terres agricoles. Cette solution a-t-elle été envisagée ?
La friche industrielle du Clos Saint-Louis a bien été proposée comme site possible pour la prison, mais a été rapidement abandonnée en raison du niveau de pollution du site, incompatible avec une fonction d’hébergement permanente. La présence d’une pollution à l’amiante dans des volumes de plusieurs centaines de milliers de tonnes est avérée, dont l’extraction serait extrêmement complexe.
La commune de Crisenoy compte contacter le nouveau gouvernement pour tenter de faire abandonner le projet. Pouvez-vous confirmer que le dossier de la prison est toujours à jour ?
Oui, d’autant que le Premier ministre a rappelé dans son discours de politique générale l’urgence de poursuivre la construction de places carcérales.
Pour tenter d’avoir plus de poids, le maire ne s’abstient pas de contacter le Ministère du Budgetmais ça compte avant tout jouer la carte locale. Depuis fin septembre 2024, le gouvernement Barnier compte en effet dans ses rangs Jean-Louis Thiériot (LR), ministre délégué auprès du Ministre des Armées et des Anciens Combattants. Until his appointment, Seine-et-Marnais was adjoint du 3e circonscription électorale du département, celui de Crisenoy.
« Une ouverture de la prison de Crisenoy en 2027 ? Impossible “
En mars 2023, il avait interrogé le ministre de la Justice à ce sujet, estimant que « la décision qui a été prise (de construire une prison à Crisenoy, ndlr) n’a pas fait l’objet d’une décision ».pas de consultation sérieuse avec les habitants de Crisenoy, qui l’ont vécu comme un véritable bras d’honneur aux communautés rurales.
« Dans quelle mesure le gouvernement est-il cohérent entre la politique judiciaire et la politique environnementale ? », demandait-il alors au ministre de la Justice. Devant les habitants de Crisenoy, le 15 mars 2023, le député LR a également expliqué que sa marge de manœuvre était mince parce qu’il était dans l’opposition, mais il avait promis que si son parti politique arrivait au pouvoir, il pèserait de tout son poids pour faire annuler le projet.
Maintenant qu’il l’a fait, tiendra-t-il parole ? (lire encadré ci-dessous) « Il a toujours été là, mais nous allons le relancer », assure Hervé Jeannin, qui constate que le projet semble s’accélérer.
Devenu ministre, l’ancien député peut-il intervenir ?
Opposé à la construction d’une prison à Crisenoy lorsqu’il était député, Jean-Louis Thiériot (LR) a expliqué à plusieurs reprises qu’il ferait tout pour que le projet soit abandonné si son parti, Les Républicains, revenait aux affaires.
Nommé, fin septembre, ministre délégué auprès du ministre de la Défense et des Anciens Combattants au sein du nouveau gouvernement LR, dirigé par Michel Barnier, nous l’avons relancé sur le sujet lors d’un entretien réalisé lors de sa prise de fonction. de fonction.
“Le projet de prison de Crisenoy fait partie des dossiers qui devront être examinés, mais il ne rentre pas dans mon champ d’action”, a d’abord rappelé le nouveau ministre. Avant de réaffirmer sa volonté de lutter contre le projet : « J’essaie déjà de mettre en place ce qu’il faut mettre en place au sein de mon ministère. Toutefois, si je suis contacté à ce sujet, je ne manquerai pas de porter un regard particulier sur ce dossier. » Y compris l’acte.
Dernier exemple en date, le vote par le conseil départemental de créer une dérogation au RD57 et l’aménagement d’un rond-point entre la RN36 et la RD57sur le territoire des communes de Crisenoy et Fouju.
“C’est l’axe qui servira à la prison puis au probable futur Zac de Fouju”, explique Hervé Jeannin. Les agriculteurs ont également déposé des recours contre la création du rond-point, car la route traverserait leurs terres. »
Avant de conclure : « L’État continue de parler d’une ouverture de la prison en 2027, mais cela me paraît impossible. Il faut au moins deux ans de travail et un an pour faire tourner les installations à vide, une fois tous les recours purgés, calcule l’élu. Donc même une fois le DUP passé, il faudra compter au moins quatre années supplémentaires. » Une éternité.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.