Camille Paré-Poirier a une présence sincère et chaleureuse. Le quatrième mur n’existe pas dans ce solo réalisé par Nicolas Michon.
L’actrice elle-même a adapté son podcast Quelqu’un d’immortel pour la scène. Mais je viendrai moins souvent va plus loin que la production originale. Camille Paré-Poirier présente des enregistrements inédits et partage les questions éthiques qui l’ont accompagnée dans la réalisation de son projet mettant en vedette sa grand-mère Pauline.
L’artiste, née non loin du théâtre où elle jouait mardi soir, a commencé à enregistrer ses entrevues avec sa grand-mère en 2017, lorsque cette dernière a déménagé dans une résidence pour personnes semi-autonomes du quartier Outremont, à Montréal. Elle-même était récemment arrivée dans la métropole dans le but de devenir actrice.
On est immédiatement touché par la complicité entre les deux femmes qui trouvent plusieurs points communs dans leur déracinement respectif.
Camille Paré-Poirier dit qu’elle ne savait pas ce qu’elle comptait faire de ces enregistrements. Au début, elle pose des questions à Pauline sur son passé, sa jeunesse et ses amours. Mais alors que sa grand-mère commence à perdre la mémoire, elle arrête ses interrogatoires.
Comme Camille, le public est témoin des changements qui s’opèrent au cours des quatre années que dure ce projet. Les conversations deviennent plus difficiles. Pauline ne reconnaît plus toujours sa petite-fille. Elle souffre de quelques épisodes de démence et d’aphasie.
Certains passages sont particulièrement déchirants à écouter, notamment ceux où l’on entend le nonagénaire pleurer…
Peut-être que Camille Paré-Poirier n’avait pas besoin d’être seule dans ce spectacle émouvant… Entre des étagères de plateaux-repas, la conceptrice sonore Marie-Frédérique Gravel est installée dans une cabine un peu à l’écart de la tribune où se trouvent l’actrice et un fauteuil. Il faut dire que son œuvre méritait amplement d’être soulignée. Elle met l’accent sur certains extraits qui nous hantent et d’autres qui nous font rire. Car il y a aussi beaucoup d’humour dans cette pièce de 95 minutes.
Durant celle-ci, la comédienne partage des réflexions très intéressantes sur la vieillesse, la mémoire, les relations bienveillantes, les CHSLD et la pandémie durant laquelle sa grand-mère se retrouvera seule pendant deux longs mois…
Camille Paré-Poirier est une excellente conteuse. Nous sommes heureux qu’elle ait décidé d’adapter son podcast pour la scène. Cela donne encore plus d’humanité à ce projet documentaire qui porte un regard sensible sur des expériences universelles et intimes.
Titre: je viendrai moins souvent
Auteur: Camille Paré-Poirier
Directeur: Nicolas Michon
Distribution: Camille Paré-Poirier
Dates : du 8 au 12 octobre 2024
Lieu: Périscope