Depuis une vingtaine d’années, les bâtiments de Saint-Pierre-des-Corps, à l’est de Tours, sont conçus différemment. Des bâtiments collectifs, des lotissements et des maisons individuelles ont en effet été érigés dans cette commune située entre Loire et Cher, entièrement sujette aux inondations en cas de crue importante. Les espaces de vie de ces habitations ont été éloignés des rez-de-chaussée pour anticiper une montée des eaux et une rupture de la digue qui contient la Loire. Les derniers bâtiments construits ont même évacué des caves et sous-sols toutes les installations électriques et équipements vulnérables à l’eau, comme les tableaux électriques, les lignes téléphoniques ou encore les chaudières.
Une démarche essentielle pour limiter les dégâts causés par les inondations, assurer la continuité et un redémarrage rapide des services et du quotidien des habitants. “Nous sommes allés jusqu’à réaliser des constructions sur pilotis qui amènent la perception d’une ville en bord de Loire avec un risque d’inondation”, explique Marie-France Beaufils, ancienne sénatrice (région Centre-Val de Loire), qui fut également maire de Saint-Pierre-des-Corps de 1983 à 2020.
Comprendre le déluge
Aujourd’hui présidente du CEPRI (Centre européen de prévention des risques d’inondation), Marie-France Beaufils a toujours été sensible au sujet de la montée des eaux. Elle a longtemps eu des jardins et des stades municipaux recouverts d’eau… jusqu’à la catastrophe de Vaison-la-Romaine. Le 22 septembre 1992, ce village situé dans une zone vallonnée, transition entre la large plaine du Rhône et les reliefs du Mont Ventoux et des Baronnies, a été le théâtre de coulées de boue et de pluies torrentielles. La crue est rapide et brutale avec un débit de pointe proche de 1 200 mètres cubes par seconde.
C’est cet épisode meurtrier qui a marqué les esprits et qui a conduit au principe d’un plan global d’aménagement de la Loire puis au lancement du plan « Loire grandeur nature » à partir de janvier 1994. « Une équipe pluridisciplinaire a été mise en place lieu pour nous aider à mieux comprendre comment l’inondation a pu survenir », commente Marie-France Beaufils. Les élus mènent alors un travail de réflexion pour intégrer les risques d’inondation dès le dépôt d’un permis de construire. Ils mettent également à disposition des résidents un « architecte conseil » qui réfléchit à l’aménagement de leur propriété.
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