Oui, il y a plus de coyotes (mais c’est nous qui nous rapprochons)

Pendant que Wile E., le coyote du dessin animé, est occupé à tendre des pièges à Beep the coureur routierles coyotes en chair et en os font entendre leurs hurlements de plus en plus près.

Le coyote est bruyant à proximité des banlieues et des zones agricoles. Les habitants et les agriculteurs sont inquiets. (123RF)

Des inquiétudes généralisées

À Sainte-Geneviève-de-Batiscan en Mauricie, le directeur général de la municipalité François Hénault confirme avoir recueilli les inquiétudes des citoyens. En Chaudière-Appalaches et dans le Bas-Saint-Laurent, les agriculteurs disent les remarquer davantage.

«C’est sûr que depuis quelques années, on voit que les coyotes se rapprochent de plus en plus des résidences», indique Jean-Christophe Bourque Saint-Hilaire, maraîcher de Saint-Georges de Beauce qui élève également des porcs et des volailles en pâturage. Surtout, ils craignent moins les humains.

Agriculteur pendant la saison chaude, chasseur et trappeur l’hiver, il affirme que l’année dernière a été une bonne année en termes de captures dans ses casiers. « J’ai quand même attrapé plus de coyotes que d’habitude, même si j’avais posé moins de pièges », raconte-t-il.

Ces dernières années, les agriculteurs et les trappeurs ont remarqué que les coyotes se rapprochent de plus en plus des habitations. (123RF)

Jean-Christophe Bourque Saint-Hilaire n’hallucine pas.

« Premièrement, à cette période de l’année, il est normal de voir plus de coyotes, car les jeunes qui ont atteint la taille adulte commencent à être plus indépendants. Il y a donc généralement une augmentation des observations à cette période de l’année.

— Simon Gadbois, professeur au département de psychologie et de neurobiologie de l’Université Dalhousie et spécialiste du comportement canin

Intimement lié aux populations de proies

Le scientifique souligne également que les prédateurs suivent leurs proies, et que les fluctuations des populations de lièvres, par exemple, peuvent aussi influencer celles des coyotes. Les populations des amis de Bugs Bunny — on reste dans le Looney Tunes — connaître des variations d’abondance parfois importantes qui peuvent être cycliques, des vagues qui durent environ 10 à 11 ans, selon Guide de planification de l’habitat du lièvre d’Amérique de la Fondation de la faune du Québec (2021).

« Une année d’abondance pour le lièvre peut signifier davantage de coyotes survivant à l’hiver et davantage de naissances au printemps. Mais cela peut aussi être le contraire : le manque de nourriture dans la nature peut les pousser à chercher des fermes.

Avec la présence des coyotes, les agriculteurs craignent pour leur bétail. (Close the Vallée du Coin)

Chantal Dubé, conseillère en aménagement, environnement et faune à l’UPA Chaudière-Appalaches, surveille actuellement ce phénomène. «Je pense que les inquiétudes existent parce que les agriculteurs veulent toujours protéger leurs troupeaux», dit-elle. Ils restent inquiets, même s’ils parviennent à faire entrer les animaux dans les bâtiments.»

Ce sont davantage les humains qui se rapprochent des habitats

Les coyotes font sporadiquement sensation en milieu urbain, notamment à Montréal. La Ville encourage même les citoyens à signaler la présence de l’animal sur son site de données ouvertes. Mais le fait que les habitants les plus éloignés des grandes villes – habitués à cette cohabitation – commencent aussi à se remettre en question, comme l’explique Chantal Dubé, a déclenché une véritable quête de réponses.

C’est ce qui a motivé le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs à lancer une étude sous la direction de son biologiste Jérôme Laliberté. «Le ministère a été poussé à entreprendre cette étude en réponse aux questions des partenaires et des citoyens préoccupés par les déplacements de coyotes à proximité des exploitations agricoles», explique Ève Morin Desrosiers, porte-parole du ministère, jointe par Le Soleil.

Cependant, aucun problème majeur n’a été documenté à ce jour, hormis des cas occasionnels de harcèlement du bétail.

Les signalements de coyotes ont motivé le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs à lancer une étude sous la direction de son biologiste Jérôme Laliberté.

Les signalements de coyotes ont motivé le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs à lancer une étude sous la direction de son biologiste Jérôme Laliberté. (123RF/123RF)

Ce projet, axé sur le comportement des coyotes, a été déployé dans 15 municipalités du Bas-Saint-Laurent, où ces animaux vivent principalement en milieu agroforestier. Des coyotes suffisamment grands ont été équipés de colliers GPS, permettant de suivre leurs mouvements pendant un an. L’étude, initialement prévue pour se terminer cette semaine, a été prolongée jusqu’à l’année prochaine en raison de la mortalité de certains spécimens surveillés.

Mieux comprendre l’écologie spatiale

L’objectif principal de cette recherche est de mieux comprendre l’écologie spatiale des coyotes, notamment en analysant leurs déplacements, leurs stratégies d’utilisation de l’espace et leurs sources de nourriture.

“Nous avons observé que certains coyotes se déplacent sur de courtes distances, en restant confinés à quelques kilomètres carrés, tandis que d’autres, que l’on appelle “explorateurs” ou “vagabonds”, parcourent des dizaines, voire des centaines de kilomètres pour exploiter différentes ressources”, a-t-elle expliqué. Jusqu’à présent, aucun changement notable dans le comportement du coyote n’a été observé. « Nous n’avons observé aucun changement dans leur aire de répartition ni aucun comportement particulier », précise-t-elle.

Moins spécialisé et mieux adapté que les loups

Les résultats complets de cette étude sont attendus à l’automne 2025 et devraient permettre à terme d’élaborer des recommandations pour améliorer notre cohabitation avec le canidé un peu plus grand qu’un renard, mais plus petit qu’un berger allemand. prêt à disparaître de nos vies.

« Les coyotes sont des généralistes opportunistes, autrement dit, ils savent très bien s’adapter à leur environnement, ils savent profiter de presque tout. S’ils trouvent des proies faciles et abondantes, ils en profitent. Certains agriculteurs se demandent d’où viennent ces attaques, après des années sans problème. Mais il suffit d’un coyote ou d’un couple pour tenter leur chance un jour, ça marche, et ils reviendront. C’est aussi simple que cela», explique le professeur Simon Gadbois pour illustrer comment il s’est retrouvé si près de chez lui.

Car en réalité, comme le souligne le scientifique, le coyote est davantage une espèce indigène dans l’Ouest américain que dans nos longitudes.

« Sa migration vers l’Est a commencé il y a une centaine d’années, pour occuper la niche écologique laissée par le loup, chassé ou poussé vers le Nord », explique-t-il. Bref, les coyotes ont tout simplement pris la place des loups.

— Simon Gadbois, professeur

D’autres facteurs expliquent cette proximité. «Il y a de plus en plus de développement résidentiel», observe Jean-Christophe Bourque Saint-Hilaire, un agriculteur beauceren. Nous supprimons des zones forestières qui sont pourtant le refuge des animaux sauvages.»

La faible demande de fourrure a un impact

L’agriculteur trappeur souligne également que la baisse de la demande en fourrure, et donc dans la pratique du piégeage, joue un rôle important.

D’autres explications, plus surprenantes, apparaissent. Les conséquences de l’hybridation. Le fameux « ragondin » et le « coydog ». « Les gens ont énormément tendance à dramatiser l’hybridation, explique Simon Gadbois. Ce qu’on oublie souvent, c’est que dans l’hybridation, chez le coyote, il y a plus ou moins 8 % de loup. Mais il y a aussi des chiens et c’est un facteur qui passe inaperçu.»

Comment expliquer la proximité des coyotes avec les humains ? Parmi les facteurs surprenants, il faut considérer l’hybridation avec les chiens, même si elle est faible.

Comment expliquer la proximité des coyotes avec les humains ? Parmi les facteurs surprenants, il faut considérer l’hybridation avec les chiens, même si elle est faible. (Bernard Brault/Archives La Presse)

Une caractéristique qui peut toutefois « déranger » le coyote auprès des humains. “S’il y a un facteur de familiarité avec nous, cela vient des gènes du chien”, suggère le professeur.

Soyez vigilant pour les enfants, les chiens et les chats

Quant à leur dangerosité, ils restent des animaux sauvages. Comme pour toute faune sauvage, vous devez éviter de demander des interactions avec ces animaux. «Disons que la règle est la suivante», suggère Simon Gadbois. Je dirais qu’avec de jeunes enfants, avec des petits chiens et des chats, si on veut qu’ils soient dehors dans un environnement où la population de coyotes est connue, une surveillance est nécessaire.

C’est exactement – ​​sans jeu de mots – le genre de vidéo impressionnante qui circule encore sur TikTok et d’autres réseaux sociaux. Dernier en ligne, ce qui est arrivé récemment au chien du batteur de Motley Crüe, Tommy Lee, dans la vallée de San Fernando en Californie, lorsqu’un coyote a attaqué son chien.

Comme le rappelle Jean-Christophe Bourque Saint-Hilaire, maraîcher, « bien sûr, il faut avant tout faire attention à nos déchets qui traînent partout dans la maison ».

« Dans les villes, en général et en banlieue, il est souvent question de gestion des déchets », ajoute Simon Gadbois. C’est presque toujours la cause.

Cela et peut-être la pénurie d’équipement ACME.

 
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