Non, l’industrie forestière n’est pas fortement subventionnée

Non, l’industrie forestière n’est pas fortement subventionnée
Non, l’industrie forestière n’est pas fortement subventionnée

Le Conseil de l’industrie forestière du Québec souhaite répondre à l’affirmation du chroniqueur Philippe Mercure selon laquelle l’industrie forestière québécoise est « fortement subventionnée⁠1 ».


Publié à 1h16

Mis à jour à 17h00

Jean-François Samray

Président-directeur général du Conseil de l’industrie forestière du Québec

Cette dernière s’appuie sur un nombre limité de sources et ignore certains éléments que nous considérons comme fondamentaux à la gestion forestière.

D’entrée de jeu, il faut garder en tête que le gouvernement du Québec est le plus grand propriétaire forestier en Amérique du Nord avec un territoire forestier de 900 000 km.⁠2. Ce territoire est aménagé de manière responsable, en équilibrant les portions consacrées à la protection de l’environnement avec celles à vocation sociale et celles à vocation économique.

À ce titre, l’État a la responsabilité de maintenir une forêt saine et les dépenses de la SOPFEU et de la SOPFIM servent à cet effet, sans égard à la vocation de la forêt, qu’elle soit commerciale ou non.

Les responsabilités de l’État en tant que propriétaire

Avec leur objectif de freiner la propagation des infestations d’insectes, que les territoires soient destinés à l’exploitation forestière ou qu’ils soient situés dans des zones de conservation ou récréotouristiques, les actions de la SOPFIM profitent à tous.

Même chose pour la SOPFEU, dont la mission et les priorités ont changé depuis l’adoption du projet de loi 50. Elle doit désormais prioriser la protection des communautés et des infrastructures stratégiques, le patrimoine forestier étant relégué au second plan.

Il est donc surprenant, selon nous, de lire qu’IRIS, dans une étude citée par Philippe Mercure, considère ces investissements comme des subventions à l’industrie forestière.

Les investissements dans les pépinières et ceux destinés aux travaux sylvicoles sont des coûts que tout propriétaire forestier doit assumer pour faire fructifier son patrimoine. Ce n’est qu’avec des travaux sylvicoles effectués sur de longues périodes qu’un producteur peut maximiser les bénéfices socio-environnementaux générés par la forêt ou les revenus qu’il tire de la vente du bois qu’il choisit de mettre en vente. .

Une industrie subventionnée ?

Pour trancher sur cette question, il aurait été judicieux, à nos yeux, de se référer au panel de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui a dû traiter la plainte déposée contre le Canada et le Québec par le gouvernement américain. Pour traiter le dossier, cet organisme a fait appel à une équipe d’experts internationaux indépendants qui ont examiné les livres comptables du gouvernement et des entreprises concernées.

Après une étude approfondie et un accès complet à toutes les informations, le constat est sans équivoque : le Canada et le Québec ne subventionnent pas leur industrie forestière au point de justifier l’imposition de tarifs compensatoires.⁠2.

Cela dit, l’industrie forestière, comme bien d’autres secteurs d’activité, bénéficie d’un soutien général et non spécifique de l’État québécois. La formation de la main-d’œuvre, la couverture des risques ou les programmes de financement ne lui sont pas exclusifs. Encore une fois, l’OMC ne considère pas ces programmes comme des subventions directes.

Le bois, moteur de l’économie

Concernant la partie du territoire que l’État choisit de consacrer à la récolte et à la valorisation des arbres, une étude réalisée par PricewaterhouseCoopers (PwC) en 2021⁠3 indique que 10 % des revenus de l’État proviennent des droits de coupe, tandis que 90 % sont liés aux taxes et taxes parafiscales liées à la transformation du bois. Plus la qualité du bois est élevée, plus la valeur ajoutée obtenue est importante. L’État a donc tout intérêt à prendre soin de ses forêts.

Présente dans toutes les régions du Québec, l’industrie forestière soutient quelque 130 000 emplois. Avec des salaires moyens aujourd’hui autour de 90 000 dollars, ce sont des emplois rémunérés et très structurants.

Il n’est pas surprenant que tant d’élus et de chambres de commerce soient paniqués par les fermetures temporaires annoncées. Quant aux contribuables québécois, ils devraient également s’inquiéter de la situation puisque chaque mètre cube transformé par le secteur forestier rapporte plus de 200 $ aux gouvernements, soit près de 6 milliards de dollars annuellement. Le maintien de notre filet de sécurité sociale a besoin de ces revenus.

Pas de bois, pas grand chose

Alors, l’industrie forestière est-elle fortement subventionnée ? Pas du tout!

L’État québécois, propriétaire de la forêt, est responsable de sa santé. Il choisit d’investir des sommes pour protéger sa forêt contre les incendies et les insectes et pour s’assurer qu’elle continue de générer des retombées économiques, sociales et environnementales.

La forêt est essentielle à l’atteinte des objectifs que le Québec s’est fixés. C’est grâce à la matière renouvelable qu’il apporte, le bois, que nous pourrons remplacer les plastiques à usage unique et construire plus vert. C’est grâce à la forêt que nous bâtirons demain et offrirons aux Québécois un avenir prospère et durable.

1. Lisez la rubrique « Oui, nos impôts soutiennent l’industrie forestière »

2. Lisez le rapport complet de l’Organisation mondiale du commerce

3. Consultez l’étude PricewaterhouseCoopers

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