Le terrain de l’usine Northvolt est en zone inondable

Le terrain de l’usine Northvolt est en zone inondable
Le terrain de l’usine Northvolt est en zone inondable

(Montréal) Des zones à risque d’inondation « faible », « modéré », « élevé » et « très élevé » sont localisées sur le terrain où sera implanté Northvolt, selon les cartes mises en ligne cette semaine par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). La construction de bâtiments industriels dans ces secteurs inquiète le directeur du Réseau intersectoriel contre les inondations du Québec.

Stéphane Blais

La Presse Canadienne

Les cartes mises en ligne par la CMM lundi dernier permettent à l’utilisateur de découvrir dans quelle catégorie de risque se situerait un secteur ou un quartier, selon le projet de régulation des zones inondables proposé par Québec et qui doit être adopté cet automne.

Il existe quatre catégories de risque d’inondation dans la nouvelle réglementation : faible, modéré, élevé et très élevé et chaque risque correspond à une couleur sur la carte.

Or, le terrain de Northvolt, d’une superficie de 170 hectares, contient les quatre couleurs.

Lorsqu’on superpose la nouvelle cartographie préliminaire avec la carte qui contient les endroits où Northvolt veut construire ses bâtiments à Saint-Basile-le-Grand et McMasterville, « on se rend compte qu’une partie du bâtiment qui servira au recyclage des batteries se retrouve dans la zone à risque élevé ou très élevé», observe avec inquiétude Philippe Gachon, professeur d’hydroclimatologie à l’UQAM.

L’usine de recyclage Northvolt, à laquelle fait référence le professeur, est la seule partie du projet qui sera soumise au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

Autorisation ministérielle

La réglementation prévue par Québec interdirait la construction de nouveaux bâtiments résidentiels en zone inondable.

Toutefois, le projet de règlement diffère en ce qui concerne les bâtiments non résidentiels.

La construction de ce type de bâtiment serait « interdite », mais serait « possible » sur « autorisation ministérielle », selon le projet de règlement.

Le professeur Gachon est d’avis que ce type de construction devrait être interdit en zone inondable.

«C’est très préoccupant, surtout pour les bâtiments industriels qui peuvent, éventuellement s’ils sont inondés, poser des problèmes de sécurité pour les personnes, mais aussi en termes de risque potentiel de contamination sur l’environnement», a indiqué celui qui est aussi directeur de l’Intersectorielle québécoise. Réseau Inondations (RIIQ), un regroupement de 200 chercheurs dont la mission est d’améliorer la capacité du Québec à se préparer aux inondations.

“La rivière Richelieu est la Source d’eau potable d’environ 80 000 personnes en aval de l’usine” et “la prise d’eau potable est située à environ 500 mètres du terrain”, ajoute Philippe Gachon, qui craint des rejets. nickel, cobalt ou lithium dans l’eau en cas d’inondation importante.

“Il y a peut-être une partie du terrain qui pourrait éventuellement être aménageable, mais pas pour le moment, à proximité de la rivière, notamment pour un bâtiment qui servira à recycler les batteries et qui pourrait potentiellement être à risque s’il se retrouvait sous l’eau, à moins que des dispositions particulières sont prises, de manière à éliminer complètement ce risque », a-t-il ajouté.

Terrain inondé en 2011

Philipe Gachon habite à moins d’un kilomètre des terrains de Northvolt et il se souvient encore de la crue de la rivière Richelieu en 2011, lorsque des milliers de résidences ont été évacuées et que les Forces armées canadiennes ont dû venir en aide à la population.

À l’époque, le terrain appartenant aujourd’hui à Northvolt était inondé.

Ce secteur avait « absorbé » et « emporté beaucoup d’eau » du fait de ces zones humides, a indiqué Philippe Gachon.

“Mais nous avons détruit une zone humide qui était parmi les plus importantes subsistant dans la vallée du Richelieu”, ce qui a eu pour effet de “mettre la région encore plus en danger en cas d’inondation majeure”, selon lui.

Les représentants de Northvolt n’étaient pas disponibles pour une entrevue sur le sujet vendredi, mais la responsable de la communication Emmanuelle Rouillard-Moreau a indiqué, dans un courriel, que l’entreprise “a pris en compte les zones inondables dans la conception du complexe, tout en allant au-delà de la réglementation actuellement en vigueur”. afin de pouvoir faire face au changement climatique, à des inondations plus importantes ou à d’éventuels changements de réglementation.

Le ministère de l’Environnement, de son côté, a également indiqué par écrit que « toutes les activités de Northvolt nécessitant une autorisation sont analysées selon la réglementation applicable et l’analyse prend en compte la présence de zones inondables ».

Cartes préliminaires

Sur le terrain de Northvolt, des zones identifiées comme étant à risque d’inondation selon les cartes de la CMM bordent la rivière Richelieu.

À certains endroits, ces zones s’étendent à quelques dizaines de mètres du rivage, mais à d’autres endroits de la propriété, elles s’étendent jusqu’à 100 voire 200 mètres du rivage, selon les cartes. la CMM.

Dans un échange de courriels, un porte-parole du ministère de l’Environnement a rappelé que « les cartes distribuées par la CMM ne sont pas officielles et n’ont pas été adoptées ».

Il s’agit en fait de « cartes préliminaires », que la Communauté métropolitaine de Montréal a créées selon la méthodologie du règlement proposé par Québec.

Au début de l’été, le gouvernement du Québec a lancé une consultation publique, qui doit se terminer le 17 octobre, sur la nouvelle réglementation concernant les zones inondables, qui inclut la nouvelle cartographie.

Selon la cartographie « traditionnelle » des zones inondables, les terrains appartenant à Northvolt ont des taux de récurrence de « 0-20 ans » et « 20-100 ans ».

La nouvelle cartographie, plus précise et contenant quatre niveaux de risque, est nécessaire pour l’ensemble de la province, selon le gouvernement, notamment en raison du changement climatique, de l’augmentation de la fréquence des inondations majeures et des coûts socio-économiques qui en découlent. qui y est associé.

 
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