«C’est trois victoires pour cent défaites»

«C’est trois victoires pour cent défaites»
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Un conseil : ne demandez pas la permission. Dans la Ville de Royan, c’est ennuyeux… » Le client ainsi « conseillé » par cet installateur de fenêtres en rit encore. Le professionnel aurait été avisé de se renseigner sur ledit client… un élu municipal. Ne faisons pas honte à tous les artisans liés au bâtiment. La majorité adhère au strict respect des règles. Restent les moins scrupuleux, prompts à s’en affranchir ou à inciter leurs clients à le faire.

Aussi « ennuyeuse » soit-elle, selon l’installateur de fenêtres précité, depuis longtemps, la Ville de Royan n’est pas assez pointilleuse sur les manquements, minimes ou spectaculairement visibles, à la réglementation du secteur « patrimoine remarquable » ( 1). Changement de ton. Depuis le début du mandat actuel, la vis est serrée.

La véranda démontée

Un cas sert d’exemple. Au grand désarroi des propriétaires concernés, visiblement mécontents de se voir interdire de faire ce que nombre de leurs voisins s’étaient permis de faire avant eux, une véranda a dû être démontée avenue de la République. Au premier étage de l’immeuble allant de l’entrée de la rue Paul-Doumer à celle du boulevard Albert-Iereuh, les premières terrasses s’ouvraient sans encadrements sur l’avenue, semi-couvertes de brise-soleil en béton. Au fil du temps, plusieurs de ces terrasses ont été fermées par leurs propriétaires, apportant ainsi des mètres carrés supplémentaires, au mépris désormais des règles d’urbanisme.

Les règles doivent s’appliquer à tout le monde ou à personne !

Isabelle Droineau a fait ses comptes. Sa véranda installée en 2016 pour 7 000 euros lui aura coûté le double, en comptant le démontage auquel la Ville l’a contrainte et la reconstruction de brise-soleil en béton, pour revenir à l’état d’origine. “Je comprends la nécessité de préserver le patrimoine architectural de Royan, mais les règles doivent s’appliquer à tout le monde ou à personne”, tempère-t-elle en regardant les vérandas de ses voisins de l’avenue de la République, prolongées au-delà des délais de prescription, les épargnant. colère municipale : six ans pour prescription pénale, dix ans pour prescription administrative.


Avenue de la République : au centre, la terrasse toujours sans véranda d’Isabelle Droineau va bientôt retrouver l’allure de sa voisine de gauche, quand la véranda de droite, ancienne, échappe à la restauration, pour cause d’ordonnance administrative vieille de dix ans .

Ronan Chérel

Les commandes tombent

Peu prudente avant 2020, la municipalité a durci le ton depuis. Basé sur les évolutions législatives. Une loi du 27 décembre 2019 renforce notamment les pouvoirs de police du maire face aux constructions irrégulières. Alors qu’auparavant ils devaient saisir le procureur de la République, qui choisissait d’engager ou non la procédure, les maires peuvent désormais signer un arrêté d’exécution. Menace ultime : une pénalité pouvant aller jusqu’à 500 euros par jour jusqu’à ce que la modification non conforme soit rectifiée.

Les artisans doivent s’assurer que les travaux qui leur sont demandés sont conformes aux règles d’urbanisme.

La Ville de Royan n’a jamais « levé » cette astreinte, qu’elle a choisi de fixer à 100 euros par jour (2), « mais depuis mars 2022, période pendant laquelle nous utilisons cette possibilité, nous avons adressé formellement sept arrêtés de mise en demeure. avis de rétablissement : trois dossiers ont été régularisés, trois autres en cours, le septième conteste l’arrêté devant le tribunal administratif », précise le premier adjoint au maire, Didier Simonnet. « Fin 2023 encore, nous avons écrit à sept autres propriétaires pour engager une procédure contradictoire, préalablement à une éventuelle mise en demeure. »

Un combat sans fin

Attentive aux « dérapages » de certains propriétaires, la municipalité fait aussi preuve de pédagogie envers les professionnels, explique Didier Simonnet. « Les artisans doivent veiller à ce que les travaux qui leur sont demandés soient conformes aux règles d’urbanisme ! Ils assument la responsabilité en cas de non-respect. Nous leur avons donc écrit en ce sens. Aux couvreurs, notamment, pour leur rappeler qu’à Royan, nous avons posé des tuiles rouges unies. » Pas de carrelage provençal plus léger, comme observé récemment dans le quartier de l’église Notre-Dame.

Champion du patrimoine architectural hérité des années 1950, Marc Bauhain salue le durcissement de l’application des règles, « mais c’est trois victoires pour cent défaites ». Le président d’Éco-voisins solidaires « s’est amusé » à comparer les 115 édifices remarquables répertoriés par Antoine-Marie Préaut en 2005 dans son « Guide architectural de Royan » à leur état actuel. « J’ai observé 13 cas d’altération de l’état d’origine depuis la publication du Guide ! »

(1) Anciennement « zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager » (ZPPAUP), rebaptisée « zone de valorisation architecturale et patrimoniale » (Avap), elle-même rebaptisée SPR.
(2) Cette astreinte journalière peut être fixée jusqu’à 500 euros.

 
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