Rencontre Représenter les Afro-Américains à travers la politique et la culture (Lycée Champollion, Grenoble) – .

Rencontre Représenter les Afro-Américains à travers la politique et la culture (Lycée Champollion, Grenoble) – .
Descriptive text here

Le lycée Champollion organise une rencontre le lundi 27 mai de 13h à 14h sur la représentation des Afro-Américains au XXIe siècle dans la politique et les séries américaines.

Nous aurons le plaisir de croiser deux approches complémentaires en civilisation et en art grâce aux interventions suivantes :

1) Civilisation: « L’élection présidentielle de 2024, Biden – Trump et le vote noir. Stratégie électorale et enjeux politiques », Grégory Benedetti, Maître de conférences en civilisation américaine, Laboratoire ILCEA4, Université Grenoble Alpes

En 2020, la candidature réussie de Joe Biden à la Maison Blanche a été partiellement assurée par le soutien du démocrate obtenu auprès des électeurs noirs. Au milieu des primaires, d’abord, Joe Biden a rebondi de manière décisive en Caroline du après un début lent qui aurait pu mettre fin à sa course pour devenir le candidat démocrate. Aux élections législatives, Joe Biden a donc fait mieux que son adversaire républicain, Donald Trump, auprès des électeurs afro-américains. Selon les sondages à la sortie des urnes publiés au lendemain de l’élection présidentielle de 2020, qui s’est déroulée dans un contexte de pandémie de Covid-19 et de résurgence de Black Lives Matter après la mort de George Floyd, Joe Biden a remporté 87 % des suffrages noirs, contre 12% pour Donald Trump.

En 2024, une partie de la réélection de Joe Biden dépendra à nouveau de sa capacité à recueillir les voix de la circonscription la plus fidèle sur laquelle le Parti démocrate s’appuie dans ses cycles électoraux depuis plus d’un demi-siècle maintenant, et du réalignement intervenu en 2024. au lendemain du Civil Rights Act (1964) et du Voting Rights Act (1965). Cependant, il semble que l’avance de Joe Biden sur Donald Trump parmi les électeurs afro-américains ne soit pas aussi solide qu’elle l’était cette fois-ci en 2020. Certains efforts déployés par la campagne Trump pour attirer les électeurs noirs pourraient potentiellement affaiblir la position du président démocrate auprès des électeurs dont il a désespérément besoin.

Pour obtenir une part importante du vote noir, Joe Biden comptera sur Kamala Harris, la première femme afro-américaine et asiatique-américaine à devenir vice-présidente des États-Unis, tout comme il devra trouver le bon récit pour présenter une éventuelle deuxième présidence de Trump comme une perspective dangereuse pour les minorités en général, et les Afro-Américains en particulier. Indéniablement, la question de la représentation des Noirs, qui représentent 13 % de la population américaine, reste un enjeu crucial dans un pays en pleine diversification et en passe de devenir une nation majoritairement minoritaire en 2045, selon les projections des démographes.

2) Art : « Représenter la plantation, du Pays d’Abondance au locus horribilis (1915-2020) », Clara Gonnet, ancienne khâgneuse du lycée Champollion, diplômée de la double maîtrise d’histoire/GEM et auteur du livre à paraître L’Amérique de l’autre côté du miroir. Fiction grand public et mémoire collective du racisme aux États-Unis (1990-2021)

Le cinéma hollywoodien a été le vecteur d’une vision du passé diffusée à grande échelle et façonnant l’imaginaire collectif : « Des pans entiers de l’histoire des États-Unis sont mieux connus à travers les images transmises par les films que par les pages des historiens les plus éminents » (Jacques Portes). En fait, la vision que nous avons de l’esclavage est conditionnée par les représentations filmiques du début du XXe siècle. Il est donc pertinent de s’interroger sur l’évolution de ces représentations pour comprendre le réajustement de la mémoire collective quant à la condition des Noirs asservis. La manière dont la plantation, symbole par excellence de cette « institution très particulière » (Peter Kolchin), est portée à l’écran est le reflet de la place qu’occupe l’idéologie de l’esclavage dans la société.

La première moitié du XXe siècle est l’époque de la mythologie de la Cause Perdue. Le Sud, vaincu, subit l’occupation des soldats de l’Union après la fin de la guerre civile. Une narration du passé se met alors en place, influencée par l’idéologie de l’esclavage. L’idée d’une grande civilisation et d’un Vieux Sud pastoral perdu était née. Elle est durablement entretenue par les écrits, l’historiographie et surtout par les images des années Antebellum portées à l’écran. Birth of a Nation (David W. Griffith, 1915), Autant en emporte le vent (Victor Flemming, 1939) et Song of the South (Wilfred Jackson, 1946) sont les images d’une idéologie qui fait de la plantation un lieu idyllique et pastoral où les maîtres et les esclaves s’épanouissent en bonne harmonie. Le mode de vie sudiste repose alors sur la culture de terres abondantes et un ordre racial dominé par les blancs et parfaitement accepté par les noirs.

La fin du XXe siècle et le début du XXIe, faisant notamment écho aux conquêtes sociales et juridiques des noirs et à leur accès aux droits civiques, ont permis aux réalisateurs de films grand public de porter à l’écran une vision plus juste de la plantation. Cette dernière est un lieu de contrastes, un écrin luxuriant de crimes et de souffrances. Le cinéma réaliste nourrit alors l’imaginaire collectif avec des images plus proches de la réalité vécue par les esclaves, des crimes commis dans les plantations mais aussi des enjeux économiques de l’esclavage, qui n’est plus l’apanage d’un mode de vie idéalisé mais d’un système qui permet de faire la plupart des ressources de la terre. Beloved (Jonathan Demme, 1998), Django Unchained (Quentin Tarantino, 2012), 12 Years a Slave (Steve McQueen, 2013) et The Birth of a Nation (Nate Parker, 2016) mettent en lumière la mémoire douloureuse des esclaves et une vision plus crédible. de la vie dans les plantations.

Enfin, l’entrée dans le XXIe siècle et particulièrement les années 2010-2020 marquent un tournant dans la représentation de la plantation par le cinéma grand public. Les films qui s’éloignent délibérément du réalisme démontrent avec force la nature persistante de l’idéologie raciste et esclavagiste. Grâce à des éléments anachroniques, horrifiques et surnaturels, les réalisateurs s’emparent de la subjectivité mémorielle des Noirs pour faire de la plantation le lieu d’un traumatisme collectif, qui hante encore l’ensemble de la société américaine près d’un siècle et demi plus tard. l’abolition de l’esclavage. La plantation devient le décor fictif des effets contemporains du mythe de la Cause Perdue. Avec Bad Hair (Justin Simien, 2020) et Antebellum (Gerard Bush & Christopher Rentz, 2020), le genre horreur permet d’introduire une vision critique de l’histoire et des enjeux actuels du racisme aux États-Unis. -.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Le ministre Kasbarian promet une solution pour aider les jeunes à accéder à la propriété
NEXT Politiques franciliennes du jeudi 16 mai