Tanguy Le Turquais, navigateur pour les sans-abri

Tanguy Le Turquais, navigateur pour les sans-abri
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Sur les pontons de Lorient La Base, les marins effectuent les derniers réglages avant le départ, dimanche 28 avril, de la transatlantique La Transat CIC, héritière de la mythique Transat anglaise en solitaire. Parmi les 33 bateaux Imoca aux couleurs des banques, des assurances ou des marques de vêtements, le rose vif du voilier de Tanguy Le Turquais se détache dans le paysage de la flottille. Sur la coque et la grand-voile figure le nom de Lazare, une association qui propose des logements partagés entre jeunes actifs et sans-abri.

Le marin breton de 34 ans l’a choisie comme partenaire principale de Vendée Globe 2024, la course autour du monde en solitaire qui s’élancera en novembre prochain pour de nombreux mois. « J’ai toujours été sensible aux gens qui vivent dans la rueil dit. Quand j’étais enfant, avec mes petites sœurs, nous accompagnions ma mère qui vendait des bijoux sur le marché de Vannes. Avant d’installer son stand, elle discutait avec ceux qui y avaient dormi et leur offrait souvent un petit-déjeuner. Il m’est arrivé de faire mes devoirs avec un sans-abri. »

Tanguy Le Turquais ne les a jamais oubliés « les gens de la rue ». Son épouse, la célèbre navigatrice Clarisse Crémer, était la marraine de Lazare pour son Vendée Globe 2020. « Le Vendée Globe, c’est mon rêve d’enfant, mon rêve égoïsteil admet. Mais pendant trois mois, malgré vous, vous générez un peu de notoriété. De nombreux Français regarderont nos bateaux et s’intéresseront à notre histoire. J’ai à cœur de raconter une histoire qui véhicule des valeurs. »

Moteurs de clubs de réparation

Tanguy Le Turquais a passé son enfance sur un bateau de dix mètres amarré dans le port de Vannes. Son père, moniteur de sport, emmène sa famille dans le Golfe du Morbihan, et parfois jusqu’en Angleterre ou au Portugal. Dans cet espace exigu, où il partageait une bannette (couchette sur un bateau) avec ses sœurs, le jeune garçon s’imaginait en skipper.

Mais, faute de moyens, il ne peut pratiquer la voile en club. C’est grâce à la mécanique, apprise au lycée maritime d’Étel, qu’il a pu troquer la réparation des moteurs contre l’accès aux planches à voile et aux dériveurs. La mécanique lui permet également de se lancer comme marin professionnel sur de grands voiliers.

Sixième de la Mini Transat 2013, il commence à se faire un nom dans l’industrie. Puis les succès se succèdent : champion de sur Mini 6.0 en 2014, troisième de la Mini Transat 6.50 en 2015, deuxième de la Transat en double en 2021 (avec Corentin Douguet)…

En 2021, il rejoindra le circuit Imoca pour la Transat Jacques-Vabre. Il achète ensuite son propre monocoque de 60 pieds en 2022, Lazare, en vue du Vendée Globe 2024. Depuis, il a terminé 13ème de la Route du Rhum 2022, a réussi à boucler la Transat Jacques-Vabre 2023 malgré de graves avaries, et est revenu avec brio la flotte de la course Retour à La Base Lorient.

“Nous sommes catholiques, nous acceptons tout le monde”

« Le clicil a dit, Je l’avais sur mon canapé en regardant le Vendée Globe de Clarisse 2020-2021 (terminer 12ème en 87 jours, 2 heures et 24 minutes, meilleure performance féminine de l’histoire de cette course, NDLR.). J’ai compris que cette course n’allait pas venir me le donner, il faudrait que j’aille le chercher. »

Après avoir racheté l’ancien bateau de Damien Seguin, restait à trouver 1,2 million d’euros de budget de fonctionnement pour une équipe d’une dizaine de personnes. Son idée, originale dans le monde de la course au large, était de réserver 50 % de la surface de son bateau à Lazare et 50 % à d’autres partenaires qui s’engagent à payer l’espace dédié à l’association.

Comment intègre-t-il la dimension chrétienne de Lazare ? « Je leur ai dit que je n’étais pas baptisé et que je n’allais pas à l’église. Je ne me considère pas athée parce que je crois en certaines choses. Ils m’ont répondu par cette phrase qui m’a interpellé et qui m’a fait beaucoup de bien : « Parce que nous sommes catholiques, nous acceptons tout le monde ». »

Avec son bateau rose vif, Tanguy Le Turquais espère changer le regard que l’on porte sur ceux qui vivent dans la rue. « Nous sommes capables de déplacer des montagnes pour aider les victimes d’une catastrophe naturelle à l’autre bout de la planète, mais parfois nous ne pouvons même pas nous soucier des personnes qui vivent dans la pauvreté à nos côtés. . »

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Prendre des colocataires sur votre bateau

« Régulièrement, je reçois des colocataires de l’Association Lazare pour les laisser naviguer à bord de mon bateau. J’en ai navigué une centaine. Ils viennent de , Marseille, Paris et dorment chez des bénévoles à Lorient. Le temps d’une journée, ils se retrouvent sur une voiture de course de Formule 1. Je pense à Baptiste, né en 1940, qui hissait la grand-voile colonne, à Diane, originaire du Burundi, qui n’avait jamais vu la mer, à Christian, 61 ans, schizophrène… Beaucoup de gens qui ont eu des difficultés. Ils ont la volonté de s’en sortir, c’est pour ça qu’ils sont avec Lazare. Être sur le bateau, avec les autres partenaires, c’est super excitant. »

 
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