L’engagement de deux résistants de Haute-Loire reconnu 80 ans après la Libération

L’engagement de deux résistants de Haute-Loire reconnu 80 ans après la Libération
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Raymond Terrasse et Pascal Valliorgues, deux anciens résistants locaux, viennent d’obtenir le titre de résistant volontaire. Revenons à leur histoire.

En cette première année du 80e anniversaire de la Libération, sous la houlette du service départemental de l’Office national des combattants et victimes de guerre de Haute-Loire (ONaCVG), deux anciens résistants locaux viennent d’obtenir le titre de résistant volontaire. (ou CVR) par décision du 3 avril 2024, faisant ainsi d’eux respectivement les 909e et 910e personnes à obtenir ce statut prestigieux en Haute-Loire.

Un modeste hommage rendu à un homme qui avait, par ailleurs, déjà obtenu la Croix de la Légion d’honneur

Un statut qui, rappelons-le, ne peut être attribué qu’aux personnes qui, dans une zone occupée par l’ennemi pendant la Seconde Guerre mondiale, peuvent justifier : soit d’un service agréé dans l’une des organisations reconnues de la Résistance (FFI ; RIF ou FFC) ; ou des actes qualifiés de résistance, pendant au moins trois mois avant le 6 juin 1944 (date du débarquement des forces alliées en Normandie).

Le premier s’appelait Raymond Terrasse et était né le 29 août 1908 à Vissac. Employé au service du cadastre de l’arrondissement de Brioude, c’est en octobre 1942 qu’il entre en contact avec Alfred Salvatelli alias « Charles » (chef départemental du mouvement Combat) et devient chef du maquis de l’arrondissement de Brioude sous le pseudonyme « Terrier”. Poursuivant son activité clandestine, il rejoint ensuite le Mouvement de Résistance Unie (MUR) à partir de mai 1943 sous l’autorité des dirigeants successifs du secteur Brioude (dit « Bleuet ») : Joseph Lhomenède (jusqu’à l’arrestation de ce dernier le 10 février 1943). 1944), puis Jean Pradier à partir de cette date. Collègue de Georges Archer alias « Capitaine Antoine » au service du cadastre et camarade de la Résistance, il n’est donc pas étonnant qu’en prévision des combats du Mont-Mouchet et de la constitution du bataillon Lafayette, Archer choisisse Raymond Terrasse. comme chef de la 32ème compagnie compte tenu de son âge et de son expérience dans les rangs de l’armée de l’ombre. Cependant, Archer expliquera par la suite dans ses Mémoires que si Terrier n’était pas présent lors de la bataille dite des « Saugues » les 10 et 11 juin 1944 (1), c’est qu’il était allé procéder à des sabotages dans le tunnel de Fix pour interdire la circulation des trains entre Le Puy et Saint-Georges-d’Aurac, et qu’un malheureux accident de voiture vers Boisseuges l’immobilisa, l’empêchant ainsi de rejoindre ses hommes à la redoute de Venteuges avant la retraite désordonnée qui suivit. C’est au lendemain de l’attaque de Brioude par les FTP depuis le camp de Wodli le 21 juin 1944 que Georges Archer, informé par les services de renseignement de la Résistance, décide de demander à Raymond Terrasse de faire sauter le grand mur qui soutenait alors l’État national. route 102 afin que les renforts allemands ne puissent pas atteindre la sous-préfecture le lendemain.Raymond Terrasse en uniforme du 6e bataillon d’ouvriers artilleurs à la fin des années 1920 (archives privées Marie-Christine Merle)

Parti de nuit de Paulhaguet à vélo en direction de Chavaniac où il mangeait systématiquement avec son frère Baptiste (le futur maire de Chavaniac à la Libération), Terrasse s’est également adjoint les services du jeune résistant André Meynadier pour accomplir cette périlleuse mission. . Malheureusement pour eux, alors qu’ils accomplissaient cette tâche des plus importantes, le matin du 22 juin, une voiture d’officiers allemands les surprit. Arrêtés sur le fait, les deux complices ont ensuite été conduits à la sinistre prison militaire allemande de Clermont-Ferrand, avant d’être déportés dans un convoi ferroviaire qui a quitté Compiègne le 28 juillet pour le camp de concentration allemand de Neuengamme (2). Cependant, si André Meynadier décède au kommando de Kaltenkirchen le 10 avril 1945, Raymond Terrasse (qui n’est alors connu que sous sa fausse identité de « René Portal ») est porté disparu à la suite des bombardements alliés, et par jugement du 7 janvier 1948, il fut reconnu que la date de son décès devait être fixée après le 9 avril 1945. Si aujourd’hui, le nom de Raymond Terrasse apparaît sur le monument aux morts de Vissac, ainsi que sur une plaque qui était apposée autrefois sur la façade de son ancien domicile dans le village de Lachaud-Curmilhac, cette reconnaissance de résistant volontaire à son bénéfice n’est donc que le modeste hommage rendu à un homme qui avait, par ailleurs, déjà obtenu la croix de la Légion d’honneur ; la croix de guerre avec étoile de bronze ; la médaille de la Résistance française avec rosace, ainsi que le statut de résistant déporté.

La Croix de Guerre à titre posthume pour ses actes de bravoure

Le second s’appelait Pascal Valliorgues et était né le 1er avril 1904 au Puy. Chef de chantier à la menuiserie Perre et domicilié 8 rue Chamarlenc au Puy pendant l’Occupation, c’est par l’intermédiaire de son beau-frère, Pierre Perre alias « Pyrhus », qu’il entre dans les rangs de la Résistance en avril 1943 sous le commandement de pseudonyme « Calou ». A ce titre, il assure notamment la réception d’un parachutage d’armes en août 1943, puis le retrait, avec ses beaux-frères résistants et charpentiers comme lui, de la statue du général Lafayette (promise d’être coulée par l’occupant) dans la nuit du 22 au 23 décembre 1943. Par la suite, il devient chef d’une trentaine et membre du groupe « Lafayette » (comme son fils Régis, alors âgé de 17 ans) qui se rassemble début juin 1944 en prévision des combats de le refuge du Mont-Mouchet. Cependant, après une dénonciation, le groupe est attaqué au lieu-dit Rossignol (commune de Saint-Jean-Lachalm) le 7 juin 1944 au petit matin par les troupes allemandes. Resté à l’arrière-garde pour couvrir la retraite de ses camarades, il est blessé lors des combats par un éclat de grenade à la tête.A droite, Pascal Valliorgues est mort de ses blessures après l’attaque de Rossignol (Document Lucien Volle, La Singulière épépée du Groupe Lafayette)

Récupéré par le curé de Saint-Jean, il a ensuite été soigné par les religieuses, puis transporté à l’hôpital Émile-Roux où il est décédé le lendemain des suites de ses blessures. Reconnu comme « Mort pour la » et ayant reçu la Croix de Guerre à titre posthume pour ses actes de bravoure, il est également agréé après la guerre comme membre de la Résistance intérieure française (RIF) ainsi que des Forces françaises de l’intérieur ( FFI). Si aujourd’hui, le nom de Pascal Valliorgues (3) figure sur les plaques commémoratives de la salle des fêtes de la mairie du Puy ainsi que sur la stèle commémorative qui fut érigée par la suite à Rossignol – à l’endroit même où se sont déroulés les combats – , la cérémonie des 80 ans qui aura lieu le 7 juin en souvenir de cet épisode tragique sera l’occasion d’honorer l’intéressé en présence d’un certain nombre de descendants des familles Valliorgues et Perre.

Matthieu Le Vergé

(1) Aussi connu sous le nom de combats dits de « La Vachelrie ».

(2) Dans ce convoi de plus de 1 650 hommes, principalement de nationalité française, aux côtés de Terrasse et Meynadier se trouvent également douze autres résistants de Haute-Loire, dont les trois frères Malzieu (Jean, Louis et Pierre) arrêtés à l’abbaye de Mercoire à fin juin pour l’aide qu’ils avaient apportée à un groupe de résistants commandé par Georges Archer à la suite des combats du Mont-Mouchet. Sur ces 14 résistants altiligériens, trois seulement reviennent vivants l’année suivante : Pierre Arsac, Régis Chanal et Louis Malzieu qui nous a quitté le 21 mars à l’âge de 99 ans.

(3) Et non « VALHORGUES » comme c’est gravé sur la plaque de la stèle Rossignol.

 
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