Une classe de Neyruz a semé une prairie fleurie

Une classe de Neyruz a semé une prairie fleurie
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Les prairies fleuries font leur retour ces dernières années, après avoir quasiment disparu. Une classe de Neyruz en a semé un.

Quatre classes de l’école primaire de Neyruz ont pu semer une prairie fleurie. © Charly Rappo

Quatre classes de l’école primaire de Neyruz ont pu semer une prairie fleurie. © Charly Rappo

Publié le 26/04/2024

Temps de lecture estimé : 6 minutes

“Que verrons-nous ici?” » demande Maryline Dafflon, conseillère municipale à Neyruz. Emmitouflés jusqu’aux oreilles, les élèves de 5H et 6H crient sauvagement : « Des fleurs ! Herbe! Les abeilles! Insectes!” En avril prochain, c’est opération prairie fleurie à Neyruz, à proximité du terrain de basket. Quatre classes sèmeront des graines qui pousseront dès que le temps se réchauffera. La population est également entrée dans le jeu le lendemain.

L’idée est venue des membres de la commission 3E (environnement, énergie et économie) du conseil municipal, qui souhaitent sensibiliser à la durabilité et à la biodiversité. « L’année dernière, deux particuliers nous ont ouvert les portes de leur jardin pour semer des prairies fleuries dans le cadre d’une autre commande 3E destinée aux Neyruziens. Cette fois, nous avons décidé d’impliquer les écoliers et nous avons choisi un espace commun pour qu’il soit visible par tous », explique Maryline Dafflon.

Patience

Le sol a été préparé dix jours plus tôt par la paysagiste et horticultrice de la ville, Lara Lauper. Elle enleva l’herbe et retourna la terre, puis la laissa reposer pour que la terre soit bien tassée. Il ne reste plus qu’à enlever les dernières racines et niveler le sol à l’aide d’immenses râteaux, bien plus hauts que les élèves, qui les manient avec plaisir.

Le paysagiste distribue les graines, achetées auprès d’une entreprise active dans la région, et montre comment les épandre : « Il faut essayer d’être léger pour éviter de faire des tas. » C’est comme un ricochet, dit un étudiant. Tout le monde se lance, luttant contre un vent assez motivé. Dernière étape : passer un gros rouleau sur la terre. Les graines sont ainsi légèrement recouvertes, protégées des oiseaux et ne s’envoleront pas. Cependant, il ne faut pas les enterrer car ils ont besoin de la lumière du soleil pour germer.

« Les étudiants peuvent mettre la main à la pâte. Peut-être reproduiront-ils ces gestes chez eux ?
Valérie Savoy

Attention, une prairie fleurie met plusieurs années à devenir vraiment belle. « Là, on a un peu triché et mélangé des graines de fleurs annuelles avec celles de fleurs vivaces », explique Lara Lauper. Car les plantes vivaces produisent effectivement moins de fleurs tout de suite, contrairement aux plantes annuelles, qu’il faut replanter chaque année puisqu’elles ne survivent généralement pas à l’hiver. Il y aura des marguerites, des bleuets, des coquelicots et même de l’achillée millefeuille, selon le paysagiste. Côté insectes, on peut voir des abeilles, des guêpes, des chenilles, des araignées, des punaises de lit, des papillons, etc.

L’une des enseignantes, Valérie Savoy, se réjouit que l’activité éveille la sensibilité des élèves à la biodiversité : « En plus, ils sont dehors et peuvent mettre la main à la pâte. Peut-être reproduiront-ils ces gestes chez eux ? se demande-t-elle. Impossible, selon certains étudiants qui utilisent le jardin de leur maison pour jouer au football ou faire du trampoline. D’autres, cependant, voient un terrain où un tel développement pourrait être réalisé.

Comme les phénix

Il faut dire qu’une telle action est d’autant plus importante qu’environ 95% de la superficie des prairies et pâturages secs ont disparu depuis 1900 dans le canton, selon Frédérique Antonin, responsable de la communication au Service des Forêts et de la Conservation. nature de l’Etat de Fribourg (SFN). La mécanisation de l’agriculture et l’approvisionnement en engrais minéraux dans la seconde moitié du XXe sièclee siècle expliquent cette évolution concernant une grande partie des prairies fleuries, c’est-à-dire des prairies composées majoritairement de graminées. Et moins de fleurs signifie moins d’insectes, et donc moins d’oiseaux insectivores, de chauves-souris, etc.

« Depuis les années 1990, différents programmes agroenvironnementaux ont permis d’inverser la tendance en agriculture. Dans les espaces publics et privés, des stratégies se développent», précise le porte-parole. Ainsi, un portefeuille de mesures en faveur de la biodiversité en milieu bâti subventionnées par le SFN sera prochainement dévoilé le Muséum d’histoire naturelle.

Frédérique Antonin revient sur la fondation Pusch pour la biodiversité. « On s’est déjà tourné vers quelques communes pour créer des mélanges régionaux de semences, afin d’avoir des prairies ensemencées le plus localement possible et de maintenir la diversité génétique des espèces végétales indigènes. Le SFN souhaite également créer une mixité régionale.» Berlenga Käufeler, chargée de projet biodiversité à Pusch, confirme que quatre communes fribourgeoises participent cette année au projet Quartiers fleuris : Gibloux, Gruyères, Marly et Neyruz. A noter que pour Neyruz, il s’agit d’une action parallèle à celle qui a été menée durant le mois d’avril auprès des classes et de la population.

Trucs et astuces pour une belle prairie fleurie

Vous avez envie de créer une prairie fleurie chez vous, mais sans succès ? Lara Lauper, paysagiste et horticultrice pour la commune de Neyruz, explique que ce phénomène est probablement dû au relief. Si de l’engrais a été ajouté auparavant, par exemple pour obtenir une belle pelouse, le sol s’est enrichi. Cependant, un sol pauvre est nécessaire à la croissance d’une prairie fleurie. Il est également possible que le sol n’ait pas été suffisamment bien préparé, par exemple parce que la végétation existante n’a pas été totalement supprimée, selon Frédéric Sanchez, chef de projet biodiversité de la fondation Pusch, engagée pour un environnement préservé.

Lara Lauper recommande de ne pas se décourager et de mélanger du sable avec de la terre pour épuiser la terre. Et d’expliquer qu’après avoir semé la prairie fleurie, comme le faisaient les élèves de Neyruz, il faut attendre que les plantes poussent et éliminer celles qui sont indésirables, comme le chardon, le rumex ou le mil. Frédérique Antonin, responsable de la communication du Service des forêts et de la nature du canton, évoque les plantes envahissantes : la vergerette annuelle, les solidages d’Amérique du Nord, la renouée asiatique et le séneçon du Cap.

Durant la première année, Frédéric Sanchez conseille de faire deux ou trois « tontes de nettoyage » dès que les plants indésirables arrivent à hauteur des genoux. Puis, à partir de la deuxième année, ceux-ci seront arrachés et la première fauche pourra avoir lieu fin juin/début juillet tandis que la seconde aura lieu pour l’automne. « Il est préférable d’utiliser une tondeuse à moto qui n’écrase pas tout ou une faux, puis de laisser les plants sur place un ou deux jours pour que les graines tombent. Ensuite, il faut tout enlever car sinon les plantes donneront de l’engrais en se décomposant », prévient Lara Lauper. Selon elle, quelques années sont nécessaires avant d’obtenir une belle prairie fleurie avec des plantes vivaces.

 
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