Gaz lacrymogènes, rage et larmes de désespoir pour les migrants sur une plage de Gravelines

Gaz lacrymogènes, rage et larmes de désespoir pour les migrants sur une plage de Gravelines
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La loi britannique autorisant le gouvernement à expulser vers le Rwanda les demandeurs d’asile entrés illégalement sur son territoire, votée dans la semaine, semble loin de leurs préoccupations. Tout comme les cinq migrants décédés mardi lors d’une tentative de traversée à Wimereux (Pas-de-Calais).

Les buggies slaloment au milieu du groupe pour le disperser. Puis la police a tiré des gaz lacrymogènes, sans succès : les réfugiés ont continué leur course vers la mer.

Un « bateau-taxi » les attend à une dizaine de mètres du rivage. Ces petites embarcations sont lancées à distance des plages où elles récupèrent les migrants, obligés de nager jusqu’à elles – ce vendredi dans des eaux glaciales. Les passeurs se jouent ainsi de la police, à qui il est interdit d’intervenir en mer.

– Glacé par le froid –

Pendant qu’ils courent, certains sont aspergés de gaz poivré par la police. Touchée, une femme d’une quarantaine d’années cache son visage dans son foulard et continue de courir à l’aveugle.

Elle se jette à l’eau, comme ses compagnes, et nage vers le canot pneumatique. Ses vêtements épais, indispensables aux longues heures de traversée, sont alors un handicap.

Glacée par le froid, elle finit par abandonner. Dans son sillage, le bateau surchargé, repoussé par les vagues vers le rivage, se retrouve coincé tout près des policiers.

A bord, certains crient, d’autres supplient la police de ne pas intervenir. Un fonctionnaire s’approche. Devant lui, un Soudanais d’une vingtaine d’années se dresse sur la corde, arrache son gilet de sauvetage de rage, avant de s’effondrer de désespoir.

Le policier, plongé dans l’eau jusqu’aux genoux, enfonce son couteau dans le pudding et recule sous les incessants « Va te faire foutre ! du jeune homme, au bord des larmes.

« Une opération de sauvetage », plaide l’agent, face à un bateau au moteur défaillant, qui selon lui n’aurait jamais atteint l’Angleterre.

Les réfugiés retournent vers la forêt. Le jeune Soudanais reste à proximité du bateau dégonflé.

Quelques minutes plus tard, d’autres migrants, plusieurs dizaines, font irruption à l’extrémité est de la plage, à côté de la centrale nucléaire. Leur propre « bateau-taxi » est encore loin de la côte.

S’ensuit une étrange course-poursuite d’une demi-heure avec la police : les migrants remontent la plage au ralenti, tentant parfois de s’approcher du rivage, mais sont rapidement repoussés.

– Chars à voile –

Lorsque leur « bateau-taxi » se rapproche, ils percent les cordons de police. Gaz lacrymogènes, spray au poivre. Rien ne les arrête.

Face à cette scène, le jeune Soudanais décide de courir vers le bateau, prêt à saisir cette seconde chance.

“Où allez-vous comme ça? Aucune chance ! », dit un homme, probablement un passeur, qui le voit approcher.

Mais dans la cacophonie, impossible de tout contrôler : le jeune homme est à bord, contrairement à d’autres, repoussé à l’eau pour alléger le bateau.

Rien ne s’oppose au départ. Une quarantaine de personnes à bord, le bateau s’éloigne au ralenti.

Plus de 6 000 migrants ont effectué la traversée clandestine sur des pirogues de fortune depuis le début de l’année, soit une augmentation de plus de 20 % sur un an.

Deux femmes, l’eau à mi-cuisses, regardent, impuissantes, leur rêve s’éloigner. De retour sur la plage, l’un d’eux ne se sent pas bien. «Faites signe si vous m’entendez», lui dit en français un policier penché sur elle. Inconsciente, elle a été récupérée dans un buggy et emmenée au poste de secours le plus proche.

Une demi-heure plus tard, des chars à voile envahissent la plage, les badauds observent le premier bateau aplati.

Le second n’est rien d’autre qu’un point orange à l’horizon, de la couleur des gilets de sauvetage de ses passagers.

 
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