CERN : nous pensons différemment ! | Tribune de Genève – .

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CERN : nous pensons différemment !

Lettres de lecteurs

Publié aujourd’hui à 6h39

Chêne-Bougeries, le 25 avril

Il y a des bouleversements dans le monde scientifique, mais pas seulement, avec le projet démesuré du CERN de construire un nouvel accélérateur de particules de 91 km. Le tout premier, qui date de 1959, et les suivants furent vantés par des physiciens et interrogés par quelques citoyens détracteurs éclairés avant l’heure. C’est vrai qu’on ne s’est pas posé les mêmes questions qu’aujourd’hui. C’était le boom des Trente Glorieuses. Il fallait tout refaire. Tout était flamboyant.

Mais aujourd’hui, six décennies plus tard, ce n’est plus la même chanson. La Terre s’est épuisée. Malgré ces considérations pour le moins exigeantes, le fleuron scientifique européen n’hésite pas à se lancer dans l’exploration des profondeurs de la Terre avec un gigantesque jouet à particules. Si la première a été réalisée à des profondeurs comprises entre 50 et 150 m, la seconde aura une amplitude différente puisqu’elle sera creusée entre 200 et 300 m dans une vaste zone du canton et au-delà puisqu’elle remontera jusqu’à Annecy, passant sous le Salève et dans les profondeurs du Lac Léman dont 5 hectares dans la région de Choulex.

Dans sa première version de 27 km, l’accélérateur de particules nécessitait l’évacuation de 420 000 m³ de terre pour un diamètre de tunnel de 3 m, dans la seconde le diamètre du tunnel passera à 5 m, ce qui nécessitera l’évacuation de près de six fois les mètres cubes de terre, soit neuf millions. L’équivalent d’un mouvement aller-retour de 900 camions de 10 t. De quoi perturber fortement l’environnement de surface, notamment dans les zones sensibles, voire protégées.

Un projet de plusieurs années coûtant près de 32 milliards d’euros pour tenter de reproduire le boson de Higgs capable de nous apprendre, dans de gigantesques collisions à la vitesse de la lumière, les origines de l’univers. Alors que la nature est en déclin, que l’extinction des espèces s’accélère, que l’eau devient de plus en plus rare et polluée, que la réduction de la couche d’ozone et le réchauffement climatique représentent de grandes menaces pour l’espèce humaine, cela signifie bien cet engagement en faveur de fractures qui peuvent tout au plus ne fait qu’aggraver le processus en cours pour satisfaire la fierté de quelques centaines de scientifiques.

Léon Meynet

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