Le juge Serge Champoux de la Cour du Québec n’a pas retenu les arguments de la défense selon lesquels l’homme de 32 ans croyait « sincèrement » que la jeune fille avait alors 16 ans, l’âge légal du consentement, et qu’il n’avait plus en position d’autorité sur elle au moment des faits.
« Il est clair pour moi aujourd’hui que l’accusé était en position d’autorité sur [la victime]», a-t-il indiqué lors de la lecture de son verdict au palais de justice de Granby.
Même si Christophe Normand ne lui avait pas enseigné en remplacement depuis quelques mois lorsqu’il a pris contact avec l’adolescente via une messagerie Internet, à l’été 2022, il est resté enseignant, a précisé le juge Champoux.
La victime le qualifiait « continuellement » d’enseignant et « n’avait aucun intérêt pour lui autrement ». Les deux ne se sont jamais rencontrés après l’année scolaire.
C’est l’accusé qui l’a d’abord sollicitée et qui a envoyé le plus de messages, d’abord anodins, puis de plus en plus personnels.
L’affirmation de M. Normand selon laquelle il ne voulait plus être professeur après cet été a également été infirmée par des communications déposées en preuve démontrant qu’il aurait par la suite tenté, sans succès, d’être accepté à un programme universitaire qui lui aurait permis d’obtenir son certificat d’enseignement.
“Pas d’action”
Sur la question de l’âge de la victime, le juge a jugé que l’accusé avait fait preuve d’un aveuglement volontaire en n’ayant pris « aucune mesure » pour le vérifier.
Il a supposé qu’elle avait 16 ans simplement parce qu’elle était en secondaire 4. Ce faisant, «il a pris un risque», a expliqué le juge Champoux. « Comment ne pas remettre en question votre âge ? »
Le juge estime que Christophe Normand a « pris un risque » en présumant que la victime avait 16 ans parce qu’elle était en secondaire 4. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)
M. Normand a soutenu au procès qu’il avait demandé à la jeune fille son âge ― toujours par message texte ― et qu’elle avait répondu qu’elle avait 16 ans. Ce que le plaignant a nié.
Cet échange aurait été supprimé du téléphone portable de l’accusé par discrétion envers sa compagne d’alors. Toutefois, plusieurs autres communications avec des maîtresses y sont restées, a souligné le juge.
Globalement, le magistrat n’a donc pas retenu la version de l’ex-footballeur, estimant que plusieurs éléments étaient « problématiques ».
Il a rappelé que l’accusation de leurre d’adolescent à des fins sexuelles existe pour protéger des enfants « généralement mal équipés pour détecter les dangers » entre autres sur Internet.
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Les parties ont convenu de se rencontrer au tribunal à la mi-juin pour clarifier les prochaines étapes. Pour la défense, Me Nicolas Cossette a indiqué que son client pourrait témoigner à nouveau à l’étape d’observation de la détermination de la peine.
Me Nicolas Cossette (à droite) accompagné de son stagiaire Zacharie Gendrault. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)
En attendant, l’accusé reste en liberté sous conditions. Il risque une peine de prison maximale de deux ans.
Christophe Normand doit aussi se défendre contre des accusations de harcèlement et d’effraction, des délits qui auraient été commis récemment et dans un contexte conjugal.
Il n’a pas répondu aux questions de La voix de l’Est alors qu’il quittait la salle d’audience, tout comme son avocat et le plaignant.
Me Arianne Duval, qui représente le procureur de la République dans ce dossier, était absente pour cause de maladie.
